Le gouvernement marocain poursuivra, jeudi, l'examen du projet de loi sur la légalisation de l'utilisation du cannabis (chanvre indien) à des fins médicales et thérapeutiques, c'est en tout cas ce qui ressort d'un communiqué du cabinet du Chef du gouvernement. Le Conseil qui se tiendra sous la présidence de Saad Dine El Otmani étudiera en outre, trois projets de décrets. Le premier concernera la modification et l'achèvement du décret relatif aux marchés publics et le second à la qualité et la sécurité sanitaire des confitures et autres produits similaires commercialisés. Tandis que le troisième aura trait à la performance énergétique minimale des appareils et équipements utilisés dans l'électricité, le gaz naturel ou les produits pétroliers liquides, ou gazéifiés, charbon ou énergies renouvelables, qui sont proposés à la vente sur le territoire national. Le Conseil procèdera ensuite à l'étude d'un accord-cadre de coopération dans les domaines de l'énergie et des minéraux entre le gouvernement du Royaume du Maroc et le gouvernement de la République du Tchad, signé à Rabat le 26 octobre 2020, avec un projet de loi qui approuve l'accord-cadre susmentionné. Le Conseil conclura ses travaux en étudiant les propositions de nomination à des postes de responsabilité conformément aux dispositions de l'article 92 de la Constitution. Voilà pour ce qui est d'un « ciel mon jeudi » de l'Exécutif. Pour nous autres nous nous en tiendrons à la première thématique à savoir le projet de loi portant sur l'usage légal du cannabis. Il y a de cela un semaine la validation de ce projet de loi avait été reporté à ce jeudi. On ne sait si le gouvernement marocain franchira le pas ou non en cette troisième tentative, mais toujours est-il que la procédure auquel cas et pour son adoption peut s'avérer longue car après ratification par le gouvernement, le projet de loi est renvoyé aux deux chambres du Parlement pour approbation, avant d'être publié au Journal officiel pour son entrée en vigueur. Bref, on a le temps de voir venir et en attendant que ce texte de loi fasse ou non son apparition, cela coïncide avec une vague de vives controverses, tant, que le Parti de la Justice et du Parlement (PJD) en a explosé, presque. Aussi à son corps défendant, le PJD fait pour cela, pression sur le gouvernement qu'il préside pourtant, afin de geler ou tout au moins esquisser un report de cette loi en appelant à une étude d'impact, ouvrant une débat public et un élargissement des conseils institutionnels à ce sujet. Vu d'un autre œil que celui des Frères, il y a de quoi faire et mine de rien, le développement de la plantation légale du cannabis permettra d'améliorer les revenus des agriculteurs, de les protéger des réseaux internationaux de trafic de drogue et d'attirer les investissements étrangers afin de tirer parti des revenus du marché international de cette plante. D'un autre côté, les filières du cannabis thérapeutique, cosmétique et industriel, et donc un usage légal du chanvre indien, tendraient à reconvertir les cultures illicites et destructrices de l'environnement en activités légales durables et génératrices de valeur et d'emploi. Selon le projet de loi, Rabat pourrait alors aspirer à attirer davantage d'investissements étrangers, d'entreprises spécialisées dans l'usage légal du Cannabis à des fins médicales et industrielles. Sur les réseaux sociaux, en tout cas au Maroc, la question de la légalisation du cannabis fait rage et a déclenché un débat passionné. La tendance pencherait vers l'appui de cette initiative appelant à légaliser la culture du « chanvre indien » au même titre que les autres cultures. Cependant, elles sont des réactions hostiles mettant en garde contre l'augmentation des zones de culture de la drogue et l'aggravation du phénomène du trafic des stupéfiants dans tout le pays. Cela se défend aussi. Mais il faut reconnaître que bien des opportunités s'offrent à nous, pour encourager la culture et la dépénalisation du cannabis non récréatif, au regard d'un marché mondial en pleine expansion( prévisions de croissance moyenne annuelle sont de l'ordre de 30% à l'échelle internationale et de 60% au niveau européen, Canada, Pays-Bas, Uruguay, Australie, Californie et Israël, des Etats bien en avance dans le domaine pour l'avoir dépénalisé et légalisé depuis longtemps). Autres opportunités de figurer parmi les premiers, les atouts dont dispose le Royaume (écosystème : sol et climat propices, proximité du marché européen en plein essor, savoir-faire ancestral des agriculteurs...). La culture licite du cannabis devraient naturellement fédérer les populations engagées dans celle illicite en s'extirpant progressivement de l'emprise du trafic et en s'intégrant au tissu économique national. L'exploitation légale limiterait les dégâts sur l'environnement (déforestation, épuisement des sols et des ressources hydriques, pollution des nappes phréatiques, etc.) et donc sur la santé publique. De plus en lui octroyant un cadre légal, on gagnerait au bien-être des populations locales, qui développeront alors des activités de culture du cannabis tout à fait légales. Dans ce souci de reconversion, le projet de loi, nous-dit-on, réserve toutes les opportunités de développement de l'activité "culture" à la paysannerie traditionnelle. Il est question de faire de ce programme un projet fédérateur bénéficiant de l'adhésion de tous, sachant que l'apport des sociétés industrielles et pharmaceutiques est souhaité en matière de développement industriel. Aussi doter le Royaume d'un système rigoureux de traçabilité et de contrôle, à l'effet de prévenir tout détournement du cannabis et ses dérivés vers le marché illégal, figure en tête des objectifs de ce texte de loi que le gouvernement devrait normalement adopter quitte à en fâcher les Frères.