Alors que l'utilisation thérapeutique du cannabis eut été à peine d'être autorisée au Mexique le pays a franchi un nouveau cap, hier mercredi 10 mars, quand la Chambre des députés mexicaine a approuvé le projet de loi de novembre 2020 permettant l'usage "libre" du cannabis ou de la marijuana. Sous de strictes conditions cependant. Et avec des interrogations sur les réactions des puissants cartels de la drogue. Après ce vote du projet de loi porté par le gouvernement, il ne reste plus aux sénateurs mexicains qu'à donner leur aval pour que le pays devienne l'un des plus gros marchés du cannabis au monde. L'aval sénatorial n'en sera qu'une simple formalité puisque le parti du président Andrés Manuel Lopez Obrador dispose de la majorité aussi bien à la Chambre basse qu'au Sénat. Avec 316 voix en faveur, 129 contres et 23 abstentions, les députés ont largement validé l'initiative qui doit donc désormais obtenir le feu vert du Sénat. Un vote doit s'y tenir avant le 30 avril et si ça passe, six mois après la loi sera en vigueur et fera du Mexique, qui compte 126 millions d'habitants, le pays le plus peuplé au monde à libéraliser le cannabis récréatif. Bref, fumette seul ou entre amis est désormais possible au Mexique puisque le pays est désormais le troisième pays des Amériques après le Canada et l'Uruguay, à dépénaliser la consommation à usage récréatif de la marijuana du kif, du chanvre indien, du cannabis Sativa ou Indica enfin, toutes les plantes herbacées de la famille Cannabacées. La loi le permettant, détaille un site électronique mexicain , "prévoit la légalisation de l'usage récréatif de la marijuana et la dépénalisation de sa détention, dans la limite de 28 grammes, pour consommation personnelle, de même qu'elle autorise la culture, dans la limite de six pieds par foyer, un nombre porté à huit si le foyer compte plus d'un consommateur de plus de 18 ans". Au-delà de ces 28 grammes, la possession sera toujours pénalisée et elle est passible d'amende -voire de prison au-dessus de 300 grammes-. La loi prévoit également la possibilité de créer des associations de consommateurs, mais qui ne pourront cultiver plus de 50 plants. Par ailleurs, les "cannabiculteurs" auront besoin d'une autorisation officielle du Conadic, le Conseil national contre les addictions, qui dépend directement du gouvernement. Mais il s'agit seulement d'une dépénalisation. Fondamentalement, la consommation de cannabis devrait rester un délit et de lourdes peines sont prévues en cas de détention au-delà des 28 grammes permis. Ce projet de loi doit « contribuer à obtenir la paix ». Voilà en quelques mots la raison pour laquelle le président mexicain veut légaliser l'usage du cannabis, selon Ruben Cayetano, député de Morena, le parti au pouvoir, et qui a voté en faveur de ce projet de loi ce mercredi 10 mars. Le Mexique est l'un des plus importants producteurs mondiaux de marijuana. Le secteur est actuellement tenu par les puissants cartels entretenant la violence qui gangrène le pays. D'aucuns pensent que ce marché que contrôle les narcotrafiquants, s'il est rendu légale, contribuerait à réduira quelque peu la criminalité qui existe au Mexique. D'autres combattent l'idée, « En théorie, cela créera le plus grand marché légal de marijuana dans le monde en raison de la capacité de production du Mexique », a affirmé Lisa Sanchez, la directrice de l'ONG Mexico unie contre le Crime qui craint que la législation n'encourage « la consommation et l'addiction » à cette drogue. Les militants partisans de la légalisation s'insurgent quant à eux contre le fait que la consommation de cannabis demeure un délit car il s'agit seulement « de changer l'interdiction existant dans la loi générale sur la santé, en une nouvelle loi. C'est donc une interdiction plus légère, avec un autre nom » avance-t-on. Au Maroc, le Conseil de gouvernement, réuni jeudi par visioconférence sous la présidence du Chef du Gouvernement, Saad Dine El Otmani, a adopté le projet de loi n°13.21 portant usages licites du cannabis. Le Conseil de gouvernement avait entamé l'examen de ce projet de loi le 25 février dernier. Le chemin reste encore long, cependant, puisque le projet doit encore être soumis au deux Chambres avant son adoption. Mais là, n'est pas la question et il ne s'agit pas de cannabis récréatif (illégal) mais du cannabis thérapeutique (tout à fait licite).