Une nouvelle affaire de pédophilie et d'inceste sur une jeune fille de 13 ans à Fès, secoue l'opinion publique depuis plusieurs jours après que la petite Imane ait révélé dans une vidéo devenue virale, des viols « à répétition » commis selon elle, par son oncle. Alors que la petite Imane a reçu un énorme soutien de la part des Marocains, l'affaire de son viol, maintenant aux mains de la justice, n'est pas tout à fait claire et plusieurs voix se sont élevées pour dénoncer manipulation, mensonges, et chantage. Première partie d'une histoire rocambolesque. L'affaire remonte déjà à plus d'un an, mais alors qu'elle vient d'être révélée au public après la vidéo qu'Imane a enregistrée elle-même, le dossier semble plus complexe qu'il n'y parait. Dans sa vidéo, la petite Imane accuse trois personnes: Son oncle paternel qui l'aurait violée à de multiples reprises avec la bénédiction de sa grand-mère paternelle qui lui aurait ordonné de se taire, et l'aurait agressée physiquement. Elle accuse également la grand-mère d'avoir fait boire à sa mère (d'Imane) un mélange d'herbes censé la faire avorter. Cette boisson toxique lui aurait causé des problèmes psychiatriques et une perte de mémoire, dit-elle. La grand-mère aurait en outre séquestré la mère d'Imane dans une cave, et l'aurait brutalisée. « Ils m'ont privé de ma mère », a-t-elle accusé en pleurs. Dernière personne qu'elle accuse, un jeune homme, un voisin qui l'aurait agressée sexuellement dans le sous-sol d'un immeuble. Depuis, cette affaire a été classée puisque le jeune homme, un mineur selon l'AMDH, aurait été condamné à 1 an de prison ferme, et sa mère aurait également été condamnée à de la prison pour avoir tenté de soudoyer un témoin. Mais dans sa vidéo, Imane dénonce que la justice n'ait pas condamné son oncle et sa grand-mère, eux qui aurait multiplié leurs agressions. Dans son message ce sont ces deux personnes qu'elle vise en particulier. Le père d'Imane lui, n'est pas mentionné et son rôle dans cette histoire n'est pas clair. Une histoire pleine d'incohérences Si l'histoire racontée par la fillette semble tenir la route et les accusés clairement établis, l'affaire devient de plus en plus complexe au fur et à mesure que de nouvelles informations sont révélées et des questions commencent à s'imposer, si bien que le tribunal de Fès a rouvert le dossier et va reconsidérer tous les faits depuis le tout début. Alors que la fillette de 13 ans disait vivre avec sa grand-mère paternelle et qu'elle subissait des viols lorsque cette dernière sortait, c'est le rôle « inexistant » du père dans l'histoire qui a été pointé du doigt. Le père n'est apparu dans l'histoire que tout récemment et son absence de réaction concernant les accusations visant son frère et sa mère restent suspectes, d'autant plus que sa femme (la mère d'Imane) a été retenue en captivité dans une cave, a été frappée et cognée sur la tête, selon Imane. Aujourd'hui, il témoigne aux côtés de sa fille qui a affirmé qu'elle n'a su que son père la soutenait que dernièrement lorsqu'il s'est présenté au tribunal avec elle, selon les propos de la fillette dans une vidéo publiée par des médias locaux. Alors que nous avions retrouvé le numéro de téléphone d'Imane sur Internet -un numéro qui a été vérifié- sur l'application de messagerie Whats'App, sa photo de profil la montre inconsciente et portant une minerve, un choix très curieux. Un nouvel acteur dans cette histoire est également entré en scène. Il s'agit de la nouvelle belle-mère d'Imane dont l'influence sur l'enfant est aujourd'hui au centre de l'affaire. Selon les propres déclarations de cette femme qui se présente comme une militante associative, elle n'aurait pas réussi à aider Imane lorsque son cas s'est présenté à elle. Pourtant, elle s'est mariée plus tard avec le père d'Imane avec qui elle vit aujourd'hui (en présence d'Imane), et ce n'est qu'après leur mariage que le père de la fillette a commencé à défendre sa fille en justice. Depuis que l'affaire a été révélée au public, les associations de défense des droits de l'Homme et de la protection de l'enfance se sont bousculées pour défendre le cas d'Imane, en se constituant partie civile et en mettant à disposition leurs avocats pour suivre l'affaire. Si tous s'accordent sur le fait que la petite fille a effectivement été violée, des doutes subsistent sur les vrais auteurs de ces crimes d'autant plus que de nouveaux témoignages accablant la belle-mère ont été révélés et que les motivations de la défense des plaignants restent floues. Deux semaines après que l'affaire ait éclaté, le procès a été reporté deux fois. Le premier report intervient après que la défense des plaignants ait présenté un certificat médical établissant qu'Imane était souffrante et qu'elle ne pouvait donc pas assister à l'audience. Pourtant la veille, la fillette avait déclaré dans une vidéo tournée par des médias locaux, qu'elle et sa famille ont décidé qu'ils ne se présenteraient pas à l'audience non pas par souci de santé mais parce qu'ils attendaient qu'un nouvel avocat se joigne à leur équipe de défense. Et au moment où le procès a été reporté au 9 mars, cette fois-ci, le report a été décidé après que la défense des accusés ait demandé à entendre de nouveaux témoins dans l'affaire. La date de la prochaine audience est fixée au 6 avril.