Les marchés publics du ministère de la Santé vont être scrutés un à un au Parlement après de nombreuses critiques sur la gestion de la crise du coronavirus au sein du département de Khalid Ait Taleb. Au centre des critiques, Bouchra Meddah, la directrice des médicaments et de la pharmacie. Depuis le début de la crise sanitaire, le ministère de la Santé a été suivi de très près dans sa gestion. La pandémie a révélé de nouvelles tensions au sein du département de Khalid Ait Taleb, avec des personnes qui ont été écartées, d'autres promues en l'espace de quelques mois. Une enquête sur 4 milliards de dirhams Mais ce qui a le plus retenu l'attention ce sont des affaires liées aux marchés des médicaments, surtout qu'il faut le rappeler, le Maroc a défendu l'utilisation de la chloroquine et l'hydrochloroquine en réquisitionnant tous les stocks de Nivaquine et Plaquenil produits par Sanofi au Maroc. Outre ces médicaments, le ministère à travers la Direction du Médicament et de la Pharmacie (DMP), s'est vu gérer entre autres les approvisionnements en masques chirurgicaux et masques FFP2, mais aussi en respirateurs électriques et autres matériels médicaux. Sous le feu des critiques, le ministère de la Santé va devoir s'expliquer devant une Commission parlementaire sur les appels d'offres et les marchés conclus durant la crise du covid-19 étant donné que ces marchés chiffrés par des milliards de dirhams (estimé à 4 milliards de dirhams) ont été ponctionnés du Fonds Mohammed VI pour l'investissement. D'après les accusations, la DMP serait épinglée dans plusieurs affaires de « fraude », de « corruption » et de « passation illégales de marchés » et des sources proches du dossier ayant requis l'anonymat, ont indiqué que des responsables au sein de la DMP ont bloqué le travail d'investigation de la Commission parlementaire qui enquête depuis octobre 2020, en refusant de lui fournir les documents relatifs au marchés conclus. Vers une mission exploratoire temporaire du PAM Mardi, la Chambre des représentants a annoncé que les membres de la Commission présidée par Ibtissam Merras (USFP), ont tenu une réunion avec Khalid Ait Taleb au siège du ministère. Mais le PAM qui a initié ce travail d'enquête en exigeant que la lumière soit faite sur ces marchés publics, ne compte pas en rester là. Selon Rachid El Abdi, le président du groupe parlementaire du parti à la Chambre des représentants, les élus du PAM sont «déterminés à jouer pleinement le rôle de supervision dans cette affaire», surtout que leurs demandes pour interroger les ministres de tutelle sont restées lettre morte. Et de rappeler l'importance de ce dossier qui concerne « un budget énorme » représentant les « dons des citoyennes et des citoyens et l'argent des contribuables ». De ce fait, le PAM devrait mener une mission exploratoire temporaire avec des membres spécialisés et expérimentés. Bouchra Meddah accusée par l'UMT Alors que la DMP est visée, c'est la personne de Bouchra Meddah qui est au centre de l'attention. La directrice de la DMP qui a été nommée à ce poste en août dernier en Conseil de gouvernement, est aujourd'hui accusée «harcèlement moral», «abus de pouvoir» et de mauvaise gestion des cadres de son département par l'UMT, et sa récente promotion est également jugée suspecte. Par ailleurs, la récente mise à l'écart de deux cadres de la DMP a ravivé les tensions autour de cette femme, surtout que l'un des deux fonctionnaires, Mohamed Wadie Zerhouni, était le chef de la division de la pharmacie et a été limogé en février sans justificatif. L'autre responsable mise au placard est Meryem Baghdadi, la cheffe du service des visas. Leur mise à l'écart a donné lieu à un sit-in devant devant le siège de la direction et une réunion avec le DRH du département de la santé s'en est suivie, mais sans résultat. Selon les syndicalistes de l'UMT, les deux responsables ont été écartés non pas pour faute grave, mais pour avoir refusé de signer à postériori l'autorisation de mise sur le marché des produits Conmedic, un fabricant de masques chirurgicaux et de masques FFP2, alors que ni le dossier de ce dernier, n'avait été déposé, ni ses droits d'enregistrement réglés à temps. Mohamed Wadie Zerhouni était celui qui s'occupait de la coordination du processus de l'évaluation administrative des dossiers d'enregistrement des médicaments et des produits de santé, de la coordination du processus de fixation des prix des médicaments et de la coordination du processus de contrôle des produits sous contrôle international, un rôle essentiel au sein de la DMP. Ainsi, dans un communiqué, l'UMT accuse la directrice de la DMP « d'obstruer la signature des autorisations de certaines sociétés malgré leur réception dans les délais légaux et raisonnables, prétendant que les retards sont causés par le relâchement des fonctionnaires tout en poussant les responsables de ces sociétés à rédiger des plaintes mensongères contre certains cadres ». L'organisation syndicale relève en conséquence des «dysfonctionnements dangereux dont l'obstruction ou la suspension du système informatique stockant les données relatives aux dispositions médicaux aux produits cosmétiques et d'hygiène corporelle du service des visas, de l'homologation de ces sociétés à rédiger des plaintes mensongères contre certains cadres et ce depuis le 5 février 2021 ».