Après sept ans et demi à la tête du gouvernement espagnol, le pouvoir de Pedro Sánchez s'est considérablement fragilisé. Une fin de règne qui devrait susciter une attention particulière de la part de l'Etat marocain et de la communauté marocaine établie en Espagne (MRE), la fragilisation des socialistes profitant directement à l'extrême droite. DR ‹ › En Espagne, la sévère défaite du PSOE lors des élections régionales anticipées en Estrémadure, le 21 décembre, pourrait bien constituer un tournant crucial. Le parti de Pedro Sanchez a enregistré une perte de près de 15 % des voix par rapport aux élections de mai 2023, un revers majeur qui alimente les spéculations sur un éventuel départ du chef du gouvernement de la Moncloa. Ses alliés de gauche, Sumar et Podemos, qui soutiennent ses gouvernements successifs depuis le 1er juin 2018, sont parmi les premiers à exiger que Sanchez «reconnaisse la réalité» et «propose des solutions politiques» à la profonde crise que traverse le PSOE. Cette situation est exacerbée par l'emprisonnement de deux proches collaborateurs de Sanchez, les députés Santos Cerdán et José Abalos, accusés de corruption. Un autre partenaire de la majorité, les nationalistes catalans de Junts, héritiers de Convergence et Union, ont saisi cette défaite pour affaiblir davantage l'exécutif. Selon eux, le revers du PSOE en Estrémadure démontre la «faiblesse absolue» du gouvernement. Les relations entre Junts et les socialistes sont désormais au bord de la rupture. Les sept députés de Junts pourraient choisir de soutenir une motion de censure ou de s'abstenir lors d'un vote crucial, ce qui, dans les deux cas, ferait perdre à l'exécutif sa majorité à la Chambre des représentants. Vox, grand gagnant du scrutin du 21 décembre Cette défaite régionale intensifie également la pression exercée par le Parti populaire (PP) pour organiser des élections générales anticipées. Une demande que son leader, Alberto Núñez Feijóo, réitère inlassablement chaque mercredi lors des séances plénières du Parlement. «L'Estrémadure pourrait marquer le début de la fin du déclin politique que connaît l'Espagne», a-t-il déclaré au lendemain de la victoire de sa candidate, même si elle n'a pas obtenu la majorité. Mais le véritable gagnant du scrutin du 21 décembre est sans conteste Vox. Avec 17 % des voix et 11 sièges au Parlement régional, le parti d'extrême droite détient désormais les clés de la gouvernance de la région. Le PP se voit contraint de composer avec les exigences du parti dirigé par Santiago Abascal, un scénario qui pourrait se répéter à l'échelle nationale si des élections générales anticipées devaient avoir lieu. La montée en puissance de Vox, surtout si elle se confirme lors des prochaines élections régionales prévues en 2026 en Aragon (8 février), en Castille-et-León (15 mars) et en Andalousie (juin), pourrait avoir des répercussions directes sur le Maroc. Plusieurs dossiers sensibles seraient concernés : le Sahara, la gestion de l'immigration, les exportations agricoles, ainsi que les revendications territoriales sur Ceuta, Melilla et les îlots en Méditerranée occidentale. À cela s'ajoutent les questions liées aux frontières maritimes avec l'archipel des Canaries et l'évolution des relations entre Rabat et le Parlement européen. La communauté marocaine établie en Espagne pourrait elle aussi être affectée par une éventuelle ascension de Vox, tant au niveau régional que national. Les violences racistes survenues en juillet dernier dans la région de Murcie en sont une illustration préoccupante, révélant les risques concrets d'une normalisation du discours et des pratiques de l'extrême droite dans l'espace politique espagnol.