BMCI avance en 2025 sur une ligne de crête. L'analyse d'Attijari Global Research met en lumière une banque engagée dans une stratégie de consolidation prudente, fondée sur la qualité de la performance, la maîtrise du risque et la recherche d'une rentabilité durable. Après plusieurs exercices marqués par des ajustements structurels et une normalisation progressive de ses fondamentaux, la BMCI poursuit en 2025 une trajectoire de redressement qui repose avant tout sur la rigueur opérationnelle, la maîtrise des risques et un recentrage progressif sur les moteurs récurrents de rentabilité. L'analyse publiée par Attijari Global Research (AGR) à l'occasion des résultats à fin septembre 2025 met en lumière une banque engagée dans une stratégie de consolidation prudente, davantage orientée vers la qualité de la performance que vers une croissance extensive. BMCI privilégie une approche sélective de son développement. Cette orientation se traduit clairement dans la structure de son produit net bancaire. À fin septembre 2025, le PNB s'établit à 2,95 milliards de dirhams, en progression de 2,9% sur un an, une évolution jugée globalement conforme au scénario central d'AGR pour l'exercice 2025. La marge d'intérêt au cœur du modèle économique Le principal moteur de cette dynamique demeure la marge d'intérêt, qui progresse de 5,6% sur les neuf premiers mois de l'année. Selon AGR, cette évolution est largement portée par un effet taux favorable, matérialisé par une amélioration sensible de la marge d'intermédiation, estimée à +56 points de base. Cette performance s'inscrit dans une stratégie assumée de valorisation du bilan, dans un contexte où la banque accepte une contraction temporaire de certains volumes de crédits, notamment les crédits de trésorerie, en raison d'un effet de base élevé en 2024. À l'inverse, les crédits à l'équipement affichent une progression notable de 12%, traduisant un positionnement plus ciblé sur des financements à vocation productive. Ce choix illustre une approche prudente du risque et une allocation plus sélective du capital, en cohérence avec la volonté de renforcer la résilience du bilan. Une discipline stricte sur les charges et le risque La stratégie de BMCI repose également sur une gestion rigoureuse des charges. Le coefficient d'exploitation s'améliore à 58,8%, en baisse de 0,5 point sur un an. AGR anticipe la poursuite de cette tendance avec un COEX attendu à 57,6% sur l'ensemble de l'exercice 2025, confirmant une normalisation progressive après le pic observé en 2022. Cette trajectoire traduit des efforts continus en matière d'efficacité opérationnelle et de maîtrise des frais de gestion. Sur le plan du risque, la banque maintient une politique de provisionnement prudente. Le coût du risque atteint 603 millions de dirhams à fin septembre 2025, en hausse de 11,1%, alors même que l'encours de crédits recule. Pour AGR, cette évolution reflète une volonté claire d'anticipation et de couverture des risques, dans un contexte macroéconomique encore incertain, plutôt qu'un signal de dégradation brutale de la qualité des actifs. Une rentabilité en amélioration progressive Cette discipline globale se reflète dans l'évolution du résultat net part du groupe, qui progresse de 4% à 326 millions de dirhams sur les neuf premiers mois de l'année. Le taux de réalisation par rapport à la prévision annuelle d'AGR atteint 80%, un niveau jugé confortable par les analystes. AGR souligne également un impact fiscal plus favorable qu'anticipé, contribuant à soutenir la rentabilité nette. À moyen terme, les projections d'AGR tablent sur une amélioration graduelle des indicateurs de rentabilité. Le ROE moyen est attendu à 5,5% en 2025, puis à 6,3% en 2026 et 7,0% en 2027, traduisant une montée en puissance progressive mais maîtrisée du modèle économique de la banque, sans rupture stratégique majeure. Dans son analyse, AGR insiste sur le caractère volontairement mesuré de la stratégie de la BMCI. La banque privilégie la consolidation de ses fondamentaux, l'amélioration de ses ratios opérationnels et la sécurisation de sa trajectoire bénéficiaire, plutôt qu'une accélération rapide des volumes susceptible de peser sur le profil de risque. Cette approche s'inscrit dans une logique de création de valeur progressive, fondée sur la récurrence des résultats et la solidité du bilan. Un possible rapprochement avec Holmarcom En parallèle de ses évolutions opérationnelles et financières, BMCI se trouve au centre de discussions stratégiques importantes concernant son avenir actionnarial. Le groupe français BNP Paribas, actionnaire majoritaire de BMCI avec une participation de 67%, a officiellement confirmé être entré en discussions exclusives avec le groupe marocain Holmarcom en vue d'une éventuelle cession de cette participation majeure dans la banque marocaine. Holmarcom, déjà actionnaire minoritaire de longue date, a également publié un communiqué confirmant ces pourparlers, précisant qu'ils restent à un stade préliminaire et qu'aucune transaction définitive n'a encore été conclue. Un changement de contrôle dans la structure de BMCI pourrait s'inscrire dans une dynamique plus large de consolidation du secteur bancaire, alors que Holmarcom a récemment renforcé sa présence dans le secteur en acquérant une participation majoritaire dans une autre banque nationale. Toutefois, le déroulement de ces discussions, leur issue éventuelle et les choix stratégiques qui en découleraient pour BMCI restent à confirmer au fil des prochains mois, laissant ouverte la question de l'orientation future de la banque face à ses défis commerciaux et concurrentiels. Un titre recommandé à l'achat Attijari Global Research a révisé sa recommandation sur le titre BMCI de «Acheter» à «Conserver». Cette décision s'explique par un potentiel d'appréciation jugé désormais limité à environ (+9 %) par rapport au cours cible de 700 dirhams, sur la base d'un cours observé de 640 dirhams à la date du 18 décembre 2025. AGR maintient toutefois ses prévisions financières pour 2025, estimant que les performances opérationnelles de la banque restent globalement alignées sur son scénario central, dans une logique de valorisation désormais plus équilibrée. Sanae Raqui / Les Inspirations ECO