La population arabe, y compris les Marocains, ressent fortement l'impact psychologique de la guerre à Gaza, avec 97% des sondés exprimant cette pression, selon un sondage récent du Centre arabe de recherche et d'études politiques. Le Centre arabe de recherche et d'études politiques a dévoilé, ce mercredi, les principales conclusions d'une enquête d'opinion publique arabe et palestinienne sur la guerre à Gaza. Cette enquête, menée auprès de 8.000 répondants dans 16 sociétés arabes, dont le Maroc, la Mauritanie, l'Algérie, la Tunisie, la Lybie, l'Egypte, l'Arabie Saoudite et le Liban, entre autres. Au Maroc, 56% des participants se tiennent informés de manière régulière sur les développements du conflit, 22% suivent ces actualités plusieurs fois par semaine, 11% les consultent une fois par semaine, 6% de manière occasionnelle, et 5% ne les suivent pas. Par ailleurs, d'après le sondage, 90% des Marocains ont indiqué éprouver une pression psychologique en raison du conflit. Les résultats détaillent également que 33% des participants marocains estiment que l'offensive menée par le mouvement du Hamas est une réponse à l'occupation israélienne des territoires palestiniens, 17% la considèrent comme une défense de la mosquée Al-Aqsa contre les attaques, et 7% pensent qu'elle découle du maintien du siège de la bande de Gaza. Concernant la légitimité de cette offensive, 75% des répondants marocains considèrent l'opération comme une résistance légitime, 9% comme une résistance légitime entachée de certaines erreurs, 2% comme une résistance légitime entachée de certaines actions condamnables (inacceptables) et 4% estiment qu'elle était illégitime. Au niveau de l'opinion publique arabe en général, les résultats soulignent la perception de la population arabe quant à l'intrusion directe de la guerre dans ses préoccupations, avec une forte pression psychologique signalée par 97% des répondants. Environ 80% des personnes interrogées suivent régulièrement les actualités de la guerre, principalement via la télévision (54%) et Internet (43%). L'opinion publique arabe exprime un certain scepticisme quant à l'idée que l'offensive du Hamas en octobre 2023 répondait à un agenda extérieur. 35% estiment que la principale raison est la poursuite de l'occupation israélienne, 24% la voient comme une défense d'Al-Aqsa, et 8% la lient au maintien du siège de Gaza. Sur la légitimité de l'offensive, 67% de l'opinion publique arabe la considère comme une « opération de résistance légitime », 19% comme une « résistance légitime entachée d'erreurs », et 5% la jugent « illégitime ». Un consensus arabe fort émerge sur la solidarité avec le peuple palestinien, avec 92% des répondants exprimant leur accord, dont 69% expriment leur solidarité avec le peuple palestinien à Gaza et le mouvement du Hamas, tandis que 23% se solidarisent avec le peuple palestinien tout en désapprouvant le Hamas. S'agissant de l'évaluation de l'opinion publique arabe sur les politiques des puissances régionales et internationales à l'égard de la guerre à Gaza, les résultats reflètent une opposition marquée de l'opinion publique arabe envers la politique des Etats-Unis à l'égard de ce conflit. En effet, 94% des répondants ont qualifié la position des Etats-Unis de « mauvaise » ou « très mauvaise », dont 82% la jugeant « très mauvaise ». Dans le même contexte, des opinions négatives ont été exprimées à l'égard des positions de la France (79%), de la Grande-Bretagne (78%), et de l'Allemagne (75%). Cependant, l'opinion publique arabe est divisée quant aux positions de l'Iran, de la Turquie, de la Russie et de la Chine, avec un partage entre ceux qui les perçoivent positivement (respectivement 48%, 47%, 41%, 40%) et ceux qui les jugent négativement (respectivement 37%, 40%, 42%, 38%). Dans le même ordre d'idées, 76% ont signalé que leur perception des Etats-Unis s'est détériorée en raison de leurs positions sur la guerre. Les résultats soulignent également une perte de crédibilité des Etats-Unis auprès de l'opinion publique arabe, avec 81% des répondants considérant qu'ils ne prennent pas au sérieux la création d'un État palestinien dans les territoires occupés depuis 1967. Environ 77% de l'opinion publique arabe s'accorde sur le fait que les Etats-Unis et Israël représentent la menace la plus importante pour la sécurité et la stabilité de la région, avec 51% considérant les Etats-Unis comme la plus grande menace et 26% estimant qu'Israël constitue la plus grande menace.