Economie des soins : Solidarité marocaine envers la Palestine mise en avant

La situation en Palestine a été au cœur de la première Conférence Internationale sur l'Économie des Soins, tenue les 25 et 26 juin 2024 à l'Université Mohammed VI Polytechnique de Rabat, sous le thème « Économie des soins et protection sociale : Un pilier pour l'autonomisation des femmes, la création d'opportunités d'emploi et le bien-être familial ». Bien que cette situation ne soit pas directement liée au bien-être et à l'épanouissement social, le Maroc, connu pour son engagement envers les causes humanitaires, profite de chaque occasion pour réaffirmer son soutien au peuple palestinien.
L'organisation de cet événement international important s'inscrit dans le cadre de la mise en œuvre des directives du Roi Mohammed VI, ainsi que dans le cadre de la concrétisation des engagements du programme gouvernemental 2021-2026 visant à renforcer les fondements de l'État social, à travers la mise en œuvre du chantier royal de généralisation de la protection sociale, qui constitue véritablement une révolution sociale.
L'accueil de cette conférence vise également à élaborer de nouveaux programmes pour encourager et soutenir un système social intégré et le développement des métiers de soins, avec une gamme de services incluant des normes de qualité, dans le but de soutenir la famille, de faciliter la conciliation entre vie professionnelle et vie privée pour les femmes, de travailler à leur autonomisation économique, de créer un environnement propice à l'insertion des personnes en situation de handicap et de protéger les personnes âgées.
Loin d'être épanouies, les femmes palestiniennes souffrent doublement des conséquences de l'oubli et de la marginalisation. Indignée par cette situation désastreuse, Samah Abderrahim Houssain Hamd, ministre palestinienne du Développement social, s'est exprimée : « Nos cœurs se serrent chaque fois que nous évoquons la Palestine, mais il est essentiel de partager ce qui se passe et de trouver une lueur d'espoir au milieu des peines profondes que nous vivons. »
©Ayoub Amar
Hier, j'ai eu l'honneur d'être invitée par la ministre marocaine de la Solidarité, de l'Insertion sociale et de la Famille, Aawatef Hayar, au Musée Mohammed VI d'art moderne, relate la ministre palestinienne. "Nous avons été témoins de la capacité incroyable des artistes à transformer des déchets en œuvres d'art magnifiques. Cette capacité de transformation, nous la voyons également dans la bande de Gaza, où les déchets sauvent des vies. Depuis neuf mois, ni le gaz ni le carburant n'entrent dans la bande de Gaza. Les Palestiniens doivent utiliser les déchets comme carburant pour cuisiner, car l'accès à ces ressources essentielles a été coupé pour les hôpitaux, les centres d'hébergement, et la population en général", ajoute-t-elle fièrement..
Emue par la créativité d'un peuple meurtri, elle souligne : "Je souhaite vous présenter une artiste palestinienne de Gaza, qui, à partir de boîtes de boissons minérales et gazeuses, crée des œuvres qui témoignent de la dignité inébranlable du peuple palestinien, malgré la violence subite quotidiennement. Ces créations symbolisent la résilience face à l'oppression, et cette même résilience nous pousse à continuer nos efforts pour fournir une protection sociale à notre peuple".
©Ayoub Amar
Cela dit, la ministre poursuit ses descriptions : "nous sommes confrontés à une guerre d'extermination, une famine, et une pression économique incessante qui menacent notre existence et notre capacité à résister. La situation actuelle marque un tournant historique, une détérioration sans précédent des conditions humanitaires, sociales, et économiques, particulièrement dans la bande de Gaza depuis plus de neuf mois. Nous déplorons la perte de trente-huit mille vies en seulement neuf mois, dont quinze mille enfants et dix mille femmes. De plus, quatre-vingt-cinq mille personnes ont été gravement blessées, la plupart souffrant de handicaps sévères, nécessitant des ressources énormes pour leur assurer une vie digne".
Selon les propos de l'intervenante à la première conférence de l'économie des soins au Maroc : "aujourd'hui, 60% des infrastructures de Gaza sont devenues des terres arides, inhabitables, sans accès à l'eau, à l'électricité, à la nourriture, ou aux soins de santé. Un million de personnes déplacées se trouvent désormais dans une des zones les plus densément peuplées au monde, où les médicaments se font rares, et la survie quotidienne est un défi constant".
Face à ces défis, notre ministère, déclare-t-elle, en collaboration avec la société civile et le secteur privé palestiniens, œuvre sans relâche pour fournir les services essentiels. Nous sommes confrontés à vingt-deux mille orphelins qui ont perdu leurs parents, certains d'entre eux ayant perdu toute leur famille élargie. Notre devoir est de protéger ces orphelins et de leur fournir une tutelle légale, mais la guerre a semé le chaos dans les relations familiales, et beaucoup d'enfants ne savent plus qui sont leurs parents.
Pour contrecarrer cette situation déplorable, "nous travaillons sur un plan de secours, approuvé par la Ligue arabe, pour aider trente mille familles dans la bande de Gaza. Plus nous serons rapides à fournir cette aide, plus nous pourrons sauver des vies. En ce qui concerne l'économie, un demi-million de travailleurs sont sans emploi. Le secteur privé palestinien et le gouvernement souffrent également, en partie à cause des fonds retenus injustement, qui représentent les taxes sur les importations et les exportations des produits palestiniens", décrit la responsable palestinienne.
©Ayoub Amar
Cependant, malgré ces défis immenses, le peuple palestinien retrouvera sa dignité et sa force sur le terrain. L'autonomisation économique est la clé de cette renaissance. Soulignant l'appui du Maroc, le ministre exprime sa gratitude au Royaume et au Roi Mohammed VI pour leur soutien indéfectible à la cause palestinienne, notamment à Jérusalem. "Leur aide est cruciale pour confirmer l'identité arabe, islamique et chrétienne de Jérusalem et pour affronter les mêmes atrocités qui sévissent à Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem", indique-t-elle.
En dépit de la tristesse qui règne, la responsable choisit de rester optimiste et promet de redonner force et sourire au peuple palestinien, "le peuple palestinien est doté d'une volonté forte et inébranlable. Et croyez-moi, les enfants dont nous parlons, qui ont perdu leur main, ou même leur vie, ne seront jamais compensés par tout l'argent du monde. Soyez sûrs que le moment que nous vivons aujourd'hui est crucial pour notre avenir et notre dignité", conclut-elle.