Face à l'enlisement que connaît le dialogue social, les deux parties campant sur leurs positions, le ministre de l'Intérieur, Abdelouafi Laftit, semble vouloir prendre les choses en main. A cet effet, il doit se réunir ce mardi 8 janvier avec les présidents des syndicats en vue de trouver un accord social qui « arrangerait tout le monde ». Selon des sources proches du dossier, l'initiative n'est pas celle de Laftit, mais bien du chef de l'exécutif, Saad Eddine El Othmani, qui « tient vraiment à mener à bien ce chantier, qu'il traite comme un projet gouvernemental », mais aussi pour éviter d'essuyer un nouvel échec dans la gestion de la chose publique. Sauf changement de dernière minute donc, c'est El Othmani himself qui devrait présider la réunion de mardi, pour tenter de convaincre les syndicats, très réticents, d'accepter les propositions faites auparavant. Pour rappel, l'exécutif avait proposé une augmentation de 400 dirhams pour les fonctionnaires qui ne dépassent pas l'échelle 10 échelon 5, outre la hausse des allocations familiales de 100 dirhams pour chaque enfant et l'augmentation de la prime de naissance de 1.000 dirhams. Pas du tout satisfaits, les représentants syndicalistes ont rejeté en bloc et brandi la menace de la grève et du boycott des rounds de dialogue, si le gouvernement c'accède pas à leurs revendications, à savoir une augmentation de 500 dirhams et appliquée pour tous les fonctionnaires du secteur public. Les événements survenus ces derniers jours ne sont pas pour arranger les choses et pourraient même avoir motivé « le pas de Laftit ». En effet, les débrayages se multiplient dans différents secteurs. Le dernier en date, celui des enseignants et cadres de l'enseignement qui ont observé une grève nationale pour protester contre leurs conditions de travail. Le mouvement était des plus spectaculaires, les manifestants ayant porté un cercueil, symbole de « mort du secteur » et de « deuil sur le sort qui lui est infligé ». Cette succession d'impasses dans le dialogue des sourds engagé depuis des années entre le gouvernement et syndicats, n'est pas récente, mais l'échec pur et simple semble avoir été acté avec le retrait des syndicats de la réunion du 3 janvier dernier. Ils ont jugé les propositions gouvernementales très en deçà des revendications, notamment celle relative à l'augmentation salariale. Ce point justement, devrait être au centre de la réunion avec le ministre de l'Intérieur, outre d'autres mesures restées lettre morte depuis l'accord conclu en avril 2011. La médiation de Laftit intervient donc comme une tentative de désamorcer la bombe à retardement que représente ce dialogue entamé depuis bien des années, et qui risque, à très court terme, d'engendrer à coup de débrayages, une paralysie du secteur public.