Une bataille de longue haleine, les féministes s'acharnent contre le sexisme. L'Association Démocratique des Femmes du Maroc (ADFM), en collaboration avec une large coalition d'acteurs de la société civile, syndicats et représentants de parents d'élèves, a récemment lancé officiellement la campagne nationale "Pour une école de l'égalité". Une initiative ambitieuse, soutenue par deux années de travail de fond, pour faire front commun contre les stéréotypes sexistes toujours présents dans l'espace scolaire marocain. Malgré les avancées significatives dans la réduction des écarts de scolarisation entre filles et garçons, le système éducatif marocain peine encore à se transformer en un véritable levier de lutte contre les discriminations. Une étude analytique menée par l'ADFM, publiée en février 2025, dresse un constat alarmant: les stéréotypes de genre persistent dans les interactions scolaires, les manuels, les activités parascolaires et même dans les choix d'orientation. « L'étude a montré que les discours sur l'égalité sont contredits par les pratiques genrées qui continuent de façonner l'environnement scolaire. Cela affecte profondément la construction des représentations et les projets de vie des jeunes », explique Widad Bouab, membre du Bureau de l'ADFM. Pour l'année 2025, la campagne "Pour une école de l'égalité" se déploie autour de plusieurs actions phares : Des ateliers de sensibilisation seront organisés dès mai 2025 dans les lycées de Rabat-Salé-Kénitra et Casablanca-Settat. Élèves, enseignant.e.s et personnels administratifs y seront formés à la lutte contre les préjugés sexistes. De plus, un recueil documentaire sur les stéréotypes en milieu scolaire sera publié en juin, pour initier un dialogue public et inciter à la mise en œuvre de mesures concrètes. Des outils de suivi et des mécanismes d'écoute, comme des boîtes à idées anonymes ou la nomination de référents égalité dans les établissements, sont envisagés pour institutionnaliser la lutte contre les inégalités. Cette campagne s'inscrit dans la continuité d'un engagement initié en 2022, avec la présentation d'un mémorandum au ministère de l'Éducation et plusieurs rencontres parlementaires. Pour Aatifa Timjerdine, présidente de l'ADFM, il est désormais temps de dépasser les discours : « Il ne suffit pas d'adopter des lois, il faut s'assurer de leur application dans les classes, dans les pratiques pédagogiques et dans les mentalités ». La dynamique plaide pour une vision globale et systémique, qui agit à la fois sur les contenus pédagogiques, la formation des enseignants, les environnements d'apprentissage et les pratiques d'évaluation. Elle appelle également à intégrer des thématiques spécifiques comme la lutte contre le harcèlement, la précarité menstruelle ou les violences basées sur le genre. Objectif : transformer durablement l'école marocaine pour qu'elle devienne un lieu d'épanouissement, d'égalité et de respect pour toutes et tous. Pour y parvenir, l'ADFM et ses partenaires appellent à une mobilisation collective de l'ensemble des acteurs : institutions, familles, éducateurs, élèves et médias. « L'école est le miroir de la société. Si nous voulons construire un Maroc égalitaire et inclusif, c'est à l'école que cela commence », conclut Widad Bouab.