Après un vif débat au sein du Parlement concernant des propositions de loi soumises par le PJD s'attaquant à l'éligibilité des membres du gouvernement, le parti de la Lampe a fait un rétropédalage. Le PJD retire donc sa proposition visant l'interdiction aux binationaux d'accéder à des postes ministériels. La proposition avait créé des réactions au Parlement et leur majorité étaient en désaccord avec l'ancien parti au commandes de l'exécutif. Depuis deux semaines, les commentaires négatifs et critiquant la proposition du PJD se sont retournés contre le parti de Abdelilah Benkirane qui souhaitait lui donner un caractère nationaliste. Cependant face au flot de réponses négatives, le groupe parlementaire du PJD a finalement retiré cette proposition qui devait interdire à toute personne ministrable d'accéder à ce poste en cas de double nationalité. La proposition ne date pas d'hier, elle remonte à l'époque où le PJD était aux commandes du gouvernement en 2023. Deux ans plus tard, la proposition d'amendement modifiant les articles 31, 33 et 35 de la loi organique n° 065.13, sur l'organisation et le fonctionnement du gouvernement et le statut juridique de ses membres, a atterri le 2 mai à l'ordre du jour de la Commission de Justice, de Législation et des Droits de l'Homme à la Chambre des représentants qui devait l'examiner. Le PJD qui avait initié cette loi et son amendement avait réclamé que le gouvernement marocain soit exclusivement composé par des élus uniquement marocains, ne portant pas d'autre nationalité. Le député du PJD, Abdessamad Haiker avait réagi en regrettant que certains membres de l'actuel gouvernement cherchaient à acquérir des nationalités étrangères en même temps que leur poste de ministres. « Les Marocains méritent un gouvernement 100 % marocain. Nous estimons que toute personne ne remplissant pas cette condition ne mérite pas de faire partie de l'exécutif », avait déclaré le député PJDiste lors de la présentation de ce texte. Le PJD ne s'était pas contenté de faire cette proposition qui s'adresse aux ministrables. Il avait réclamé par la même occasion que toute personne désireuse d'accéder à une fonction ministérielle de céder ses biens privés. « L'esprit patriotique exige d'un membre du gouvernement qu'il se consacre pleinement au service de la Nation. Un acteur économique doit faire un choix clair entre la gestion des affaires publiques et la poursuite de son activité économique », avait défendu le député du PJD, jugeant inacceptable qu'un acteur politique continue d'exercer des fonctions économiques ou d'avoir des intérêts financiers « depuis sa position de responsabilité gouvernementale ». Cependant les voix critiques ont dénoncé une proposition non raisonnable, rappelant que le droit en la matière interdit déjà la gestion d'une entreprise pendant les activités politiques, soulignant qu'il n'est pas acceptable de faire céder les biens d'un acteur économique avant d'entrer au Parlement ou au gouvernement. Suite aux débats houleux au sein de l'hémicycle et le refus de plusieurs députés de cette logique d'exclusion, particulièrement parce qu'elle exclut une large frange de la diaspora marocaine qui détient aussi bien la nationalité marocaine que celle des pays de leur résidence ou naissance, et décourage les entrepreneurs de faire de la politique, le PJD a décidé de retirer sa proposition de loi ce lundi avant le grand oral d'Aziz Akhannouch sur la situation de l'éducation au Maroc devant le Parlement.