Les appels en faveur de la désignation du Front polisario comme entité terroriste se multiplient désormais. A mesure que s'accumulent les preuves d'activités illicites et de collusions inquiétantes, la tolérance envers la milice séparatiste soutenue par l'Algérie semble s'éroder. Dernier signal en date, un article d'analyse publié par The Daily Signal, qui plaide sans détour pour une réponse ferme de la part de Washington. Intitulée « Pourquoi les Etats-Unis doivent affronter le proxy terroriste qu'est le Front polisario », la tribune cosignée par Robert Greenway, directeur du Allison Center for National Security et ancien conseiller adjoint à la sécurité nationale chargé de l'Afrique et du Moyen-Orient, ainsi que par Amine Ghoulidi, expert en géopolitique et en intelligence économique, constitue une synthèse argumentée des liens de plus en plus documentés entre le Polisario et des réseaux terroristes opérant au Sahel, notamment à travers des trafics transfrontaliers et une coopération avérée avec des proxys. L'article expose les multiples facettes de ce que les auteurs qualifient de « menace hybride », à la fois idéologique, militaire et logistique, incarnée par un mouvement qui, selon eux, a depuis longtemps dépassé les revendications indépendantistes pour s'enraciner dans une économie de la violence régionalisée. Ils appellent les Etats-Unis à cesser d'ignorer ce « point chaud » stratégique situé à proximité du détroit de Gibraltar, soulignant les risques d'une déstabilisation durable du flanc sud de l'OTAN. Dès les premières lignes, les auteurs rappellent l'initiative du représentant républicain Joe Wilson, qui, en avril dernier, a formulé une proposition de loi visant à désigner le Front polisario, soutenu activement par l'Algérie, comme organisation terroriste. Une démarche à forte portée symbolique, qui s'impose comme un véritable test de crédibilité pour la politique étrangère américaine face à la menace croissante des proxys terroristes opérant sur le flanc sud de l'OTAN. « Aujourd'hui, les combattants du polisario utilisent des drones de type iranien, partagent les couloirs désertiques avec les convois d'approvisionnement de proxys russes, et prélèvent des taxes sur les routes de contrebande qui alimentent les jihadistes du Sahel. Tout cela se déroule à portée de missile du détroit de Gibraltar, l'un des points de passage maritime les plus stratégiques au monde », ont-ils souligné. Selon Greenway et Ghoulidi, l'Amérique a déjà fermé les yeux sur la menace. En 1988, des missiles tirés par le Polisario ont abattu deux avions de l'USAID, tuant cinq Américains. Aucune sanction n'avait alors suivi. Aujourd'hui, la proposition de loi du représentant Joe Wilson remet Washington face à deux choix : continuer à ignorer ou reconnaître enfin le Polisario comme une menace terroriste par procuration, ont-ils signalé. Depuis cet incident, le contexte géopolitique a radicalement évolué. En novembre 2020, le polisario s'est retiré du cessez-le-feu de 1991, a déclaré la région zone de guerre, repris les attaques contre le mur de défense marocain, et menacé les intérêts étrangers dans la zone. Cette escalade repose sur un sanctuaire algérien et trois leviers, notamment l'appui militaire de l'Iran, l'influence croissante de la Russie, et une économie criminelle transsaharienne qui alimente les groupes jihadistes, a poursuivi la même source. Depuis les camps de Tindouf, hors d'atteinte des forces marocaines, le polisario organise ses opérations, stocke ses armes et consolide ses alliances. Le soutien financier et logistique d'Alger permet de maintenir cette infrastructure, en couvrant aussi bien les salaires que les campagnes de lobbying à l'étranger, ont affirmé les auteurs. « Bien qu'environ 8.000 combattants du Polisario soient actuellement actifs, des évaluations de défense avertissent que les camps basés en Algérie pourraient mobiliser jusqu'à 40.000 personnes. C'est un vivier humain que les commandants du polisario peuvent exploiter et que les recruteurs jihadistes ont déjà tenté d'approcher« , ont-ils mis en garde. Par ailleurs, ils ont affirmé que le soutien iranien au polisario ne cesse de se renforcer, avec des preuves croissantes de coopération militaire. Dès 1980, la milice affichait sa proximité avec Téhéran. En 2018, des officiers du Hezbollah ont été identifiés en train de former des combattants dans les camps de Tindouf, et depuis 2022, le polisario s'entraîne à utiliser des drones armés de type iranien. En parallèle, a poursuivi la même source, la Russie tisse des liens persistants avec le groupe via des plateformes d'influence proches du Kremlin. Des représentants du polisario ont notamment côtoyé des vétérans du Donbass, et les réseaux de contrebande sahariens qu'il contrôle croisent désormais les itinéraires des convois de Wagner au Sahel. Historiquement impliqué dans l'économie illicite sahélo-saharienne, le polisario joue un rôle de plus en plus central dans les circuits de financement jihadistes. Haschich, cocaïne et armes circulent avec, à la clé, des « taxes » profitant à al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), ont dévoilé les auteurs. Une dynamique qui, selon un centre rattaché au Département américain de la Défense, pourrait favoriser une résurgence terroriste dans la région. De plus, les spécialistes ont rappelé que des rapports internationaux révèlent des liens anciens et persistants entre le Front polisario, le trafic d'armes et de drogue, et des réseaux djihadistes sahéliens. A Tindouf, les logisticiens du polisario côtoient trafiquants et groupes terroristes, dans un système illustré par le parcours d'Adnan Abou Walid al-Sahraoui, ex-combattant du polisario devenu chef de l'Etat islamique au Grand Sahara. La rhétorique du mouvement s'est également radicalisée, ont-ils avancé, appelant à la violence contre entreprises, diplomates et touristes au Sahara. En parallèle, des liens opérationnels avec l'Iran et des canaux d'influence russes renforcent l'idée d'un polisario devenu proxy régional. Face à ce faisceau de preuves, l'appel monte à Washington pour inscrire le polisario sur la liste des organisations terroristes mondiales, comme le permet le décret exécutif 13224.