La chaîne publique allemande Deutsche Welle vient de diffuser un reportage revenant sur un fait largement documenté : l'implication de combattants du polisario aux côtés du régime syrien déchu de Bachar Al Assad. Ce « secret de polichinelle » est ainsi confirmé encore une fois par une source médiatique majeure, qui met en lumière les liens entre le polisario et les régimes syrien et iranien sous l'impulsion de l'Algérie. Le reportage rappelle à ce propos comment le président intérimaire syrien, Ahmed Al Charaa, a refusé une demande d'Alger visant à récupérer des combattants du polisario arrêtés en Syrie à la suite de la chute du régime Al Assad. Ces derniers, capturés notamment à Alep, sont toujours détenus en Syrie en attente de comparaitre devant la justice syrienne, en dépit des appels algériens à leur extradition, relate la chaîne allemane. L'engagement des combattants du polisario en Syrie s'inscrit dans une alliance historique entre le régime baasiste syrien et l'Algérie, tous deux porteurs d'une idéologie « socialiste » et d'une hostilité commune envers le Maroc, indique DW. Dès 1980, rappelle-t-on, Hafez Al Assad avait reconnu la « République sahraouie », entérinant le soutien officiel de Damas aux thèses des séparatistes. Ce soutien avait pourtant été partiellement remis en cause en 2001, lorsque Bachar Al Assad a amorcé un rapprochement diplomatique avec Rabat, conduisant à la fermeture du bureau du polisario en Syrie et au retrait de la reconnaissance de l'auto-proclamée RASD, souligne la chaîne allemande. Toutefois, avec le déclenchement de la guerre civile en Syrie, ce rapprochement (avec Rabat ndlr) a été arrêté. En 2012, alors que le Maroc soutenait les revendications du peuple syrien et l'opposition lors du « Congrès des Amis du Peuple Syrien » organisé à Marrakech, le régime syrien renouait ses liens avec le polisario, cette fois-ci sous l'égide d'Alger et de Téhéran. Un rapport de The Washington Post, cité par DW, évoque la formation par l'Iran d'environ 1.200 combattants du polisario répartis en quatre groupes intégrés dans les forces syriennes, fruit d'une coopération scellée lors d'une réunion secrète dans les camps de Tindouf entre représentants algériens, syriens et responsables du front. Alors que Bachar Al Assad cherchait en 2023 à retrouver une place au sein de la Ligue arabe, son régime a tenté d'utiliser la reconnaissance du polisario comme carte pour renouer avec Rabat, souligne DW. Cette démarche est restée vaine et, au contraire, les liens entre Damas et le polisario se sont renforcés. Le reportage souligne enfin que, malgré les démentis du polisario, de nombreux médias rapportent l'arrestation de ses combattants en Syrie, et le refus de Damas de les remettre à l'Algérie. Il faut souligner qu'après la chute du régime syrien à la fin de 2024, la mise en lumière progressive des documents issus des services de renseignement de Damas, a permis d'identifier un réseau d'alliances impliquant plusieurs acteurs. Parmi ceux-ci figurent des combattants +sahraouis+, affiliés aux forces loyales à Al Assad, qui sont désormais sous la garde des autorités syriennes actuelles. Un document majeur, marqué « confidentiel » et daté de janvier 2012, révèle l'existence d'un accord entre la pseudo « rasd », les autorités algériennes et le régime syrien. Ce document, transmis à la direction chargée du renseignement extérieur syrien, détaille l'organisation de quatre unités composées d'environ 120 militants sahraouis, intégrées au sein de l'armée syrienne.