D'après des sources bien informées contactées par Hespress, Jalal Benhayoun, gouverneur de la province de Nouaceur, a suspendu Bouchaib Taha, président de la commune de Bouskoura, ainsi que ses adjoints Fouzia Essamman, Abdellah El Amine et Mohamed Essafri, en vue de leur révocation, suite à une requête introduite auprès du tribunal administratif de Casablanca, conformément à la procédure légale en vigueur. Cette décision intervient à la lumière des conclusions de rapports établis par une commission de l'Inspection générale de l'administration territoriale (IGAT), qui avait effectué une mission au sein de la commune il y a plusieurs mois, sous le mandat de l'ancien gouverneur Abdellah Chater. Elle repose également sur les réponses fournies par les élus aux demandes d'explication qui leur avaient été adressées depuis octobre dernier. Les mêmes sources indiquent que le directeur des services de la commune de Bouskoura a reçu la décision de suspension du président et de ses adjoints tard dans la journée de vendredi. Il a immédiatement entamé les procédures administratives correspondantes. Les poursuites ne se limiteront pas au tribunal administratif en vue de leur révocation, mais pourraient s'étendre au tribunal des crimes financiers, les rapports de l'IGAT faisant état de soupçons de dysfonctionnements graves assimilables à des actes criminels portant atteinte aux intérêts des citoyens, de l'État et aux deniers publics. La décision surprise du gouverneur de Nouaceur a provoqué un état d'alerte parmi certains parlementaires, promoteurs immobiliers et personnalités influentes, dont certains seraient impliqués dans des irrégularités liées à l'urbanisme et à la fiscalité locale, en collusion avec des responsables communaux. Les mêmes sources confirment que le président suspendu du conseil communal de Bouskoura a reçu une copie unique du rapport de l'IGAT sur la gestion de la commune, rattachée à la province de Nouaceur. Ce rapport contient des dizaines de demandes d'explication adressées au président, à deux de ses adjoints et à trois conseillers municipaux, ainsi qu'à plusieurs responsables administratifs. L'une de ces demandes d'explication comptait à elle seule 32 questions. Selon les sources de Hespress, ces demandes d'explication – auxquelles certains élus n'ont pas su répondre – portent sur une série d'anomalies, parmi lesquelles figure la délégation accordée à un conseiller municipal du précédent mandat, soupçonné d'avoir délivré des autorisations d'électricité pour des constructions sans permis d'habiter. Les irrégularités concernent aussi la gestion des permis de construire et de réhabilitation, dans le cadre de la délégation maintenue par le président de la commune. Un autre conseiller serait impliqué dans la construction et l'exploitation d'une salle des fêtes ne répondant pas aux normes techniques requises. Il convient de noter que le quatrième adjoint du président de la commune de Bouskoura, issu du même parti politique (Parti de l'Istiqlal), a réagi au transfert du rapport de l'IGAT au conseil communal en demandant la révocation de sa délégation de signature concernant les marchés publics, en invoquant des raisons personnelles et objectives. Cette décision a suscité une vive controverse au sein de la commune, d'autant qu'elle est intervenue au moment où toutes les divisions de la commune faisaient l'objet d'un audit approfondi mené par une commission centrale sur la gestion des marchés, de l'urbanisme et des ressources fiscales. Les inspecteurs, à travers leur rapport d'audit sur la gestion de la commune de Bouskoura, ont mis le doigt sur de nombreuses infractions, en particulier dans le domaine de l'urbanisme, notamment des irrégularités dans les permis de construire, les autorisations de réhabilitation, et les certificats de conformité au logement. Les sources de Hespress ont également souligné que la commission du ministère de l'Intérieur a relevé des failles dans la gestion des recettes locales, un domaine supervisé par un receveur communal résidant en Europe, qui effectue fréquemment des allers-retours entre le Maroc et l'étranger. Il serait l'un des responsables communaux susceptibles d'être poursuivis à la lumière des nouveaux rapports d'inspection, plusieurs demandes d'explication lui ayant été adressées.