Dans le courant du mois de juin 2025, un vaste chantier d'audit initié par l'Inspection Générale de l'Administration Territoriale (IGAT) a mis en avant des irrégularités dans la gestion urbanistique de plusieurs communes de la région Casablanca-Settat. Les investigations, conduites sur plusieurs mois, pointent un enchevêtrement de violations réglementaires, de complicités politiques locales et de manœuvres administratives douteuses. Selon des informations relayées par les médias, les inspecteurs ont découvert des documents démontrant l'octroi d'autorisations irrégulières. Ces actes ont permis l'implantation illégale de résidences haut standing, de commerces et d'unités industrielles dans des zones initialement vouées à l'aménagement paysager ou classées comme non constructibles. Ce schéma a été facilité par la signature de documents par certains présidents de conseils communaux ou leurs adjoints, utilisant des pouvoirs de délégation au-delà de leur cadre légal. Le dossier prend une tournure encore plus grave avec la mise au jour d'« autorisations administratives » non répertoriées dans les archives officielles du ministère de l'Intérieur. Utilisées pour contourner les processus de titrage foncier, ces pièces ont permis de valider des constructions sur des terrains allant de 60 à 100 m2, sans les enquêtes de terrain ni les autorisations exigées par les walis ou les gouverneurs. Ce procédé, en dehors de tout cadre réglementaire, alimente les soupçons d'ententes occultes et de corruption. Lire aussi : Gestion publique : l'IGAT épingle des recrutements clientélistes dans plusieurs communes Les zones ciblées par ces inspections englobent les provinces de Nouaceur, Berrechid, Médiouna, Benslimane ainsi que la préfecture de Mohammedia. Une quantité importante de documents a été saisie dans les sièges communaux, puis transférée au siège central du ministère à Rabat, où une analyse approfondie est en cours. Des éléments recueillis font état de bénéfices directs tirés de ces manquements par des élus, leurs familles ou des figures influentes dans les sphères politiques et économiques locales. Au-delà de l'irrégularité administrative, ces pratiques ont favorisé l'émergence de zones urbaines chaotiques, échappant à tout contrôle urbanistique. Le manque de rigueur dans la tenue des registres et l'absence de traçabilité des actes administratifs laissent entrevoir l'existence d'un réseau parallèle de décisions occultes, sapant l'autorité des gouverneurs et affaiblissant l'Etat de droit. Face à ces dérives, des élus issus de l'opposition ont sollicité l'intervention des autorités provinciales, appelant à la mise en œuvre de l'article 64 de la loi organique n° 113.14 sur les collectivités territoriales. Cette disposition prévoit la suspension temporaire d'un élu fautif en attendant que le tribunal administratif statue dans un délai de 30 jours sur la demande de révocation.