Saisi par un centre de broyage indépendant pour pratiques anticoncurrentielles, le Conseil de la concurrence engage une procédure d'examen du marché marocain du clinker. Les sociétés mises en cause ont présenté des engagements volontaires visant à corriger les déséquilibres identifiés. Le test de marché est ouvert jusqu'au 28 août 2025. Le Conseil de la concurrence a enclenché une nouvelle procédure d'examen sur le marché national du clinker, à la suite d'une saisine déposée en octobre 2024 par un centre de broyage indépendant. Cette saisine, jugée recevable en décembre, dénonce des pratiques jugées anticoncurrentielles, notamment liées à la structure concentrée du marché et aux conditions commerciales imposées aux opérateurs indépendants. Les services d'instruction du Conseil ont relevé plusieurs préoccupations. Premièrement, la domination des cimenteries intégrées, qui maîtrisent à la fois la production et la vente du clinker, limite l'accès équitable des broyeurs indépendants à cette ressource essentielle. Ensuite, les conditions commerciales appliquées à ces derniers sont jugées restrictives, tant en termes de volumes disponibles que de modalités contractuelles. Enfin, des pratiques différenciées entre filiales internes et concurrents extérieurs sont pointées du doigt, pouvant porter atteinte à la neutralité concurrentielle. Des engagements pour restaurer l'équilibre Dans ce contexte, et conformément à la procédure prévue par l'article 36 de la loi sur la liberté des prix et de la concurrence, les entreprises concernées ont présenté des engagements volontaires pour dissiper les inquiétudes du Conseil. Ces propositions, désormais rendues publiques, font l'objet d'un appel à observations auprès des tiers jusqu'au 28 août 2025. Parmi les engagements phares figurent la priorisation de l'approvisionnement des broyeurs indépendants et la mise en œuvre de conditions commerciales équitables, transparentes et non discriminatoires. Il est notamment prévu de plafonner les avantages octroyés aux filiales internes en fonction de leurs besoins réels en clinker pour la production de ciment, et d'éviter toute pratique de compression des marges susceptibles de désavantager les opérateurs externes. Les sociétés s'engagent également à une séparation opérationnelle et administrative entre leurs activités de production et de commercialisation, afin d'éviter toute utilisation indue d'informations sensibles. Cela devra se traduire par une réorganisation de leurs organigrammes, des procédures renforcées de confidentialité, et une gestion distincte des ventes nationales de clinker. Plus de transparence et d'ouverture du marché Autre axe important des engagements : la transparence tarifaire. Les sociétés devront publier les caractéristiques techniques du clinker, ainsi que des conditions générales de vente claires permettant aux acheteurs de choisir librement les modalités d'achat (spot, annuel, pluriannuel) et les garanties acceptées (assurances-crédits, cautions bancaires). Par ailleurs, un engagement est pris pour limiter l'enfouissement des cendres volantes qualifiées issues des centrales de Jorf Lasfar, et pour permettre leur accès aux acteurs non membres du groupement d'intérêt économique dominé par les opérateurs historiques. Enfin, un renforcement des programmes internes de conformité est annoncé, notamment pour mieux gérer les conflits d'intérêts liés à l'intégration verticale entre producteurs de ciment et fournisseurs de clinker. Ce test de marché constitue une phase décisive. Le Conseil recueillera durant trente jours les observations des acteurs du secteur et parties prenantes. Sur cette base, il pourra décider de rendre obligatoires les engagements proposés, ou de demander des ajustements avant de clore la procédure.