Recettes surestimées, projets bloqués, dépenses non prioritaires... Le ministère de l'Intérieur n'entend plus tolérer les dérives budgétaires des collectivités territoriales. Il compte exiger des communes des budgets plus réalistes, centrés sur les urgences et les engagements incontournables, apprend-on de nos sources. D'après des sources bien informées de Hespress, une circulaire officielle est en cours de préparation au sein de l'administration centrale du ministère et sera bientôt diffusée via les walis et gouverneurs aux responsables communaux, afin de mettre fin aux budgets irréalistes et aux recettes fictives. Ces nouvelles directives s'appuient sur une série de rapports dressés par la Direction des finances des collectivités locales, qui ont mis au jour de nombreuses anomalies dans la gestion des budgets. Ils ont constaté de nombreuses pratiques entravant gravement la mise en œuvre des programmes de développement, notamment les estimations hasardeuses des recettes, les surestimations volontaires, les dépenses peu prioritaires ou encore le non respect des normes de classification budgétaire, entre autres. Ainsi, le ministère de l'Intérieur souhaite recentrer les budgets communaux sur l'essentiel. Il est désormais demandé aux élus locaux de prioriser les dépenses obligatoires, à savoir : les règlements des dettes, le paiement des amendes et la participation aux programmes nationaux de santé et de solidarité. Il a pour objectif d'assainir les finances locales et garantir une exécution effective des projets validés, notamment ceux déjà approuvés par les conseils et les autorités gouvernementales. Sur le terrain, plusieurs gouverneurs, notamment dans la région de Casablanca-Settat, ont commencé à rejeter certains projets présentés par les conseils communaux. Les motifs invoqués sont, selon nos sources, les incohérences formelles, les dépenses de confort injustifiées ou non-conformité avec les orientations d'austérité dictées par Rabat. Certains présidents de conseil ont d'ailleurs été pris de court, voyant leurs projets refusés à la veille du lancement de nouveaux marchés. En ligne de mire, des dépenses jugées non prioritaires, comme la location de véhicules ou l'achat d'équipements non liés à des besoins pressants, tels que la lutte contre la sécheresse ou l'accès à l'eau potable. La situation est particulièrement préoccupante dans les grandes agglomérations comme Casablanca, Rabat ou Fès, soumises au système de « l'unité de la ville ». Là, les difficultés financières s'aggravent, les projets stagnent, et les indicateurs de développement socio-économique virent au rouge. L'investissement ralentit, les services publics peinent à suivre, et les espoirs d'emploi pour les jeunes s'amenuisent. Un bras de fer s'installe ainsi entre le ministère de l'Intérieur et certains présidents de communes, qui peinent à faire valider des budgets jugés incohérents. Le refus de certains walis et gouverneurs d'approuver certaines dépenses ou chapitres budgétaires révèle la volonté ferme de l'Etat de restaurer la discipline financière à l'échelle locale. Rappelons que selon l'article 214 de la loi organique 113-14 relative aux communes, les finances des collectivités sont soumises au contrôle des cours régionales des comptes. De plus, un audit annuel est obligatoire, réalisé soit par l'Inspection générale des finances, soit par l'Inspection générale de l'administration territoriale, ou encore par un organe indépendant mandaté à cet effet.