Réunis en Chine pour un sommet d'envergure de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS), Xi Jinping et Vladimir Poutine ont multiplié, lundi, les attaques verbales contre les États-Unis et leurs alliés. Les deux dirigeants ont profité de ce rassemblement eurasiatique pour promouvoir l'idée d'un monde multipolaire face à l'influence occidentale. À Tianjin, mégapole portuaire du nord de la Chine, le président chinois a ouvert les travaux en dénonçant la persistance d'une « mentalité de guerre froide » et des « comportements d'intimidation » — une allusion directe à Washington. Mettant en avant « l'esprit de Shanghai », Xi a défendu une gouvernance mondiale « plus juste et plus équilibrée », tout en appelant les pays membres à rejeter la logique des blocs. Son homologue russe, de son côté, a une nouvelle fois justifié l'intervention militaire en Ukraine. « Ce conflit n'a pas été déclenché par Moscou, mais par un coup d'État orchestré et soutenu par l'Occident », a martelé Vladimir Poutine, qui accuse depuis plusieurs mois les États-Unis et l'OTAN d'avoir provoqué la crise. Le sommet a réuni les dirigeants de près de vingt pays, dont les présidents iranien Massoud Pezeshkian, turc Recep Tayyip Erdogan et biélorusse Alexandre Loukachenko, ainsi que les Premiers ministres indien Narendra Modi et pakistanais Shehbaz Sharif. C'est la plus large participation depuis la fondation de l'OCS en 2001, dans un contexte marqué par la guerre en Ukraine, les tensions commerciales sino-américaines et les différends autour du nucléaire iranien. Les pays membres et partenaires de l'organisation représentent près de la moitié de la population mondiale et plus de 23 % du PIB planétaire, faisant de l'OCS un contrepoids assumé à l'OTAN et aux alliances occidentales. Malgré les divergences, notamment sur le conflit ukrainien, la rencontre a aussi été l'occasion d'afficher des rapprochements. Xi Jinping, Vladimir Poutine et Narendra Modi ont multiplié les gestes de convivialité, allant jusqu'à poser ensemble sur le tapis rouge pour la traditionnelle photo de famille. Poutine et Modi se sont entretenus longuement en privé, dans la voiture blindée du président russe. « Nos relations sont spéciales et amicales », a déclaré le maître du Kremlin, saluant une coopération étroite sur la scène internationale. Le Premier ministre indien, tout en réaffirmant son partenariat stratégique avec Moscou, a exhorté la Russie et l'Ukraine à « mettre fin rapidement aux hostilités pour instaurer une paix durable ». Ce sommet marque le coup d'envoi d'une séquence diplomatique chargée pour Pékin, désireux de s'affirmer comme un pôle de stabilité et un acteur incontournable dans un monde polarisé. Mercredi, un grand défilé militaire à Pékin viendra célébrer les 80 ans de la victoire contre le nazisme, en présence de Poutine et de plusieurs autres dirigeants, dont le Nord-Coréen Kim Jong Un, allié clé de Moscou dans la guerre en Ukraine. Pékin continue de se présenter comme neutre face au conflit, accusant les Occidentaux d'attiser la guerre en fournissant des armes à Kiev. Une posture qui suscite la méfiance des alliés de l'Ukraine, convaincus que la Chine offre un soutien implicite à la Russie.
