La Chine se prépare à accueillir les travaux du sommet de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS) dans un contexte de tensions géopolitiques et commerciales accrues au niveau international. Depuis samedi, une vingtaine de dirigeants ont rejoint la ville de Tianjin, dans le nord de la Chine, où se tiendra le sommet lundi. Parmi les invités présents, figurent le président russe Vladimir Poutine et le Premier ministre indien Narendra Modi, ainsi que des dirigeants d'Asie centrale, du Moyen-Orient, d'Asie du Sud et d'Asie du Sud-Est. Le Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, ainsi que le Secrétaire général de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN), Kao Kim Hourn, prendront également part à ce conclave. La présence renforcée de l'ASEAN représente un aspect notable de cette édition du sommet de l'OCS, avec la participation de dirigeants de quatre Etats membres, dont les Premiers ministres malaisien Anwar Ibrahim et vietnamien Pham Minh Chinh. Selon diverses analyses, cette représentation reflète le poids grandissant des relations économiques entre la Chine et l'Asie du Sud-Est, l'ASEAN étant le premier partenaire commercial de Beijing, avec des échanges commerciaux s'élevant à 234 milliards de dollars au premier trimestre 2025. Lire aussi : La Chine et l'Inde affichent leur volonté de rapprochement Dans le contexte des tensions commerciales avec les Etats-Unis, la stratégie chinoise a consisté en une diversification soutenue de ses marchés d'exportation, principalement au profit de l'ASEAN. La proportion des exportations chinoises destinées aux Etats-Unis a ainsi décliné de 21,6% en 2017 à 13,4% en 2024. La présence de Narendra Modi constitue un autre moment significatif de ce sommet. Cette première visite du dirigeant indien en Chine depuis 2018 s'inscrit dans une démarche de normalisation des relations, amorcée ces derniers mois après des années de tensions exacerbées par un affrontement frontalier meurtrier dans la vallée de Galwan en 2020, qui avait coûté la vie à des soldats des deux côtés et gelé le dialogue politique. Cette visite intervient dans le contexte de l'application, depuis mercredi dernier, de droits de douane de 50% imposés par Washington à New Delhi, dont la moitié en réaction aux acquisitions indiennes de pétrole et d'équipements militaires russes. Cette conjoncture pourrait, selon des observateurs, faciliter un rapprochement entre la Chine, la Russie et l'Inde. Créée en 2001, l'OCS a pour ambition de discuter des questions de sécurité mutuelle ainsi que de la coopération politique et militaire entre ses dix pays membres que sont la Chine, l'Inde, la Russie, la Biélorussie, le Pakistan, le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan, l'Ouzbékistan et l'Iran. Ce bloc, qui représente 42% de la population mondiale et environ un quart du PIB global, est perçu par certains analystes comme une alternative eurasiatique aux institutions occidentales telles que l'OTAN et le G7. Plusieurs documents destinés à consolider la coopération dans les domaines sécuritaire, économique et culturel devraient être adoptés au cours de la présente édition du sommet, qualifiée par le vice-ministre chinois des Affaires étrangères, Liu Bin, comme « la plus importante de l'histoire de l'OCS ». Le dirigeant chinois Xi Jinping dirigera la 25e réunion du Conseil des chefs d'Etat de l'OCS, ainsi qu'une rencontre au format « OCS Plus », où sont inclus des pays et organisations tiers non-membres mais bénéficiant du statut de partenaires ou d'observateurs. Beijing devra également relancer sa proposition d'établissement d'une Banque de développement de l'OCS, initiative demeurée en suspens depuis 2010, selon des médias locaux. Par ailleurs, une stratégie de développement de l'organisation pour la prochaine décennie sera entérinée, selon Fan Xianrong, ambassadeur chargé de la coordination nationale chinoise de l'OCS, cité par l'agence de presse Xinhua. Les conflits internationaux actuels, notamment la guerre en Ukraine et les tensions au Moyen-Orient, devraient aussi constituer un axe majeur des discussions. Après le sommet, Beijing organisera mercredi un défilé militaire commémorant le 80e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Plusieurs participants au sommet assisteront à cette parade qui se déroulera place Tiananmen et seront rejoints par d'autres dirigeants étrangers, dont le leader nord-coréen Kim Jong Un.