Dans un délai maximum d'un mois, les Marocains auront accès à une fatwa exhaustive clarifiant les règles de la Zakat. Le Conseil supérieur des oulémas (CSO) a annoncé qu'il rendra publique cette décision religieuse, accompagnée du lancement d'un portail numérique permettant aux citoyens de poser directement leurs questions. Cette initiative majeure fait suite à l'ordre donné par le Roi Mohammed VI, Amir Al-Mouminine, au CSO afin de lever toute ambiguïté sur l'application de ce pilier central de l'Islam dans le contexte actuel. Une clarification nécessaire La Zakat, troisième pilier de l'Islam après la chahada et la prière, représente une aumône légale et obligatoire versée par les musulmans qui possèdent un certain seuil de richesse (le nissab). Son objectif est de purifier les biens, de favoriser la solidarité sociale en redistribuant les richesses aux plus démunis et de renforcer la foi du donateur. Elle soulève en ce sens de nombreuses interrogations parmi les fidèles, en particulier à propos des revenus issus des activités économiques modernes : salaires, prestations de services, placements financiers et transactions diverses. La fatwa à venir devra répondre à ces questions en précisant les règles relatives au seuil minimum, aux montants à prélever et aux délais de règlement. L'objectif affiché est de fournir aux citoyens une référence scientifique, juridique et religieuse claire, qui leur permettra de s'acquitter de ce devoir en conformité avec la Charia. Traditionnellement, la Zakat est prélevée de l'épargne annuelle pour être redistribuée aux plus démunis à hauteur de 2,5 % du montant total de ses avoirs sur une année lunaire ou bien 2,579 % si l'on se base sur l'année solaire. Elle incarne ainsi une double finalité : spirituelle, puisqu'elle purifie les biens du croyant, et sociale, puisqu'elle contribue à réduire les inégalités. Cependant, l'évolution des économies modernes complexifie son application. Comment traiter les revenus de l'investissement boursier, les bénéfices issus du travail indépendant ou encore les rémunérations liées aux nouvelles technologies ? C'est à ces enjeux contemporains que la fatwa s'attaquera, en veillant à rester fidèle aux fondements de la Charia tout en prenant en compte les réalités actuelles. Le CSO précise que l'instance scientifique chargée des fatwas pourra solliciter des experts afin d'enrichir sa réflexion et de garantir la pertinence des conclusions. Au-delà de la fatwa, le Conseil a annoncé la mise en ligne prochaine d'un portail internet consacré exclusivement à la Zakat. Ce site permettra aux Marocains d'adresser leurs questions et de recevoir des réponses validées par les autorités religieuses compétentes. L'outil vise à instaurer un dialogue direct entre les citoyens et l'institution, tout en luttant contre la multiplication des interprétations contradictoires qui circulent notamment sur les réseaux sociaux. Il ambitionne de devenir une référence pratique, fiable et accessible pour tous. En prenant l'initiative d'ordonner cette démarche, le Roi, en sa qualité d'Amir Al-Mouminine, s'inscrit dans la mission de rappel et d'enseignement héritée du Prophète Mohammed (Paix et Salut sur Lui). Le communiqué du CSO souligne d'ailleurs que ce geste coïncide symboliquement avec la commémoration du 15e centenaire de la naissance du Prophète. D'ici quelques semaines, les Marocains disposeront donc d'un cadre officiel et actualisé pour comprendre et pratiquer la Zakat. Une clarification attendue, qui conforte ce pilier de l'Islam dans sa vocation spirituelle et sociale, tout en l'adaptant aux mutations de la vie économique contemporaine.