À la faveur de la transformation des camps de Tindouf, situés sur le territoire algérien et administrés par la milice du polisario, en véritables forteresses du silence où se mêlent souffrance et désespoir, des acteurs des droits humains ont profité de la 60e et dernière session du Conseil des droits de l'homme des Nations unies à Genève pour tirer la sonnette d'alarme. Dans le cadre du débat sur le deuxième point de l'ordre du jour, ils ont lancé des appels pressants afin de sauver les milliers de Sahraouis retenus dans ces "camps de la honte", victimes de violations continues qui ne cessent d'aggraver une situation humanitaire déjà dramatique. Ces militants ne se sont pas limités à exprimer leur inquiétude. Ils ont exigé de la communauté internationale qu'elle rompe le mur du silence entourant ces abus, en assumant pleinement ses responsabilités. Ils ont appelé à l'ouverture d'enquêtes indépendantes, destinées à établir la vérité, traduire les responsables en justice et garantir réparation aux victimes. Ils ont par ailleurs insisté sur le fait que la poursuite de ces pratiques, sur un territoire placé sous la juridiction algérienne, engage directement la responsabilité d'Alger. Celle-ci doit répondre, ont-ils rappelé, de son obligation juridique et morale de protéger les réfugiés sahraouis. Dans son témoignage, Mahmoud Zidane, militant des droits humains et ancien détenu du Polisario, a brossé un tableau sombre de la situation humanitaire dans les camps de Tindouf, situés au sud de l'Algérie. Il a décrit le climat de siège militaire imposé par les milices séparatistes, soutenues par le palais d'El Mouradia, transformant les camps en "véritables prisons collectives", selon ses termes. Zidane a détaillé les conditions de vie dans ces camps, administrés depuis plus de cinq décennies par des milices armées. Il a condamné avec fermeté les violations systématiques commises contre les réfugiés : arrestations arbitraires, disparitions forcées, torture, et persécution des militants opposés aux choix et aux politiques de Brahim Ghali, chef du Polisario. Il a en outre révélé que plus de 30 jeunes ont été tués par les forces algériennes alors qu'ils tentaient de franchir un poste militaire pour échapper à l'enfer des camps. Il a également signalé la documentation de 131 cas de disparitions forcées dans des centres de détention secrets administrés par le Polisario, sans qu'aucune enquête ne soit menée par les autorités algériennes, pourtant juridiquement et légalement responsables des camps. Pour Zidane, cette situation alarmante illustre les limites du système international des droits de l'homme en matière de protection des victimes. Il a lancé un appel urgent à la communauté internationale pour mettre fin à cette anomalie humanitaire, enquêter sur les violations, traduire les coupables en justice et indemniser les victimes, estimées par centaines. L'ancien détenu a aussi interpellé la communauté internationale sur la nécessité de faire pression sur l'Algérie afin qu'elle assume pleinement ses responsabilités et mette fin à la délégation de sa juridiction sur une partie de son territoire au profit du Polisario. Il a salué, par ailleurs, l'engagement du Maroc en faveur de la protection des droits humains. Dans le même sens, Mustapha Maelainin, représentant de la Commission internationale pour le respect et l'application de la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples (CIRAC), a tiré la sonnette d'alarme sur la situation préoccupante qui règne dans les camps de Tindouf. Il a évoqué le cas d'Ahmed Khalil, militant sahraoui des droits humains, victime de disparition forcée depuis 2009 et dont le sort demeure inconnu. Selon lui, l'activiste aurait été enlevé par les services de renseignement algériens en collusion avec le Polisario, en raison de ses critiques répétées contre la corruption généralisée dans les camps. Maelainin a affirmé que "l'affaire Ahmed Khalil reflète les pratiques répressives qui visent les voix dissidentes au sein des camps", soulignant la responsabilité directe de l'État algérien dans la protection des personnes présentes sur son territoire. Il a ajouté que "le silence qui entoure ce dossier est révélateur de la poursuite d'une politique d'impunité". Le représentant de la CIRAC a par ailleurs insisté sur le fait que les pratiques constatées dans les camps constituent une violation flagrante de la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées, à laquelle l'Algérie est partie. Il a exhorté le Conseil des droits de l'homme des Nations unies à activer ses mécanismes afin de faire pression sur les autorités concernées et de garantir aux familles des disparus leur droit à la vérité et à la justice. Sur la même lignée, le représentant de l'organisation "Ocaproce International", dédiée à la défense des droits humains, a exprimé une vive inquiétude face à la situation des militants dans les camps de Tindouf. Il a dénoncé les conditions alarmantes qui y perdurent depuis un demi-siècle : violations systématiques, blocus médiatique et militaire, et répression visant à empêcher toute révélation des abus ou toute exigence de justice. Face à ce constat accablant, l'organisation a exhorté le Conseil onusien des droits de l'homme à agir de manière urgente pour mettre fin à l'impunité dont jouissent les responsables de ces violations massives. Elle a également plaidé pour un soutien ferme à la solution juste proposée par le Royaume du Maroc afin de régler le différend régional autour du Sahara, garantissant une vie digne à l'ensemble des Sahraouis.