Les manifestations des jeunes traduisent une volonté de changement profond et une renaissance citoyenne, portée par des revendications légitimes en matière de santé, d'éducation, d'emploi et de développement durable. Toutefois, ces aspirations ne sauraient justifier les dérives violentes qui menacent la stabilité et la sécurité nationales, affirme un expert. Les récents mouvements de la jeunesse marocaine, notamment la génération Z, qui émergent au Maroc témoignent d'une quête sincère de réformes sociales et politiques, visant à renforcer l'équité et à améliorer les conditions de vie des citoyens. Bien que ces revendications soient légitimes et reconnues dans le cadre des libertés publiques garanties par la Constitution, leur expression doit toutefois rester conforme à la loi. Les actes de vandalisme et de destruction de biens publics ou privés qu'ont connu de nombreuses villes marocaines cette semaine, loin de servir la cause de la jeunesse, fragilisent les acquis démocratiques et appellent l'intervention des forces de l'ordre pour préserver l'ordre public et la stabilité nationale. Pour Abbas El Ouardi, professeur de droit public à la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales de Rabat, et directeur général du Journal Africain des Sciences Politiques, « les manifestations de la jeunesse marocaine traduisent une véritable renaissance citoyenne d'une grande importance, portée par une volonté de restructurer notre système partisan, politique et de communication envers le citoyen, en particulier les jeunes. Nous partageons leurs revendications, qu'il s'agisse de santé publique, d'enseignement, de développement humain durable, d'équité, de stabilité ou encore d'emploi digne et stable ». Il a souligné, dans une déclaration à Hespress FR, que cela ne doit en aucun cas être interprété comme une volonté d'instaurer un climat conflictuel avec les institutions de sécurité nationale. Chaque entité dispose de missions clairement définies dans un cadre juridique précis. La sécurité et la stabilité publiques constituent des piliers fondamentaux que les citoyens se doivent de préserver, tout en soutenant les forces de sécurité dans l'accomplissement de leur rôle, a-t-il poursuivi. Il est essentiel de leur accorder l'espace nécessaire pour instaurer un climat d'entente et garantir la pérennité de la sécurité à l'échelle territoriale et nationale. Notre interlocuteur a par ailleurs insisté sur le fait que le vol, la dégradation des biens publics ou encore la destruction des propriétés privées ne sauraient, en aucune circonstance, être considérés comme des moyens légitimes d'expression des revendications. Bien au contraire, de tels actes représentent des dérives condamnables qui appellent inévitablement l'intervention des forces de l'ordre afin de préserver la stabilité et l'ordre public. Il a également mis en garde contre certains comportements déviants de groupes qui, tout en se réclamant des mouvements de jeunesse, prônent la violence, la destruction et la haine. Or, a-t-il rappelé, la grande majorité des jeunes Marocains expriment leurs revendications de manière pacifique, sans lien avec ces dérives. « Il est important de rappeler à l'ensemble des citoyens, et plus particulièrement aux jeunes, que si leurs revendications sont légitimes et doivent être entendues, elles doivent s'exprimer dans le respect de la loi. La Constitution marocaine, depuis 1962 jusqu'à sa dernière réforme en 2011, garantit les libertés publiques, mais celles-ci s'exercent dans un cadre légal et responsable », a noté l'expert. Et d'ajouter : « Les libertés publiques, telles que consacrées par la Déclaration universelle des droits de l'homme ainsi que par l'ensemble des textes juridiques nationaux, sont reconnues et garanties. Cependant, leur exercice doit toujours s'aligner sur la loi en vigueur. Cela implique notamment la notification préalable des autorités locales lorsqu'il s'agit d'organiser une sortie, une manifestation ou tout autre rassemblement. Cette procédure est essentielle pour préserver la stabilité et la sécurité publiques ». Selon El Ouardi, le non-respect des règles encadrant la liberté de manifester met en danger les acquis démocratiques du pays et compromet un droit fondamental garanti à tout citoyen. Ce droit doit toutefois s'exercer dans le respect de la loi et de la Constitution, en coordination avec les autorités compétentes chargées d'assurer la sécurité nationale. « Le gouvernement, le Parlement, les partis politiques et les ONG sont présents pour accompagner la jeunesse marocaine. Il appartient donc à cette jeunesse de s'organiser, de structurer ses revendications et de privilégier le dialogue à travers des réunions programmées avec les décideurs, qu'ils soient gouvernementaux ou territoriaux », a-t-il insisté. Le professeur a ainsi affirmé son soutien à la jeunesse marocaine, reconnaissant son aspiration légitime à un changement bénéfique pour l'ensemble de la population. Il a toutefois exprimé une ferme opposition aux fauteurs de troubles, rappelant l'importance du respect de l'Etat de droit et la confiance accordée au pouvoir judiciaire, chargé de prendre les mesures nécessaires pour sanctionner les abus. « Il ne s'agit pas de condamner les jeunes qui revendiquent leurs droits de manière pacifique et légitime, mais bien ceux qui transgressent la loi et portent atteinte à la stabilité dont bénéficie le Maroc, une stabilité qui distingue notre pays par rapport à d'autres nations qui n'ont pas encore atteint ce niveau de sécurité », a conclu El Ouardi.