Un accord de défense signé entre l'Algérie et la Tunisie en marge de la récente visite du ministre tunisien de la Défense, Khaled Sehili, en Algérie, relance les interrogations sur les intentions du régime algérien et ses ambitions régionales, notamment en Afrique du nord. Alors que la région est en proie à des tensions, cristallisées autour de la question du Sahara, un pareil partenariat avec Tunis, ouvre la voie aux spéculations. Si l'intention et volonté d'Alger de contrecarrer le Maroc n'échappent à personne, les techniques pour y arriver se font multiples. L'une des dernières idées façonnées par le régime algérien consistait à créer un bloc régional excluant le Maroc, mais aucun pays n'a suivi le mouvement, à part la Tunisie du président Kais Saied. Entre tentative de contrecarrer l'essor diplomatique du Maroc et stratégie de domination régionale, la signature de cet accord de coopération dans le domaine de la défense, est présenté comme « une étape marquante dans l'histoire des relations entre les deux pays et un pas important dans le renforcement des relations militaires bilatérales », selon un communiqué du ministère algérien de la Défense nationale. « Ce n'est qu'un coup de communication interne destiné à masquer l'isolement régional du régime algérien », affirme le militant politique algérien Chawki Ben Zahra. Derrière l'accord de défense signé entre Tunis et Alger, de nombreux observateurs voient une tentative de récupération politique plutôt qu'un réel partenariat stratégique. Pour eux, face à l'affaissement de la légitimité régionale de l'Algérie, secouée par divers scandales diplomatiques et médiatiques ayant prouvé ses mensonges et manipulations, le régime militaire algérien devait se servir d'un autre acteur crédible pour redorer son blason. Dans cette logique, la Tunisie, fragilisée économiquement, serait davantage un partenaire contraint qu'un acteur souverain. Lors d'une rencontre entre le ministre tunisien et le chef d'état-major de l'armée algérienne, le général d'armée Saïd Chengriha, ce dernier a déclaré dans son discours que « les défis sécuritaires, économiques et géopolitiques auxquels fait face notre région exigent aujourd'hui, plus que jamais, un renforcement du travail commun selon une vision intégrée et clairvoyante, basée sur le dialogue, la coordination, l'échange d'expériences et des meilleures pratiques dans les domaines d'intérêt commun ». Le journaliste et opposant algérien, Chawki Ben Zahra, a réagi à cet événement en estimant que la signature d'un accord de coopération en matière de défense entre la Tunisie et l'Algérie serait avant tout « un événement destiné à une consommation interne et médiatique », soulignant que « le régime algérien tente, à travers ce genre d'initiatives, de produire une image positive à l'opinion publique, de montrer sa capacité à prendre des initiatives et à établir des alliances régionales, notamment dans ce contexte d'isolement régional étouffant auquel fait face l'Algérie en raison de ses crises répétées avec ses voisins du Maghreb et du Sahel ». Dans une déclaration à Hespress, le militant algérien a ajouté que « la dépendance de la Tunisie envers l'Algérie est devenue évidente, surtout ces dernières années où l'État tunisien, en proie à des crises économiques, s'est vu contraint de compter presque exclusivement sur les prêts et les facilités financières algériennes ». Selon lui, cet accord ne changera rien étant donné que la coopération sécuritaire entre les deux pays existe déjà. Il servirai surtout comme outil de communication pour se présenter Alger comme un acteur régional influent: « Cela reste un geste symbolique pour renforcer la narration du régime algérien, qui cherche à se présenter comme un acteur régional important, engagé dans son environnement, et qui fait croire que les pays voisins se précipitent pour signer avec lui des accords de défense ». Les observateurs rappellent qu'en réalité, ni l'Algérie ni la Tunisie ne font l'objet de menaces extérieures majeures nécessitant la conclusion d'un tel accord. Il s'agit plutôt, de renforcer la vassalisation de la Tunisie, et d'acter une supériorité face à ce pays voisin pris au piège de la politique interventionniste algérienne.