Le ministère de l'Habitat a relogé plus de 370.000 familles et réduit le déficit en logement de 326.000 unités fin 2021 à 270.000 fin 2024. Plus de 94.000 familles par an ont vu leurs conditions de vie s'améliorer grâce aux programmes « Villes sans bidonvilles », aux logements sociaux et au soutien direct à l'acquisition, a révélé mardi la ministre de l'Aménagement du territoire national, de l'Urbanisme, de l'Habitat et de la Politique de la ville, Fatima Ezzahra El Mansouri. Le Maroc continue de faire face à une pression urbaine croissante due à la migration rurale et à la faible capacité financière d'une grande partie des citoyens. Ces facteurs ont contribué à l'extension de l'habitat informel et des bidonvilles, aggravant la crise du logement et les conditions de vie dans certaines régions. Pour y remédier, le ministère a multiplié les programmes visant à améliorer les conditions de vie, encadrer le secteur du logement et diversifier l'offre disponible pour les populations ciblées. Lors de la séance hebdomadaire des questions orales à la Chambre des conseillers ce mardi, El Mansouri a détaillé les avancées du programme « Villes sans bidonvilles », lancé par le Roi Mohammed VI en 2004. Elle a indiqué que, jusqu'en septembre 2025, 62 villes et centres urbains ont été déclarés sans bidonvilles et que les conditions de vie de 370.384 familles ont été améliorées, pour un coût total de 63,72 milliards de dirhams, dont 14,65 milliards financés par le ministère. La ministre a souligné que la relocalisation des familles remplace désormais l'hébergement temporaire, une approche qui a permis de reloger environ 34.000 familles au cours des quatre dernières années, contre seulement 4.200 lors de la période précédente. Le nouveau plan quinquennal (2024-2028) cible 120.000 familles et repose sur une ingénierie financière innovante, la relocalisation systématique et l'ouverture au secteur privé pour accélérer la construction. Concernant l'habitat informel, la responsable a expliqué que le ministère a adopté une approche double permettant de régulariser la situation juridique des quartiers non équipés et les intégrer dans le tissu urbain via des infrastructures de base telles que routes, éclairage, assainissement, espaces verts et équipements collectifs. 130 accords de financement ont été signés pour un coût de 6,50 milliards de dirhams, dont 3,56 milliards apportés par le ministère, touchant environ 420.800 familles. La diversification de l'offre de logements constitue un autre axe majeur. El Mansouri a rappelé le succès des programmes de logements à faible coût (140.000 dirhams) et sociaux (250.000 dirhams), ayant permis respectivement la réalisation de 30.466 et 751.202 unités jusqu'en juillet 2025. Le nouveau programme de soutien direct au logement (2024-2028), destiné à permettre aux familles d'acquérir directement leur résidence principale, a suscité un engouement important : 68.332 bénéficiaires, dont 63% de jeunes de moins de 40 ans et 46% de femmes. Parmi eux, 62% ont reçu un soutien de 70.000 dirhams, et 38% de 100.000 dirhams. Selon la ministre, ces initiatives ont permis, sur les quatre dernières années, d'améliorer les conditions de vie d'environ 94.000 familles par an, soit plus d'un million de personnes, tout en réduisant le déficit en logement de 326.000 unités fin 2021 à 270.000 unités fin 2024. Sur le plan économique, le ministère a injecté plus de 30 milliards de dirhams sur le marché immobilier, avec la contribution de l'Etat avoisinant 5,5 milliards. La politique rurale a également été renforcée. Le programme de logements sociaux en milieu rural, lancé en 2019, n'ayant pas atteint ses objectifs initiaux, a été remplacé par le programme de soutien direct, qui a permis de reloger 4.000 bénéficiaires en milieu rural, soit plus du triple des réalisations des six années précédentes. Le ministère a été mobilisé pour construire 2.931 unités réparties sur 49 centres ruraux émergents, dont Sidi Rahal, Aït Ourir, Zagora et Dar Oulad Zidouh. Enfin, la ministre a insisté sur la simplification des procédures administratives, la modernisation du cadre légal de l'urbanisme et le renforcement de l'attractivité des zones rurales. Elle a cité l'exemple de la signature d'un accord avec notaires et administrations fiscales permettant que les frais d'acquisition pour un logement de moins de 300.000 dirhams ne dépassent pas 2.500 dirhams, une mesure destinée à encourager l'accès à la propriété des jeunes et des familles modestes.