En marge d'une visite officielle effectuée à Alger le 27 juillet, Massad Boulos, conseiller diplomatique du président Donald Trump, a exprimé une série de positions tranchées sur plusieurs dossiers sensibles, au premier rang desquels le Sahara (médiatiquement seulement) confirmant l'appui indéfectible de Washington au plan marocain d'autonomie. Dans un entretien publié par Al Watan, organe réputé proche du pouvoir algérien, M. Boulos a réitéré l'adhésion des Etats-Unis à la reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur le Sahara, une position consolidée par le secrétaire d'Etat Marco Rubio : «Le secrétaire d'Etat Rubio a réitéré que les Etats-Unis reconnaissent la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental et soutiennent la proposition d'autonomie sérieuse, crédible et réaliste du Maroc comme unique base pour une solution juste et durable au conflit.» Poursuivant son propos, M. Boulos a écarté toute autre alternative : «Les Etats-Unis continuent de croire qu'une autonomie réelle sous souveraineté marocaine est la seule solution envisageable.» Il a souligné que la feuille de route américaine repose exclusivement sur l'initiative de Rabat : «Le secrétaire a réaffirmé l'appel du président Trump aux parties pour qu'elles s'engagent sans délai dans des discussions, en utilisant la proposition marocaine d'autonomie comme seul cadre, pour négocier une solution mutuellement acceptable.» Cette déclaration, prononcée sur le sol algérien et dans un média étroitement contrôlé par les autorités, constitue un camouflet politique infligé au régime d'Alger, dont l'hostilité déclarée à l'égard du plan marocain est de notoriété publique. Un partenariat «crucial» dénué de toute mention du Sahara Dans le même entretien, Massad Boulos a fait montre d'une prudence calculée quant au contenu du partenariat américano-algérien, en usant de formules générales et sans jamais faire référence au Sahara, pourtant revendiqué comme dossier prioritaire par Alger. Evoquant ses entretiens avec Abdelmadjid Tebboune et Ahmed Attaf, il s'est contenté de rappeler l'ancienne coopération sécuritaire entre les deux pays : «Ce fut un grand honneur pour moi de visiter l'Algérie au nom du président Trump et du secrétaire d'Etat Rubio afin de développer davantage le partenariat entre les Etats-Unis et l'Algérie. C'est une relation cruciale pour les Etats-Unis.» Même réserve sur la prétendue proximité diplomatique, décrite en termes vagues : «La relation entre les Etats-Unis et l'Algérie est solide, et nos liens bilatéraux couvrent la coopération dans les domaines de la sécurité, de l'économie et de la culture.» Si la visite a permis la signature d'un protocole d'accord relatif à la coopération en matière de sécurité, Massad Boulos a néanmoins souligné que le rôle des Etats-Unis au Conseil de sécurité des Nations unies (ONU) serait de porter «des efforts communs» vers un règlement pacifique, sans toutefois reprendre aucun des éléments de langage du régime algérien. Un déséquilibre commercial assumé À la question de savoir si la récente hausse des droits de douane américains sur les produits algériens — portée à trente pour cent — risquait de nuire aux échanges bilatéraux, le conseiller de Donald Trump a justifié cette mesure au nom de la défense des intérêts économiques des Etats-Unis : «La décision du président Trump d'appliquer des droits de douane réciproques s'explique par l'urgence nationale causée par l'important déficit commercial des Etats-Unis.» Il a toutefois précisé que cette décision n'impliquait pas de rupture des relations commerciales avec l'Algérie, mais qu'elle devait être comprise comme une réaffirmation de la nécessité d'un commerce «équilibré et réciproque», selon ses termes. Interrogé sur la situation au Sahel, notamment au Mali, Massad Boulos a salué, du bout des lèvres, le rôle de l'Algérie en matière de sécurité régionale, tout en plaçant à nouveau le propos sur un registre général et impersonnel : «Le leadership et l'expertise de l'Algérie en matière de lutte contre le terrorisme et de stabilité régionale constituent des contributions essentielles.» Mais au-delà de ces formules diplomatiques, rien n'indique une volonté américaine de reconnaître à Alger un rôle moteur dans la gestion des crises régionales. En témoignent les termes impersonnels employés pour qualifier les échanges avec les autorités algériennes, réduites à un rôle de partenaires dans un effort collectif : «Nous sommes déterminés à travailler ensemble pour favoriser une paix et une stabilité durable au Mali et dans tout le Sahel.» En définitive, malgré la tonalité polie de l'entretien, Massad Boulos a confirmé, de manière feutrée mais sans ambiguïté, le déséquilibre profond entre la posture diplomatique du régime algérien et les choix stratégiques désormais assumés de Washington. Loin de concéder le moindre infléchissement, il a opposé aux revendications algériennes la fermeté tranquille d'une politique étrangère fondée sur des faits accomplis et des alliances établies. Un partenariat sans concession sur le Sahara Tout en réaffirmant l'importance du dialogue américano-algérien, Massad Boulos s'est gardé de toute formulation susceptible d'alimenter les prétentions diplomatiques d'Alger sur la question du Sahara. Au lendemain de son entretien avec Abdelmadjid Tebboune la semaine dernière, aucune mention relative à ce dossier n'a été consignée dans la déclaration officielle, contredisant les extrapolations publiées par plusieurs organes de presse affiliés au régime. «Nous sommes venus au nom du président Donald Trump pour approfondir le partenariat entre les Etats-Unis et l'Algérie», a déclaré M. Boulos, évoquant des entretiens centrés sur le commerce, la sécurité et «d'autres secteurs d'intérêt commun». Il a ajouté : «Nous avons présenté au président Tebboune la vision du président Trump en faveur d'une coopération capable de promouvoir la paix, d'endiguer le terrorisme, de sécuriser nos frontières et d'instaurer un commerce équitable bénéfique à nos deux pays, dans un esprit de respect et de dialogue.» Des interprétations fallacieuses émanant d'Alger Plusieurs commentateurs algériens ont suggéré, à tort, que cette visite constituait une reconnaissance implicite des thèses défendues par Alger sur le Sahara. Ces assertions ont été qualifiées, dans l'entourage du haut conseiller, d'«interprétations sans fondement, étrangères au contenu réel des échanges». L'absence explicite de toute référence à cette question dans le communiqué final a été relevée comme un indice probant du caractère exclusivement bilatéral et sécuritaire des discussions menées à Alger. Par cette réserve, soigneusement articulée, Massad Boulos a confirmé que, loin de toute équidistance, la diplomatie américaine persiste à traiter le dossier du Sahara dans un cadre distinct, exclusivement centré sur son alliance avec le Maroc et à l'écart des tentatives algériennes d'en faire un levier dans ses relations avec Washington.