L'Association marocaine des infirmiers en anesthésie et réanimation a adressé au Médiateur du Royaume, Hassan Tariq, une correspondance officielle afin d'attirer l'attention sur une situation juridique et professionnelle particulièrement délicate touchant une catégorie essentielle du personnel de santé au Maroc. Elle y appelle à une intervention urgente pour réviser l'encadrement de leurs missions et garantir une protection juridique et professionnelle équitable. Dans cette lettre, l'association souligne que la problématique centrale réside dans la contradiction entre les obligations légales et réglementaires imposées aux infirmiers. Les textes juridiques exigent en effet la présence d'un médecin anesthésiste-réanimateur pour superviser tout acte d'anesthésie, compte tenu des risques qu'il comporte. Parallèlement, le Code pénal impose au personnel infirmier l'obligation d'intervenir pour porter assistance à toute personne en danger imminent. Cette collision normative expose donc l'infirmier à une éventuelle responsabilité pénale s'il intervient pour sauver un patient en l'absence du médecin. L'association rappelle également que les actes d'anesthésie, par leur nature même, sont particulièrement sensibles et susceptibles d'engendrer diverses complications médicales — telles qu'une allergie sévère à certains médicaments, des difficultés respiratoires ou encore la nécessité de maîtriser une hémorragie — même lorsqu'aucune faute professionnelle n'est commise. Pourtant, le Code pénal actuel ne tient pas compte des spécificités de ces interventions, accentuant davantage la complexité du cadre juridique auquel sont confrontés les infirmiers. La correspondance, consultée par Hespress FR, met également en exergue une autre anomalie : le chirurgien se retrouve légalement responsable de la surveillance d'actes anesthésiques infirmiers pour lesquels il n'a reçu aucune formation spécialisée. Une telle situation expose à une responsabilité fondée sur une compétence non acquise, aussi bien pour le chirurgien que pour l'infirmier, et contribue à compliquer davantage la réalité professionnelle de cette catégorie de praticiens. Dans ce contexte, l'association sollicite l'intervention du Médiateur du Royaume pour intercéder auprès des autorités gouvernementales en vue de garantir les droits des infirmiers en anesthésie et réanimation. Elle insiste notamment sur la nécessité d'établir une liste précise des actes infirmiers selon les spécialités, afin de définir clairement les responsabilités et missions de chacun, tout en renforçant la transparence et la bonne gouvernance administrative. L'association appelle également, dans sa lettre, à la création d'un protocole national unifié pour l'anesthésie infirmière en situation d'urgence, accompagné d'une procédure administrative permettant de documenter systématiquement chaque cas d'anesthésie urgente. Elle recommande en outre la mise en place d'un dossier anesthésique national unifié, destiné à servir de référence en matière de responsabilité juridique et professionnelle. Par ailleurs, l'association plaide pour une révision de la criminalisation liée aux complications médicales imprévisibles et difficilement maîtrisables — telles qu'une réaction allergique sévère ou une détresse respiratoire aiguë — dès lors que les protocoles professionnels en vigueur sont scrupuleusement respectés. Elle demande, à ce titre, une intervention auprès du ministère de la Justice afin d'assurer une meilleure protection des praticiens. Enfin, l'association insiste sur l'urgence de cette action, jugée indispensable pour instaurer une véritable justice juridique et professionnelle au bénéfice des infirmiers en anesthésie et réanimation. Elle appelle à la définition d'un cadre de travail clair et équilibré, garantissant à la fois la qualité des soins prodigués et la protection des professionnels qui les assurent.