Alors que les visées du groupe Crédit du Maroc, propriété de la holding Holmarcom (famille Bensalah), sur la Banque Marocaine pour le Commerce et l'Industrie (BMCI) – filiale de BNP Paribas – sont désormais connues, les spéculations repartent de plus belle à la Bourse de Casablanca. Un autre poids lourd bancaire national serait également sur les rangs, ayant engagé depuis plusieurs mois des études de faisabilité pour une éventuelle prise de contrôle de l'établissement et de ses filiales. Des sources bien informées ont confié à Hespress que ce grand groupe bancaire marocain, entré en lice pour le rachat des 67 % détenus par la maison-mère française, mise sur sa maîtrise fine de la structure cible, tant sur le plan financier que commercial. Cette offensive survient dans un contexte marqué par l'hégémonie croissante des capitaux nationaux, illustrée par la récente reprise de la Société Générale Marocaine de Banques (SGMB) par le groupe Saham. Les sources soulignent un atout stratégique de ce nouveau concurrent : sa direction compte plusieurs anciens cadres de la banque convoitée, lui conférant un avantage certain dans la compréhension du dossier. Le marché n'a pas tardé à réagir à ces fuites. Lors de la séance du vendredi 12 décembre 2025, le titre BMCI a enregistré, à la mi-journée, un bond de près de 8 % par rapport à la moyenne, drainant un volume transactionnel supérieur à 22 millions de dirhams. Une effervescence alimentée par les informations faisant état de négociations avancées. Dans le même sillage, les titres des filiales du groupe Holmarcom, notamment « Crédit du Maroc » et « AtlantaSanad », ont affiché une progression notable oscillant entre 5 et 6 %. Les investisseurs guettent désormais l'annonce éventuelle d'une Offre Publique d'Achat (OPA), conditionnée par le feu vert de l'Autorité Marocaine du Marché des Capitaux (AMMC). De son côté, le groupe Holmarcom est sorti de sa réserve pour confirmer l'ouverture de discussions exclusives avec BNP Paribas. L'objectif : l'acquisition de la participation majoritaire de 67 % dans le capital de la BMCI, un tour de table où le groupe marocain siège déjà depuis trois décennies. Dans un communiqué laconique, le groupe met en avant la dynamique de croissance de son pôle financier, alignée sur les évolutions constantes du secteur au Royaume. Holmarcom précise toutefois en conclusion : « Ces discussions sont encore à un stade préliminaire et nous communiquerons en temps utile si ce projet devait se concrétiser, conformément à la réglementation en vigueur ». Ces nouvelles tractations s'inscrivent dans le vaste mouvement de « marocanisation » du secteur bancaire, caractérisé par le désengagement progressif des enseignes françaises. Après le retrait du Crédit Agricole (du capital du Crédit du Maroc) et de la Société Générale, cette nouvelle opération confirmerait la tendance de fond visant à consolider des champions financiers nationaux.