Face à l'intensification du stress hydrique, l'Office national de l'électricité et de l'eau potable (ONEE) et la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) ont ouvert des discussions autour d'un financement conséquent dédié à la modernisation des infrastructures de production d'eau potable. Cette initiative s'inscrit dans le Plan d'équipement 2025-2030 de l'Office et prolonge une coopération financière engagée depuis plus de dix ans. Le projet, actuellement en phase de concertation, vise à améliorer les unités de production d'eau potable existantes sur les plans technique et opérationnel, en mettant l'accent sur la maîtrise des consommations énergétiques et l'optimisation des rendements. L'enjeu est double : sécuriser l'approvisionnement dans un contexte de raréfaction structurelle de la ressource et renforcer la robustesse industrielle d'un service public soumis à des contraintes climatiques de plus en plus prononcées. Ces orientations ont été examinées lors d'une réunion de haut niveau tenue récemment au siège de l'ONEE, en présence de son directeur général, Tarik Hamane, et de Gregory Guyett, premier vice-président de la BERD, accompagné d'une délégation étoffée. Au-delà des perspectives de financement, les échanges ont permis de dresser un état des lieux détaillé d'un partenariat financier devenu structurant pour plusieurs segments des infrastructures énergétiques et hydrauliques du Royaume. Depuis 2013, la coopération entre l'ONEE et la BERD a permis de mobiliser un volume cumulé de 519 millions d'euros, orienté vers l'électricité, l'eau potable et l'assainissement liquide. Cette relation s'est progressivement enrichie de mécanismes financiers plus sophistiqués, à l'image du prêt de 300 millions d'euros signé en juin 2025. Conçu sous la forme d'un prêt lié à la durabilité, ce financement vise à consolider l'équilibre financier de l'Office tout en accompagnant l'évolution du système énergétique national vers des standards de moindre intensité carbone. Il s'agit d'une première pour le secteur de l'énergie dans la région MENA et sur le continent africain, selon la BERD. Dans le champ électrique, l'intervention de la Banque s'est matérialisée par des appuis ciblés à des programmes structurants. Le financement du Programme d'électrification rurale globale, à hauteur de 60 millions d'euros en 2013, a contribué à l'extension de l'accès à l'électricité dans des territoires longtemps marginalisés. En 2015, un concours de 35 millions d'euros a soutenu la réhabilitation des centrales hydroélectriques, participant au renforcement des capacités de production et à la valorisation d'un mix plus diversifié. Le secteur de l'eau constitue toutefois un axe ancien de cette coopération. Dès 2014, la BERD avait engagé 65 millions d'euros pour le projet d'approvisionnement en eau potable et d'amélioration des performances de la branche Eau de l'ONEE. Aujourd'hui en phase finale, ce programme affiche, selon l'Office, des résultats opérationnels jugés probants, tant en matière de fiabilité que d'efficience. C'est sur cette base que s'ouvrent les négociations actuelles autour d'un nouveau financement, appelé à soutenir la résilience hydrique du Maroc. Membre fondateur de la BERD et bénéficiaire de ses ressources depuis 2012, le Royaume a capté près de 5,9 milliards d'euros à travers 125 projets, confirmant la place centrale de cette institution dans le financement des infrastructures publiques nationales.