En maintenant le taux directeur inchangé à 2,25%, Bank Al-Maghrib confirme une posture prudente, portée par une inflation largement maîtrisée et une dynamique de croissance robuste. Une pause qui n'exclut toutefois pas un nouvel assouplissement en 2026. Bank Al-Maghrib (BAM) a conclu l'année 2025 sans surprise sur le front monétaire. Lors de sa dernière réunion de politique monétaire, l'Institut d'émission a décidé de maintenir son taux directeur (TD) à 2,25%, signant ainsi un troisième statu quo consécutif depuis la première baisse opérée en mars dernier. Cette décision, largement anticipée par le marché, intervient dans un contexte macroéconomique jugé favorable, marqué par une désinflation prononcée et une reprise soutenue de l'activité. Selon une analyse d'Attijari Global Research (AGR), ce choix traduit la volonté de la Banque centrale de consolider durablement les signaux de stabilisation des prix, tout en évitant un assouplissement prématuré. Depuis janvier 2024, l'inflation affiche en effet une tendance baissière continue, pour s'établir à seulement 0,1% en octobre 2025. Dans ce sillage, BAM a révisé à la baisse sa prévision d'inflation pour l'ensemble de l'année 2025 à 0,8%, un niveau nettement inférieur à sa cible de stabilité des prix fixée à 2%. En parallèle, la croissance économique offre des marges de manœuvre supplémentaires. Pour la quatrième fois consécutive, Bank Al-Maghrib a revu à la hausse ses prévisions de croissance pour 2025, désormais attendue autour de 5%, soit le rythme le plus élevé depuis 2021. Cette performance serait portée essentiellement par le rebond des activités non agricoles, soutenues par la vigueur de la demande intérieure, la reprise de la consommation et l'effort d'investissement public et privé. Dans ce contexte, souligne AGR, l'économie nationale ne justifie pas, à ce stade, des mesures accommodantes urgentes. Autre élément clé du diagnostic monétaire : la transmission encore partielle des précédentes baisses du taux directeur. Alors que BAM a réduit son TD de 75 points de base depuis le début du cycle d'assouplissement amorcé en septembre 2024, les taux débiteurs n'ont reculé que de 58 points de base sur la même période. Cette transmission différée incite la Banque centrale à temporiser, dans l'attente d'un impact plus complet sur les conditions de financement de l'économie. Sur le plan international, l'environnement reste contrasté. Tandis que la Banque centrale européenne observe une pause monétaire depuis mi-2025, la Réserve fédérale américaine a repris son cycle de baisse des taux au second semestre, dans un contexte de ralentissement économique modéré. Plusieurs banques centrales, notamment dans les économies émergentes, ont également engagé ou poursuivi des baisses de taux, renforçant l'idée d'un cycle global d'assouplissement monétaire à moyen terme. Dans ce cadre, Attijari Global Research estime qu'une baisse du taux directeur au Maroc en 2026 demeure un scénario crédible. La persistance d'une inflation contenue, des taux réels positifs et l'ampleur des programmes d'investissement structurants plaident en faveur d'un nouvel assouplissement, avec une première cible du TD envisagée à 2,0%. Une trajectoire qui permettrait de soutenir l'investissement et la croissance, tout en préservant les équilibres monétaires et la stabilité du dirham.