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Daifallah Yahdih, le «philosophe» du Polisario dans un entretien à La Gazette du Maroc : «Les séquestrés de Tindouf en ont ras le bol d'une situation qui ne sert que la direction du Polisario»
Publié dans La Gazette du Maroc le 05 - 06 - 2006

De retour au Maroc, le Cheikh Daifallah Yahdih ou le «philosophe», comme on l'appelait dans les rangs du Polisario, vient de regagner le Maroc après avoir longtemps milité pour les idées du Polisario et sa république chimérique. Dans un entretien à La Gazette du Maroc, il fait son autocritique et considère que le projet de large autonomie pour le Sahara est le meilleur moyen d'en finir avec un conflit artificiel qui perdure depuis trente ans. Il accuse la direction du Polisario et le pouvoir algérien de se nourrir des souffrances des populations séquestrées à Tindouf.
La Gazeette du Maroc : Comment expliquer votre décision d'abandonner le Front Polisario pour rejoindre le Maroc ?
Daifallah Yahdih : Au fait, on en a marre ! On a ras le bol de cette crise sans fin, de cette situation sans lendemain. De cette crise qui s'enlise et perdure depuis pratiquement trente ans. Nos populations continuent de souffrir le martyre dans les camps, alors qu'aucune solution pratique n'est en vue. On nous répète la même chanson, le même disque sur un futur Etat, une «république» dite sahraouie, une présumée autodétermination, mais nous ne voyons pas encore le bout du tunnel.
Les populations continuent d'être séquestrées dans les camps, alors que la direction du Polisario les a transformées en fonds de commerce dans le sud ouest algérien.
Je pense, cependant, qu'après l'annonce du projet d'autonomie interne au Sahara marocain et après que les populations séquestrées ont pris note de l'action entreprises ces dernières semaines par le Conseil Royal Consultatif pour les Affaires du Sahara (CORCAS), j'ai décidé de rentrer au Maroc pour contribuer à la l'action de ce conseil et pour apporter mes idées et contribuer à l'élaboration de ce projet qui s'inscrit parmi les prérogatives dévolues au CORCAS. De nombreux militants sahraouis appartenant à toutes les composantes de la population du Sahara sont prêts à contribuer à l'émergence de ce projet d'autonomie.
Comment avez-vous laissé la situation dans les camps ?
En réalité, les gens là-bas n'attendent qu'une bonne occasion pour quitter ces camps. Pour regagner leur patrie par un moyen ou par un autre. Ils vivent dans une zone désertique qui n'a rien à envier aux camps de concentrations nazis. Ces gens s'entassent sans aucun emploi précis. Ils attendent qu'on leur fournisse quelques kilos de sucre, de farine et d'huile. D'autres sont employés en tant que valets chez des responsables et de hauts dignitaires du Polisario. D'autres encore sont utilisés pour des missions de renseignement, d'espionnage et d'embrigadement des populations séquestrées et pour réprimer toute réaction hostile à la ligne prônée par le Polisario.
Avez-vous eu quelques renseignements sur ce qui s'est passé la semaine dernière dans les camps de Tindouf ?
Je pense que l'histoire est en train de se répéter. De nombreux séquestrés considèrent d'ailleurs que les événements de la semaine dernière sont une répétition de l'Intifada d'octobre 1988. Leur bilan est encore plus lourd même si les agences d'information n'ont parlé que de 17 blessés et 19 personnes arrêtées. Mes propres sources d'information au sein de la direction du Polisario multiplient ces chiffres au moins par trois. En réalité, la situation ne cesse de se dégrader dans les camps. Cela appelle le gouvernement marocain, la société civile en générale et sahraouie en particulier à bouger et à dénoncer les pratiques des milices du Polisario et de l'armée algérienne dans les camps de détention et de concentration. On doit tout mettre en œuvre pour sensibiliser la communauté internationale et l'inviter à former une commission d'enquête internationale chargée d'élaborer un rapport sincère sur ce qui s'est passé la semaine dernière dans les camps de Tindouf et Lahmada. Les agissements des milices du Polisario s'expliquent en particulier par les témoignages de certains jeunes lors de la dernière visite effectuée dans les camps par la commission onusienne des Droits de l'Homme.
Quelle a été sincèrement la réaction des populations séquestrées sur le projet d'autonomie interne que le Maroc vient d'annoncer récemment ?
Comme je viens de le souligner, les gens en ont ras le bol de cette situation de ni guerre, ni paix qu'il vivent depuis une bonne quinzaine d'années. Cela signifie tout simplement que si la situation perdure encore, leur vie ne connaîtra aucun changement, ce qui ne sert, en réalité, que les intérêts de la direction du Polisario dont les chefs ne veulent pas que les choses changent.
Cependant, j'ai la profonde conviction que les populations sahraouies ont bien accueilli le projet de large autonomie et apprécié les actions entreprises par Le Conseil Consultatif Royal pour les Affaires du Sahara (CORCAS). C'est ce qu'ont reflété les cris et les slogans genre «Vive le Roi», «Nous sommes tous marocains», etc. Car les gens sont désormais plus convaincus que jamais que ce projet d'autonomie, s'il lui arrive d'être appliqué, permettra aux populations séquestrées de retrouver leur pays et leur région et qu'ils pourront s'y exprimer, circuler en toute liberté et vivre en toute démocratie.
Malgré cela, la direction du Polisario et le pouvoir algérien restent farouchement opposés au projet d'autonomie, sous prétexte qu'il est en contradiction avec le principe d'autodétermination des populations sahraouies. Qu'en pensez-vous ?
Naturellement. Le bon sens veut que l'Algérie soit opposée à ce projet d'autonomie. Car s'il réalise, le rêve caressé par l'Algérie d'avoir un accès sur L'Atlantique via le Polisario et sa RASD va s'envoler. Il ne faut pas oublier que le complexe du Maroc chez les responsables algériens va se développer davantage au cas où cette solution serait envisagée. Ils perdront ainsi sur toute la ligne, après avoir tout fait durant près de quarante ans pour entretenir un conflit artificiel pour diviser ce royaume millénaire. Un pays riche d'une longue histoire, alors que l'Etat algérien ne date que de moins de cinquante ans. L'adoption de l'autonomie interne consacra ainsi la fin du rêve de la grande Algérie et du leadership algérien sur l'ensemble du Maghreb arabe.
Cependant, en plusieurs occasions, les responsables algériens ont affirmé qu'ils n'étaient pas concernés par le conflit du Sahara et qu'il s'agissait d'un conflit entre Marocains et Sahraouis. Qu'en pensez-vous ?
Si c'était ainsi, pourquoi l'Algérie abrite les bases militaires du Polisario ? Pourquoi abrite-elle les instances et les institutions de la «république sahraouie» ? pourquoi a-t-elle détenu sur son territoire des citoyens et des soldats marocains qui sont, selon la loi internationale, des détenus de l'Algérie. C'est à partir d'Alger que la thèse séparatiste de l'indépendance a été lancée. C'est à partir de ce pays que cette idée à été promue auprès des régimes totalitaires socialistes d'Europe de l'est, d'Afrique et d'Amérique Latine. Ce sont les pays qui ont été les premiers à reconnaître la RASD. Ces dictatures militaires qui se sont effondrées, l'une après l'autre, à la fin de la guerre froide.
Vous êtes parmi les cadres du Polisario qui ont suivi leur formation à Cuba. Est-ce que vous l'avez fait de votre propre gré ou on vous a obligé de le faire ?
Non, au fait, j'étais à Cuba de mon propre gré. Pour parachever ma formation universitaire. Le départ à Cuba m'a également permis d'échapper à la vie dure, à l'enfer des camps de Tindouf.
Mais le Maroc a toujours accusé le Polisario d'exploiter les jeunes sahraouis envoyés à Cuba dont on dit qu'ils sont exploités dans des tâches domestiques. Effectivement, en plusieurs occasions, les enfants des séquestrés étaient envoyés volontairement à Cuba. Cette stratégie avait un double objectif :
1• Endoctriner ces jeunes via l'idéologie communiste, marxiste-léniniste et prétendument socialiste, leur apprendre à haïr le Maroc et prendre comme idéal le modèle socialiste qui ne sert à aucun pays du monde sauf peut-être à Cuba.
2• Exercer, à travers ces contingents d'enfants expédiés chaque année, des pressions sur les familles pour les dissuader de rentrer au Maroc.
Quant à votre question sur l'utilisation et l'exploitation de ces enfants, il est de notoriété publique qu'ils sont utilisés dans les champs de canne à sucre, dans les usines de fabrication du célèbre cigare cubain. En ce qui concerne la formation académique, la plupart des jeunes envoyés dans les écoles, les universités et les instituts cubains spécialisés, les cours sont imposés. Nombre de ceux qui sont partis pour étudier, par exemple, la médecine se sont retrouvés dans des instituts de géographie. Ceux qui rêvaient d'une formation universitaire en mathématiques se sont retrouvés dans des universités de Physique, etc. Tout cela sans oublier le fait que, dès le retour à Tindouf, les diplômes et les certificats et documentaires d'études sont retirés à leurs titulaires afin qu'ils ne puissent jamais quitter les camps et rejoindre le Maroc.
Les populations sahraouies dans les camps ont-elles une idée sur le degré de développement atteint par les villes de Laâyoune, Dakhla, Boujdour, S'mara et les autres zones de l'ex-Sahara Espagnol, récupérées en 1975 ? Suivent-elles par exemple la Télévision et la Radio de Laâyoune ?
Vous n'êtes pas sans savoir que nos populations dans les camps sont mises sous séquestration permanente. Cela ne veut pas dire qu'elles ne suivent pas l'évolution et le train de développement économique et social mené dans les provinces sahariennes. Lors de l'opération des échanges de visites entre familles sous l'égide de l'ONU, de nombreux Sahraouis ont apporté à leurs frères dans les camps témoignages édifiants. Par contre, il est toujours difficile de capter la Radio de Laâyoune, en raison du bruitage opéré par les services du Polisario et les autorités algériennes tout autour des camps.
BOn vous appelle le «Philosophe». Quel est l'origine de ce surnom ?
(Rires). Cela remonte aux années 70, durant mes années d'adolescence et de jeunesse. Je reconnais avoir travaillé d'arrache pied pour propager des idées séparatistes en faveur du Polisario et pour l'édification d'un Etat indépendant. Mais avec le temps je commençais à me rendre compte et à sentir que j'ai commis une grave erreur. C'est ce qui explique mon retour aujourd'hui à la mère patrie pour œuvrer à l'unité entre le nord et le sud du Maroc
Entretien réalisé
par Al Mostapha El Asri
Traduit de l'arabe
par Omar El Anouari


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