Certains intellectuels marocains continuent à propager autour d'eux, l'illusion de l'école coloniale qu'ils regrettent au lendemain de l'indépendance du Royaume. Ils sèment la confusion dans les esprits en s'attachant exclusivement à ne relever que les tares du développement national. Cette attitude est d'autant plus répréhensible que la seconde chaîne télévisée (2M) leur ouvre ses portes pour colporter de telles insanités «néocoloniales». Certaines émissions brodées à l'emporte-pièce sur les ondes de la deuxième chaîne, dégagent, curieusement, de vifs relents de néocolonialisme. Certains «penseurs» en déficit d'idées innovantes, ne trouvent pas mieux que de déclarer sans vergogne : «Heureusement que la France a colonisé le Maroc». Ou si vous préférez, c'est grâce au « Protectorat que le Maroc est ce qu'il est aujourd'hui». La bêtise humaine, entendue de la bouche d'un Hamid Berrada, journaliste en mal de gloire à la recherche de nouvelles sensations, qui affirme que «c'est grâce aux grandes écoles françaises que l'éducation existe au Maroc». Ou encore cette élève du Lycée Lyautey de Casablanca qui a lancé sur le micro de 2M : «sans la France, il n'y aurait pas eu d'écoles au Maroc». Rien que cela. Incitant, ce faisant, la société marocaine à regretter le colonialisme «civilisationnel» de l'Hexagone au moment où ces intellectuels détracteurs se sont avérés incapables de bâtir le Maroc indépendant. Parasites qu'ils sont, de ne pouvoir rien sortir de consistant de leurs méninges «colonisées», pour s'adosser à l'ombre des autres. Et que voulait dire le Prix Goncourt, Tahar Benjelloun lorsqu'il s'est empêtré dans des contradictions douteuses, en révélant à l'écran : « je suis incapable de bien écrire en arabe et pour ne pas massacrer cette langue, je préfère massacrer le français » (sic). Heureusement, la cohérence dans les pensées est sortie de la bouche de Mohamed Tozy, qui reste serein lorsqu'il analyse l'effet de mode que suscite la langue de Voltaire dans les foyers minés par la culture du mimétisme occidental : « ce sont les classes moyennes qui ont tendance à privilégier la langue française car même l'anglais demeure marginal pour elles ». Il aura fallu la spontanéité bien pensée d'un Fouad Laraoui pour remettre les «néocolonialistes» à leur place : « pour bien parler la langue française, il ne faut tout de même pas être le petit-fils ou l'arrière petit-fils de Racine ». Et pan sur le bec ! Un très rude coup d'intelligence bien placée, faisant un net distinguo entre les «sauvageries» coloniales d'appropriation des richesses «indigènes» et «autochtones», en maintenant les pays mis sous le joug et pillés systématiquement, dans un état arriéré de développement, et d'acculturation mettant en compétition les richesses humaines dans la conquête des cultures occidentales. Hélas, comme Hamid Berrada et Tahar Benjelloun, en dépit de leurs statuts d'intellectuels marocains, bien d'autres Marocains, aigris ou inadaptés aux changements, surtout incapables d'assumer leur auto responsabilité pour un développement endogène de leur pays libéré de toute tutelle politique ou militaire étrangère, s'acharnent à tout éreinter at home pour nous rechanter les sempiternelles louanges de la «mission civilisatrice» des puissances coloniales. Des esprits mal inspirés, trempés dans la sauce néocoloniale, qui leur fait regretter le départ de Lyautey et le démantèlement des colonies du Protectorat au Maroc et en Tunisie et de peuplement en Algérie. Faisant semblant d'ignorer, ainsi, qu'un cinquantenaire d'indépendance et de souveraineté, a réalisé maints chantiers d'infrastructures et de réformes éducatives, refondu des secteurs économiques, modernisé, la fiscalité et les procédures d'investissements, établi la parité des genres avec le nouveau code de famille (ou presque), restructuré le champ religieux pour un Islam ouvert, tolérant et en phase avec les évolutions de la société moderne. Ces détracteurs «obscurantistes» n'ont décidément rien compris à la colonisation, en passant sous silence, les massacres collectifs de pans entiers de peuples soumis et l'héroïsme des résistances nationales pour l'indépendance et la dignité. Et par-dessus tout, c'est leur mépris de la langue arabe et leur complexe d'infériorité vis-à-vis de ceux qui manipulent la langue de Molière qui s'avèrent proprement dégoûtants. Alors qu'en face, il se trouve un Maurice Druon, pour couper le sifflet de ces corbeaux de l'apocalypse en témoignant sur antenne de la « richesse et la diversité des cultures arabes et africaines et leur complémentarité avec la langue française ». Citant, au passage, l'exemple du président démocrate Léopold Sedar Senghor, qui a apprivoisé la langue de Rousseau pour plaider les indépendances et promouvoir la négritude. Hamid Berrada et Tahar Benjelloun sont de piètres « analphabètes » si l'on se souvient de la fameuse définition donnée par feu Hassan II que «l'analphabète, aujourd'hui, n'est plus celui qui ne sait ni lire ni écrire, mais c'est celui qui ne connaît qu'une seule langue». En tout cas, à tous ceux qui persistent et signent à entretenir l'illusion criminelle du néocolonialisme «civilisationnel», nous leur rétorquons ce qui suit : «les Marocains savent très bien ce qu'ils ont à faire et le Maroc n'a pas besoin de vous pour relever ses nouveaux défis».