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L'Arabie Saoudite contre-attaque
Publié dans La Gazette du Maroc le 04 - 12 - 2006

Riyad, qui, en fonction du rapport Baker-Hamilton, craint un retrait de l'Irak et un changement d'attitude envers l'Iran, fait savoir désormais qu'elle jouera un rôle déterminant dans la défense des sunnites dans la région. Une position qui semblerait avoir des forts échos à Washington.
Lors de sa rencontre, jeudi derrnier à Paris, avec son homologue français, Jacques Chirac, le chef de l'Etat du Koweit, cheikh Sabah Al-Ahmad Al-Sabah, n'a pas caché ses inquiétudes à l'égard du retrait des troupes américaines de l'Irak. Ce qui, selon lui, ne déclenchera pas seulement la guerre civile dans ce pays, mais fera exploser toute la région du Moyen-Orient. La même discours a été soulevé lors de la visite du vice-président américain, Dick Cheney en Arabie Saoudite, il y a quelques semaines. Riyad, après concertation avec ses principaux alliés, l'Egypte, la Jordanie et certains pays du CCG (Conseil de coopération du Golfe) a annoncé qu'elle s'opposera aux rôles joués par l'Iran et la Syrie en Irak.
Le plus significatif dans cette nouvelle position saoudienne, c'est d'une part, sa menace d'implication directe dans ce pays voisin depuis son occupation par les forces de la coalition dirigées par les Etats-Unis ; et, de l'autre, sa mise en garde, pour la première fois, à la Syrie. Pour preuve, le roi Abdallah ben Abdel Aziz a déclaré, vendredi soir, qu'il soutiendra le gouvernement de Fouad Sanioura au Liban contre les actions menées par l'opposition libanaise épaulée par Damas. Les observateurs remarquent que c'est une des rares fois que Riyad prend position au pays du Cèdre pour une des factions contre l'autre. Ce qui veut dire que les Saoudiens veulent anticiper en contre-attaquant sur tous les fronts au Moyen-Orient. Ce, pour montrer aux Américains qu'ils tiennent la carte du monde sunnite qui constitue la majorité de la population de la région.
Cette réaction saoudienne a apparemment fait bouger l'establishment américain. En effet, le secrétaire d'Etat, Condoleeza Rice, a tenu, sur la côte de la Mer Morte en Jordanie, une réunion avec huit ministres arabes. Une rencontre en marge du «Forum d'avenir» visant à promouvoir l'initiative des réformes initiée par Washington. Les représentants de ces Etats sunnites, amis des Etats-Unis, ont affirmé d'une seule voix , qu'ils s'opposeront à la participation de l'Iran dans quelconque solution de la situation en Irak. Car, une telle éventualité aura pour conséquence, la réduction de leur influence dans la région. Dans ce même ordre d'opposition, les ministres d'Arabie Saoudite, de l'Egypte et de la Jordanie ont indiqué à la chef de la diplomatie américaine qu'ils déploieront les efforts nécessaires pour endiguer l'influence iranienne en Irak et réduire son pouvoir dans ce pays et aussi, faire face à ses ambitions nucléaires. Ces Etats arabes ont passé ainsi le message dans lequel, ils font savoir indirectement qu'ils ne laisseront aucune chance au groupe Baker-Hamilton qui compte relancer les négociations entre l'administration Bush et Téhéran et Damas.
On apprend de sources saoudiennes concordantes, que le roi Abdallah ben Abdel Aziz, a d'ores et déjà donné ses consignes à qui de droit et à tous les niveaux de son establishment, pour mener une vaste campagne de sensibilisation aussi bien officielle que populaire auprès du monde sunnite. L'objectif consiste à les mobiliser face à l'opération du «tachïih», déclenchée par Téhéran. Celle-ci commençant à menacer les régimes sunnites. Riyad n'hésitera pas, dit-on, à mettre le paquet pour contre-carrer ces percées chiites dans le monde sunnite. Dans ce contexte, une implication directe aux côtés de la résistance sunnites en Irak, de Forces du 14 Mars au Liban, et de l'opposition en Syrie, Frères musulmans et autres, est devenue maintenant à l'ordre du jour.
Le grand message
L'article publié jeudi dernier par le Washington-Post intitulé : «l'Arabie Saoudite défendra les sunnites si les forces américaines se retirent d'Irak» ne cesse de ranimer les débats et de poser les interrogations. C'est tout simplement par ce qu'il est signé par Nawaf Obeïd, le conseiller auprès du gouvernement saoudien , et plus précisément, le directeur du «projet de restructuration de la sécurité nationale saoudienne». Dans cet article, Obeid a rappelé qu'en février 2003, le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Saoud al-Fayçal a mis en garde le président Bush contre la solution d'un problème et la création de cinq autres s'il opte pour destituer Saddam Hussein par la force. Si le chef de la Maison-Blanche avait entendu ce conseil, l'Irak ne serait pas au bord du gouffre d'une guerre civile, et les Etats-Unis ne seraient pas dans de si mauvais draps. Obeid poursuit en espérant que les mêmes erreurs ne se produiraient pas si Bush négligerait les conseils de l'actuel amabassadeur Saoudien à Washington, le prince Turki al-Fayçal, le frère de Saoud et l'ancien patron des services de renseignements du royaume. Ce dernier avait répété dans un discours prononcé en novembre dernier devant des membres du Congrès américain que «du fait que l'Amérique est entrée en Irak sans invitation, elle devra se retirer sans invitation» ; et à Turki al-Fayçal de poursuivre : «si elle le faisait, les premières conséquences d'une telle opération seraient une intervention saoudienne de grande envergure afin d'interdire aux milices chiites soutenues par l'Iran de tuer les sunnites irakiens» .
Ces propos prouvent que les Saoudiens ont déjà mis en place leur stratégie concernant l'Irak avec ou sans retrait des Etats-Unis. Et, qu'ils tenteront de l'appliquer avec leurs alliés sunnites arabes avec ou sans l'aval de Washington. Car Riyad est désormais déterminé à défendre le monde sunnite et de devenir son seul et unique leader face à la percée et l'influence chiite. À cet égard, une source saoudienne bien informée affirme que l'Arabie Saoudite n'hésitera pas à financer le programme nucléaire que l'Egypte compte relancer après des années de gel, et qu'elle n'hésitera pas à déstabiliser la Syrie, comme dans le bon vieux temps, à travers le Liban et la Jordanie.
Le papier de Nawaf Obeid mérite une grande réflexion. Car, il évoque le rôle que pourront jouer les tribus arabes, sunnites et chiites, influentes en Irak, dont, entre autres, la puissante tribu de Choummar qui s'étend d'Al-Jazizah al-Arabia jusqu'en Syrie et en Irak. Rien n'est surprenant lorsqu'on sait que la mère du roi Abdallah ben Abdel Aziz est issue de cette tribu, ainsi que la mère d'Ezzat Ibrahim al-Douri, l'ancien vice-président de Saddam Hussein et l'actuelle figure de proue de la résistance irakienne. Obeid n'a pas caché l'intention de la direction saoudienne d'accorder l'appui militaire et financier aux sunnites irakiens. Mais le plus important, c'est que cette décision de la part de l'establishment à Riyad est soutenue par la nouvelle génération de la famille royale qui occupe maintenant des postes stratégiques d'autant qu'elle ne reculera devant rien pour voir le royaume d'Al-Saoud jouer un rôle plus influent dans la région. Un fait que les services américains ont pu découvrir, sur le tard certes. Les derniers rapports établis par ses services, notamment à la veille du lancement des travaux du groupe Baker-Hamilton, montrent que cette génération a aujourd'hui son mot à dire. Qu'elle a l'oreille du roi Abdallah et de ses proches conseillers et collaborateurs. En tout état de cause, force est de souligner que l'Arabie Saoudite en sa qualité de puissance économique au Moyen-Orient, du berceau de l'Islam et dirigeant de la communauté sunnite (celle-ci constituant 85% de la totalité des musulmans de par le monde), possède les moyens adéquats pour intervenir et par là, assumer les responsabilités religieuses dans ce sens. A Washington, il semble que les milieux influents au sein du Pentagone commencent à réaliser cette importance. Parmi les plus conscients le général John Abi-Zeid qui ne cesse d'appeler à donner des rôles plus significatifs aux Sunnites d'Irak. Une des conséquences de cette contre-attaque médiatique saoudienne, l'invitation par Bush du vice-premier ministre irakien, le sunnite Hachemi, à se rendre dans la capitale irakienne, début janvier prochain.
Acteurs et non spectateurs
Il y a quelques mois, notamment avant les dernières élections partielles du Congrès, il n'était pas question pour George Bush de retirer ses troupes, même en partie, de l'Irak. Aujourd'hui, après le revers politique qu'il vient d'essuyer, cette éventualité est devenue possible. De ce fait, la direction saoudienne ,n'attendra pas cette volte-face. Elle a d'ores et déjà commencé à réviser en profondeur sa politique irakienne. Cette dernière englobera, selon un proche du vice-chef d'état major des armées saoudiennes, le prince Khaled ben Sultan ben Abdel Aziz qui a visité la semaine dernière Washington et le Caire l'apport du soutien nécessaire aux dirigeants militaires sunnites (plus particulièrement les anciens de la Garde républicaine de Saddam Hussein qui constituent le noyau dure de la résistance). Autre soutien de la part de l'Arabie Saoudite, la création des milices sunnites à l'instar de celles crées par l'Iran. Dans ce cadre, Nawaf Obeid va très loin dans son analyse en indiquant que Riyad pourrait utiliser l'arme du pétrole pour perturber l'Iran. À cet égard, l'Arabie Saoudite envisagerait d'augmenter sa production et baisser ainsi les prix . Ce qui lui permettra, malgré cette initiative, de toujours financer ses alliés irakiens. Mais, en revanche, elle sera catastrophique par rapport à l'Iran qui ne pourra plus, le cas échéant, accorder des centaines de millions de $ aux milices chiites qu'il entretient aussi bien en Irak qu'ailleurs.
En dépit des pressions internes exercées sur l'administration Bush pour s'ouvrir sur l'Iran et la Syrie, force est de constater que cette dernière ne pourra qu'être à l'écoute des conseils saoudiens. Pour preuve, la visite de Dick Cheney a été consacrée uniquement à l'Arabie Saoudite. Ce qui montre l'importance qu'occupe ce pays, bon gré mal gré dans la stratégie moyen-orientale des Etats-Unis. Riyad est consciente de son importance géostratégique pour Washington et agit déjà en conséquence. Dans ce cas, il ne serait plus concevable qu'elle accepte de rester dans les rangs des spectateurs. En d'autres termes, continuer à assister au massacre des sunnites et l'influence des chiites se renforcer. Ce qui est contraire aux principes crées par feu le roi Abdel Aziz. Et par là, lui faire perdre sa crédibilité aux yeux du monde musulman, sunnite en particulier.
L'intervention de l'Arabie Saoudite en Irak comprend pas mal de risques, y compris le déclenchement d'une guerre régionale. Mais la direction saoudienne estime que ne rien faire pour contrecarrer l'invasion iranienne, chiite et perse, sera pire. De ce fait, Riyad est semble –t-il prête à assumer ses responsabilités et en payer le prix. La déclaration du premier ministre turc, TaeÏb Recep Erdogan, lors de sa récente visite à Amman va dans le sens de la contre-attaque saoudienne. «La Turquie s'opposera à la partition de l'Irak et ne permettra à aucune communauté de massacrer l'autre». Un message dont l'Iran et les Etats-Unis comprennent l'importance, surtout lorsqu'il vient d'un grand Etat sunnite de la région.


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