Dix introductions en une seule année, 71% de croissance, le cours d'une grosse capitalisation multiplié par 5 en six mois. Voilà quelques unes des réalisations de 2006 et ce ne sont pas les seules. A tout point de vue, l'année reste une exception. L'année 2006 a été riche en surprises. A tout point de vue, elle restera une année exceptionnelle dans l'histoire de la bourse de Casablanca. Elle aura connu une dizaine d'introductions, alors qu'en moyenne la place recevait une nouvelle entreprise cotée tous les dix ans. En outre la place a connu en 2006, la meilleure progression de son histoire, gagnant 71%. Bien entendu, les nouvelles introductions ont joué un rôle majeur dans cette évolution, mais ces dernières ont connu des fortunes diverses, certaines ont enregistré une progression très forte alors que d'autres n'ont pas eu les faveurs des investisseurs. C'est Addoha qui marquera les esprits à plusieurs égards. Elle a été introduite à 585 dirhams et qui termine l'année avec le cours de 2850 dirhams soit une progression de 387%. Le prix d'Addoha a donc failli être multiplié par cinq. La capitalisation boursière de l'entreprise est passée de moins de 8 milliards à près de 38 milliards de dirhams. En fait, il faut dire que cette évolution peut s'expliquer par plusieurs facteurs. D'abord, l'immobilier est en plein boom actuellement du fait d'un déficit énorme en matière de logements. Addoha qui est le leader incontesté du secteur, avec plus du tiers de la production, ne peut que bénéficier de cette mouvance. De plus, l'entreprise est très bien gérée, avec des procédés novateurs. Elle est d'ailleurs, l'unique entreprise du BTP à ne recourir qu'à des prestataires de services pour la construction de ses immeubles. Mais ce n'est pas le seul facteur, puisqu'Addoha est également la seule à disposer de guichets uniques en matière d'immobilier, avec l'ensemble des administrations nécessaires pour la cession-livraison d'un appartement. De plus, au cours de l'année, Anas Sefrioui a conclu plusieurs conventions d'envergure qui ont contribué à doper le titre. Il s'agit par exemple, de la convention avec le gouvernement conclu le 11 novembre 2006 et portant sur 11 milliards de dirhams. L'objet de cet accord est l'aménagement de la baie de Rabat, comprenant également le déménagement du zoo. On peut également citer la convention avec l'entreprise, émiratie, Al Qudra, conclue pratiquement une semaine plus tard après la première. Quoi qu'il en soit, avant chaque annonce, le marché était tenu en haleine par des bruits qui faisaient croître le cours. Et après chaque événement, le cours continuait de croître dans l'attente d'un autre événement. L'effet Addoha s'est déteint, sur d'autre entreprise proche de l'immobilier comme deux autres nouvelles introductions à savoir Colorado qui rejoint la cote en septembre, mais également Fénie Brossette. Colorado est une entreprise chimique mais qui produit de la peinture pour le bâtiment. En tout cas, les investisseurs ont vite fait le lien avec Addoha. Elle a été introduite en fin septembre au cours de 514 dirhams et le 8 décembre à la faveur de la hausse fulgurante d'Addoha, l'action avait atteint le cours de 1338 dirhams, soit une progression de 260%. Elle a à peine eu le temps de consolider ses gains. Mais à partir de là, elle devra céder d'abord aux prises de bénéfices ensuite à une correction, ce qui n'a jamais été le cas d'Addoha. Colorado terminera l'année en consolidant autour de 1000 dirhams. 2006, l'année des introductions Fénie Brossette, pour sa part qui n'a été introduite qu'en début décembre. Autant dire qu'elle ne disposait pas de beaucoup de temps pour s'inscrire dans les records durant ce court laps de temps. Pourtant, cédée à 295 dirhams sur le marché primaire l'action a clôturé l'année au cours de 996 dirhams, soit une performance de 228% en l'espace d'un mois. D'ailleurs, lors de cette séance du 29 décembre, elle a même atteint la barre psychologique de 1000 dirhams. Mais, ces nouvelles introductions n'auraient jamais pu à elles seules expliquer la croissance de 71% du MASI et de 76% du MADEX. D'ailleurs, ces introductions concernent toutes la seconde moitié de l'année, alors que la croissance avait débuté bien avant. Les six premiers mois de l'année sont marqués par une forte hausse au terme de laquelle, le MASI passe de 5576 à 8543 points soit une progression de près de 55%. On peut dire alors que cette hausse s'est faite en dehors des introductions en bourse. Pour cette forte progression du premier semestre, la bourse s'était appuyée sur des valeurs inattendues. Le Carton, les Grandes Marques de Conserves Réunies, Fertima ont réalisé durant cette période une progression qui dépasse la barre des 80%. Mais ce ne sont là que de petites capitalisations poussées surtout par des opérations de recapitalisations annoncées. Cependant, certaines grosses entreprises ont fortement contribué à cette hausse. C'est le cas du CIH par exemple qui voit l'arrivée de la Caisse nationale des caisses d'épargne (CNCE) doper fortement son cours, après que la CDG ait procédé à sa recapitalisation au terme d'une opération accordéon. Ainsi, le CIH a gagné près de 70% durant le premier semestre. La Sonasid connaîtra également un sort identique. Puisque la guerre de l'acier qui se déroulait sur le terrain européen entre l'Indien Mital Steel et le Français Arcelor se déteindra sur le sidérurgiste de Nador. En effet, ce dernier devait prendre des participations aux côtés des actionnaires majoritaires marocains que sont entre autres la SNI et certaines compagnies d'assurance comme la Mamda-Mcma. L'autre fait marquant c'est que la croissance a induit des volumes très importants. Les Marocains s'intéressent de plus en plus à la bourse et lors des introductions en bourse, la demande est relativement aussi importante pour les petits porteurs que pour les investisseurs institutionnels. C'est ce qui explique que la moyenne quotidienne des transactions est de 475 millions de dirhams en 2006. En 2005, cette même moyenne n'était que de 152 millions de dirhams. Cela veut simplement dire que les sociétés de bourse ont engrangé trois fois plus d'argent cette année que l'année précédente. On peut se rappeler, à titre anecdotique, qu'entre 2000 et 2003, certaines sociétés de bourse ont failli mettre la clé sous le paillasson à cause justement de la faiblesse des volumes des transactions. Aujourd'hui, c'est sans doute de l'histoire ancienne. Et selon toute vraisemblance une nouvelle société de bourse devrait voir le jour dans les semaines à venir. On en attend la confirmation. En 2006, on retiendra également que c'est l'année des introductions en bourse. Le nombre de sociétés cotées est passé de 54 à 64. Une dizaine d'introductions en bourse, on ne l'a jamais vu auparavant. Et, à part Addoha, qui pesait quelque milliards de dirhams au moment de son introduction ce ne sont que de petites entreprises qui ont décidé de tenir le pari de la transparence. Les entreprises comme Cartier Saada, Fénie Brossette, HPS, Involys, Mediaco, Colorado, SRM, sont toutes de très petites entreprises en comparaison avec les mastodontes comme l'ONA, la BMCE, la Sonasid, la Centrale Laitière ou la Cosumar. On est donc dans une nouvelle ère ou les entreprises comprennent que la transparence est une opportunité à saisir et non un coût à subir.