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Liban : Paris 3 côté jardin et Beyrouth côté cour
Publié dans La Gazette du Maroc le 29 - 01 - 2007

Le jeudi 25 janvier, le pays du Cèdre a eu la confiance de la Communauté internationale, arabe comprise, dans la conférence tenue à Paris sous le thème : «Soutien au Liban». Cette confiance s'est concrétisée par un vote en chiffres de l'ordre de 7,6 milliards de $. Reste à savoir maintenant si cet afflux et ce soutien exceptionnel pourraient ramener la stabilité perdue au Liban. Les optimistes sont certains alors que les réalistes en doutent…
Devant cette manifestation exceptionnelle qui a regroupé les représentants de haut niveau de 30 pays et 6 institutions financières internationales, le parrain de l'événement, le président français, Jacques Chirac, a indiqué que le «Liban est déterminé à renaître de nouveau. De ce fait, il a besoin plus que jamais du soutien de la Communauté internationale». Pour responsabiliser et sensibiliser encore plus l'assistance, le chef de l'Etat français a lancé une sorte de mise en garde en disant : «tout le monde doit savoir que la stabilité du Liban est essentielle pour celle de toute la région du Moyen-Orient».
En dépit de cet engagement profond de Jacques Chirac aux côtés du Liban et de son gouvernement dirigé par Fouad Sanioura, compagnon de route de feu Premier ministre Rafic Hariri, auquel Paris 3 a été dédié, les observateurs savaient d'emblée que l'aide dépassera celle de Paris 2, tenue il y a un peu plus de trois ans. Celle-ci qui avait collecté à l'époque environ 6 milliards de dollars. Le plus significatif dans ce qui s'est passé, c'est que les pays donateurs ont persisté et signé malgré que la dette du Liban est de 5 milliards de dollars et son service est de plus de 3 milliards en 2007. Le plus important aussi, c'est que les montants accordés sont répartis entre les quatre continents de la planète dont les pays présents étaient convaincus par le programme de réformes proposé par le gouvernement libanais et cautionné par la Banque mondiale et le FMI.
En bref, le message à travers Paris 3 était économique et financier par excellence. Néanmoins, il comprenait des titres et un contenu politiques adressés d'abord au peuple libanais, et par là, aux forces régionales qui, selon le secrétaire d'Etat américain, Condoleeza Rice, présente à cette conférence, entrave les efforts déployés pour stabiliser ce pays et moderniser son économie. Toutefois, le ministre libanais des Finances, Jihad Azaour, a indiqué à La Gazette du Maroc que la participation à Paris 3 était hors du commun pour un pays du tiers-monde. Pour preuve, le soutien unanime au programme de son gouvernement.
Pressions et réalités
De son côté, le gouverneur de la Banque centrale, Riad Salamé, a précisé que les aides octroyées au Liban depuis la fin de la deuxième guerre avec Israël, en juillet dernier, c'est à dire en six mois, se chiffrent à 10 milliards de dollars.
Si l'aide de l'Arabie Saoudite s'élevant à 1,1 milliard de dollars consacrés au soutien des projets d'infrastructures et au budget était la plus grande, force est de noter que l'apport des Européens et des Etats-Unis étaient, pour la première fois, équivalents voire un peu plus grand. De sources libanaises gouvernementales, on apprend que les engagements se chiffrant à 7,6 milliards de dollars, répartis sur des prêts à taux préférentiels et des dons de l'ordre de 730 milliards, pourraient participer à la résistance de l'économie libanaise. Surtout que 2 milliards de dollars couvriront une partie essentielle des besoins en financement du Trésor pour l'exercice en cours, soit 3,5 milliards de dollars. Par ailleurs, 2,208 milliards de dollars seront accordés sous forme de prêts au secteur privé libanais à travers les Fonds et les banques d'investissements arabes et étrangères. Dans ce cadre, on apprend que le déblocage de ces sommes sera coordonné avec le FMI. Une délégation technique de cette institution visitera la capitale libanaise dans les prochaines semaines pour mettre sur pied les mécanismes adéquats pour l'acheminement de ces fonds. Pis encore, le Premier ministre libanais, Fouad Sanioura, a laissé entendre que les 1,7 milliard de dollars de dettes du ministère des Finances dus à la Banque du Liban (Banque centrale) seront rayés.
Les représentants de l'Etat français à cette conférence Paris 3, n'hésitent pas à souligner que sans les pressions faites par les Etats-Unis sur certains pays et institutions financières internationales, il était difficile d'arriver à collecter ses 7,6 milliards de dollars. Ils précisent que ce résultat reflète sans aucun doute le volume de ces pressions. Car ce soutien mondial au Liban était contraire aux estimations du FMI qui s'est opposé au début à l'octroi de 9 milliards de dollars pour financer les besoins du Trésor. En tout état de cause, la traduction opérationnelle du succès de cette conférence reste liée au climat politique interne. Celui-ci ne semble pas propice, notamment, après les confrontations de rue entre opposants et partisans du gouvernement. A cet égard, les analystes politiques libanais craignent que ces confrontations jettent à l'eau les effets de Paris 3, et par là, redistribuent les cartes libanaises internes aux yeux de la communauté internationale.
Pour anticiper sur cette éventualité, le Premier ministre libanais, Fouad Sanioura, a tenu à indiquer, quelques minutes après la clôture de cette conférence, que ses retombées positives iront à tous les libanais sans exception et non pas au gouvernement et ses partisans. Il a de nouveau rappelé que sa main restera toujours tendue à l'opposition, surtout que le dialogue demeure l'unique voie pour sauver le pays.
Reste à savoir maintenant si les engagements de la Communauté internationale sauveront les Finances du pays ? à cette interrogation, les économistes à Beyrouth répondent que le Liban a besoin, d'abord, d'une forte croissance pour freiner la chute enregistrée en 2006. Ils estiment que Paris 3 est une chose importante, qu'elle apportera de l'argent qui permettra d'échanger une partie de la dette publique par une autre à des coûts moins élevés, et par là, participera à réduire le service de cette dette au niveau du budget. Un pas en avant qui coïncidera avec les promesses données par le gouvernement pour réaliser des réformes tant attendues. Mais le plus significatif, selon ces économistes, c'est que ces réformes se reflèteront, au cas où elles se concrétisent, sur la croissance économique. Cela dit, sur la création d'emplois, la réduction du chômage, l'arrêt de l'immigration de la jeunesse et la distribution des richesses d'une manière équitable entre les différentes régions et couches sociales.
Face à ce constat, certains de ces économistes considèrent que la croissance est chose facile que le gouvernement de Fouad Sanioura est capable de réaliser, notamment avec l'afflux des 7,6 milliards de dollars et un retour de la stabilité dans le pays, alors que d'autres, plus réalistes, estiment que la relance de la croissance est devenue beaucoup plus difficile avec la tension politique qui monte chaque jour d'un cran. D'autant que le pays est paralysé depuis la deuxième guerre avec Israël, depuis plus de cinq mois. De plus, ils ne croient pas aux promesses du gouvernement de réaliser des réformes économiques, financières et monétaires en profondeur au moment où environ la moitié des forces politiques considèrent que ce gouvernement est privé de toute légitimité, plus particulièrement après la démission des ministres représentant la communauté chiite.
Enjeux différents
Ce n'est pas un hasard si l'explosion de la situation entre les forces du 14 mars (majorité au pouvoir) et celles du 8 mars (l'opposition), a coïncidé avec la tenue de Paris 3. Ces derniers ont voulu, par là, passer un message aux pays donateurs selon lequel ils affirment: «le soutien que vous comptez apporter à ce gouvernement ne servira pas à grand-chose. Ce, tant que le consensus politique ne soit instauré, et les conditions posées par l'opposition ne soient concrétisées». En d'autres termes, la formation d'un gouvernement d'union nationale et l'organisation d'élections législatives anticipée. Ce que la majorité refuse toujours d'accepter, de peur de perdre ses pouvoirs. Les confrontations du jeudi dernier, dans les principales artères de la capitale libanaise, qui ont engendré la mort de 6 personnes et plus de 100 blessés, ce qui a incité l'armée à imposer le couvre-feu à la tombée de la nuit depuis cinq jours maintenant, devra faire beaucoup réfléchir les pays donateurs avant de mettre la main à la poche. Si Condoleeza Rice a critiqué, à partir de Paris, les actions de l'opposition libanaise qui, selon elle, joue le jeu de la Syrie et de l'Iran, le nouveau Secrétaire Général de l'ONU a appelé à un dialogue national qui ramènera la stabilité au Liban. De son côté, le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Saoud al-Fayçal, dont le pays soutient entièrement le Premier ministre Sanioura, tout en jouant un rôle de médiation avec ses opposants, a anticipé sur la situation explosive en déclarant que le royaume est à égale distance de toutes les parties au Liban. Même Jacques Chirac a essayé, dans une discussion rapide avec les journalistes libanais présents dans la salle des Conférences, avenue Kléber, de passer le même message. Cela dit, les plus concernés par Paris 3, notamment la France, sont conscients de la gravité de la situation et savent mieux que quiconque que l'argent promis n'arrivera pas si la tension actuelle persiste ou s'aggrave dans les semaines prochaines. Ce qui n'est pas exclu après que ces accrochages meurtriers ont frôlé les lignes rouges, à savoir les guerres confessionnelles entre Chiites et Sunnites, d'une part, et entre Chrétiens, d'autre part.
Ce qui a poussé les Saoudiens et les Iraniens, principaux joueurs à l'heure actuelle au Liban, à intervenir rapidement et efficacement pour freiner la dégradation de la situation. En effet, le roi Abdallah Ben Abdelaziz a dépêché, vendredi dernier, son émissaire le prince Bandar Ben Sultan à Téhéran pour inciter les Iraniens à faire pressions sur le Hezbollah pour calmer le jeu. Cette médiation a, semble-t-il, apporté ses fruits, pour l'instant certes. Mais selon les observateurs à Beyrouth, ce n'est qu'une trêve en attendant de voir si la majorité fera des concessions dans les prochains jours. Ce qui n'est pas jusque-là sûr, à moins que Riyad mette le paquet et la Syrie, qui reste un peu à l'écart, cautionne la médiation.


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