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Patrimoine architectural de Casablanca : Casablanca, l'avant-garde
Publié dans La Gazette du Maroc le 19 - 03 - 2007

Lors du précédent numéro, LGM est revenue sur les traces du premier grand urbaniste de la ville de Casablanca, Henri Prost. Engagé par le Maréchal Lyautey, il devait transformer le paysage urbain de la ville naissante tout en lui gardant un cachet particulier. Un pari réussi puisque la ville affichera dans les décennies qui suivent un visage urbanistique des plus avant-gardistes.
Comme nous l'avons vu (voir numéro 515 de la Gazette du Maroc), Henri Prost devait faire face à plusieurs problématiques d'ordre urbanistiques qui relevaient aussi de la culture, de la religion, des coutumes des Marocains tout en posant les premiers jalons d'une ville résolument moderne. Pourtant, ce visionnaire qu'était Henri Prost ne passera que huit ans au Maroc qu'il partagera entre Casablanca, Fès et d'autres villes. Un travail concentré dans le temps, mais dont les finalités sont bien définies. Quand il quitte le Maroc en 1923, les grandes lignes tracées par l'architecte et urbanistes sont les bases des travaux qui seront entrepris plus tard. Ce que l'on avait compris alors, c'était l'harmonie des styles. On pouvait innover, mais l'esprit de départ qui a présidé aux premiers plans d'aménagement de la ville devaient être pris en considération. Mieux encore, ils devaient parfois servir de sources d'inspiration pour imprimer à tout ce qui sera édifié une identité, un cachet, une empreinte qui fera la caractéristique de Casablanca. Autrement dit, quand on avait pensé à moderniser Casablanca, on avait aussi prévu toutes les dérives de l'anarchie liée fatalement à l'urbanisation des villes émergeantes.
L'entre-deux guerres : époque charnière
Les grandes lignes de ce qui suivra le départ de Prost sont claires. Pour le Service de l'Urbanisme, autorité de tutelle dans les années 20, c'était un impératif. Mais la situation économique et politique imposée par la fin des années 20 (la crise économique de 1929 a touché de façon conséquente le Maroc et surtout une ville et un port comme Casablanca) qui a vu le flux des populations rurales investir la ville, une dépression politique due aux tensions entre occupants et occupés, émergence d'une nouvelle vision de la ville… autant d'ingrédients historiques qui feront beaucoup de mal aux plans d'Henri Prost et surtout à ses visions pour l'avenir de la ville. Les exégètes de l'œuvre urbanistiques de Prost, nous apprennent qu' «Au niveau des extensions prévues par le plan Prost, rien n'aura été respecté». À cet égard, un point illustre tout le chaos qui sera vécu plus tard par les Casablancais. «La spéculation sur les terrains gèle l'espace intermédiaire entre des lotissements situés en bordure de mer et l'intérieur des terres». Et c'est cette infraction aux mises en garde de Prost et de Lyautey qui aura les conséquences les plus désastreuses : «Il s'ensuit une dispersion des lotissements privés. D'où un accroissement démesuré et chaotique de la ville». En fait, et pour résumer, l'anarchie que connaît la ville aujourd'hui puise son origine dans les années 20. C'est dire, déjà que jamais Casablanca n'a eu la chance de voir les projets d'urbanisme qui lui étaient consacrés au début du siècle dernier aboutir.
F.E.J
A Lire : Jean-Pierre Frey : «Henri Prost (1874-1959), parcours d'un urbaniste discret (Rabat, Paris, Istanbul…).
Emergence des bidonvilles
Contrairement aux idées reçues, les bidonvilles ne sont pas nés d'hier au Maroc et surtout à Casablanca. Leurs implantations dans le tissu urbain de la ville remonte aux années 30. Certains chercheurs iront jusqu'à affirmer que les premiers bidonvilles ont été construits dans les années 20, juste après le départ d'Henri Prost.
Les chercheurs sont d'accord sur un seul point : une ville qui s'étend à une allure aussi vertigineuse attire des habitants de tous les côtés. Elle est synonyme de prospérité et de réussite sociale. Ce changement de cadre s'appelle : l'exode rural. Et c'est la période de l'entre-deux guerres qui voit s'amplifier la tendance à l'exode rural, couplée, jusqu'en 1936, principalement à la colonisation agraire (menée de manière extensive) et à la construction des villes nouvelles. C'est simple : «les petits propriétaires terriens voient leur terres expropriées, rassemblées et constituées en vastes domaines qui transforment une agriculture de subsistance en instrument de production à grande échelle. S'ils ne se convertissent pas en ouvriers ruraux ou au métayage, ils émigrent massivement en ville où l'édification de quartiers européens», lit-on dans les archives des plans d'aménagements entre 1920 et 1950.
C'est là que l'histoire des bidonvilles, baraquements improvisés à la va-vite prend naissance. Il faut souligner ici que cette extension urbaine anarchique, ce boom du marché de l'immobilier, marié à l'effervescence d'une ville qui s'enrichit très vite demandent une grande et massive main-d'oeuvre. Cette main-d'oeuvre est puisée dans les villages voisins, les petites bourgades, les environs de la ville. Il faut les acheminer et surtout les loger. À la base, un bidonville, c'est surtout une habitation provisoire sur un chantier ou à ses abords en attendant la fin du projet. Les projets terminés, les nouveaux venus restent et ne démangent plus. Rien n'a été prévu pour les loger décemment. C'est la conséquence première de l'expansion des villes. Ces bidonvilles «spontanés» qui se situent en général près des lieux nouvellement construits sont pourtant condamnés par la loi. À ce titre, le dahir du 8 juillet 1938 est limpide et condamne tout dérapage qui défigure le paysage urbain des villes. Mais la réalité est telle, que les grands bidonvilles, tels ceux de Ben M'sik ou Carrières Centrales, sont issus de déplacements puis de regroupements des petites zones d'habitat précaire.
Mais le massacre ne devait pas s'arrêter à cette implantation dite spontanée. Ce qu'il faut savoir, c'est que ces grands ensembles de bidonvilles sont eux-mêmes déplacés par les autorités publiques, suivant que la ville s'étend. Les exemples et les statistiques sont éloquents à cet égard : Karyan Ben M'sik est quatre fois plus grand et plus dense et cela durera jusqu'à l'Indépendance. Karyan Centrale prend aussi quatre fois plus de place et occupe une zone immense à Casablanca.
Le dahir de 1938
Les archives de l'histoire de l'urbanisme de Casablanca nous apprennent, par exemple, que le premier emplacement du bidonville de Ben M'sik se trouvait dans les années 20 en lieu et place du quartier des Habous. Autrement dit, ce même quartier des Habous aurait pu ne jamais voir le jour. Mais il a fallu déplacer les baraquements pour étendre la ville plus loin vers la côte. Autre point à retenir dans ce long chapitre de la défiguration de la ville de Casablanca, c'est que de 1936 à 1952, le mouvement vers la ville prend encore plus d'importance, en raison des années de sécheresse (1936, 1937, 1939 et 1945) et de la reprise de l'investissement urbain après la seconde guerre mondiale. Que reste-t-il du plan Prost alors après tant de mouvements urbains et de changements de perspectives à une époque où l'on pouvait encore résorber le flux de l'exode rural et des constructions anarchiques? «Sa marque ne s'étend guère au-delà du périmètre 1920 d'une ville qui depuis a multiplié par 6 sa population...». C'est ce que résume amèrement Jean-Pierre Frey, l'un des plus grands spécialistes de l'œuvre et du parcours d'Henri Prost.


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