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Comment les services sécuritaires ont localisé le groupe terroriste de Hay El Farah : La nouvelle feuille de route antiterroriste
Publié dans La Gazette du Maroc le 16 - 04 - 2007

Casablanca l'a échappée belle une fois encore. Les investigations très pointues des services sécuritaires ont permis de localiser un groupe d'apprentis terroristes, en mal de cause, qui s'apprêtaient à passer à l'acte. La nouvelle stratégie adoptée au niveau de la DGSN, il y a quelques semaines, a démontré son efficacité et son excellent rendement à travers le ratage flagrant du groupe de Hay El Farah à Casablanca.
En ces temps, le doute n'est plus permis. Le Maroc est directement concerné par ce phénomène du terrorisme. Le fait est que depuis l'attentat du 11 mars 2007, et avant même cette date, la ville de Casablanca vit au rythme d'une traque interminable de quelques apprentis terroristes, produit de la société marocaine, en mal de vie, qui se donnent la mort, comme bon leur semble, créant ainsi une psychose toute particulière, comme c'est le cas à Hay El Farah à Casablanca le mardi 10 avril dernier. Un mois et jour pour jour après l'attentat-suicide du cybercafé de Sidi Moumen, un autre carnage similaire, mais à plus forte résonance, se produit dans l'un de ces quartiers de misère noire, qui ceinturent la capitale économique. Ce jour-là, l'onde de choc était terrible. Du plus haut responsable des sécuritaires au commun des Marocains, on ne comprenait pas. Les esprits s'embrouillaient, les questions se bousculaient, et les réponses étaient rares. On s'observait en silence.
On le savait, mais on a du mal à croire jusqu'à l'écriture de ces lignes, que quatre kamikazes, bien de chez nous, chez qui l'instinct d'auto-destruction et de destruction est plus fort que l'instinct de vie et de respect de la vie des autres. Cette fois-ci, ce ne sont pas des groupes de damnés, entraînés par l'effet de foule, qui font des descentes musclées chez les nantis, ou supposés comme tels. C'est un groupe d'individus isolés, enfermés dans des petits groupuscules en rupture de vie sociale, qui ont «explosé» la journée du mardi 10 avril. Des corps déchiquetés et des têtes arrachées, terreur à Casablanca comme dans toutes les villes du pays. Bilan de ce carnage: quatre bombes humaines, dont l'une a été abattue par les services sécuritaires, se sont faites exploser, un inspecteur de police, Mohamed Zinbiba, tué et une vingtaine de blessés parmi la population du quartier, plus ou moins graves selon une source policière. Mais que s'est-il réellement passé lors de cette journée sanglante à Hay El Farah ? Comment les services sécuritaires ont pu localiser la demeure où se sont réfugiés les apprentis kamikazes terroristes recherchés depuis le 11 mars dernier? Et quelle stratégie a-t-on adopté en haut lieu pour éradiquer le phénomène du terrorisme quel qu'il soit, où qu'il soit et d'où qu'il provienne? Selon une source policière, la traque des terroristes a démarré, il y a de cela trois semaines. Précisément, après l'arrestation du dénommé Raquich Abdelaziz, localisé près de l'école Al Massira au quartier Anassi à Casablanca.
Surveillance discrète
C'est ce dernier qui a avoué l'une des cachettes du groupe de Hay El Farah, les noms de ses complices ainsi que les projets terroristes qu'ils comptaient mettre à exécution. « Dès qu'Abdelaziz Raquich nous a avoué l'une des cachette du groupe terroriste de Hay Farah, nous avons tout de suite procédé à la mise en place d'un plan de surveillance très discret, qui a rapidement abouti à l'identification de l'un des individus recherchés dans le cadre de l'attentat du 11 mars. L'opération nous a permis également de localiser les trois kamikazes, en l'occurrence Ayoub Raydi, Mohamed Rachidi et Said Belouad qui se sont abrités dans une maison à Hay El Farah en face de la mosquée Al Abassi», nous a déclaré en substance un haut gradé de la PJ de la sûreté Al Fida. Et d'ajouter : «Une fois que les trois suspects se sont finalement réunis, il a été décidé de procéder à l'assaut à 4 h de la matinée du 4 avril dernier. S'ensuit alors une première confrontation avec le premier terroriste qui a été abattu par la police, le deuxième, cerné sur les toits, a préféré s'exploser à 4h45, un troisième qui revient à la charge vers 15h30, puis un quatrième à 19h30. Ce qui ne devait jamais arriver arriva. Reste alors la question, que va-t-on faire après le carnage du 10 avril 2007? Qu'a-t-on décidé au niveau de la sûreté du pays, tous corps confondus, pour s'immuniser contre toute menace terroriste qu'elle soit d'Al Qaida ou d'une quelconque organisation terroriste implantée dans le pays. Sur ce registre, plusieurs réunions ont eu lieu en haut lieu et toute une stratégie de lutte anti-terrorisme a été élaborée dans ce sens. En quoi consiste-t-elle alors ? D'abord, l'élaboration du profil des terroristes affiliés à la nébuleuse, qui s'activent dans le pays, comme c'est le cas des ex-vétérans du front afghan, qui détiennent un savoir non négligeable en matière d'armement et d'explosifs. Des photos des mis en cause, ont ainsi été distribuées à l'ensemble des préfectures de police et des sûretés du pays, pour pouvoir éventuellement les localiser et les appréhender par la suite.
Quadrillage systématique
C'est le cas également des détenus extrémistes graciés ou ayant purgé leurs peines. De même, les fiches de renseignements individuelles concernant les terroristes et intégristes d'obédience salafiste devront être réactualisées incessamment et faire l'objet d'une mise à jour quotidienne. Et pour ce faire, une vaste campagne de ratissage et d'assainissement, visant un quadrillage systématique, a été lancée par les services sécuritaires, à travers tout le pays, et couvrant essentiellement les points de vulnérabilité qui peuvent s'installer progressivement et servir de nids à d'éventuelles actions terroristes.
À ce sujet, les différents services de sûreté ont reçu des instructions claires et précises de la DGSN, pour renforcer la surveillance des chancelleries, des résidences d'ambassadeurs, des consulats et représentations d'organisations internationales, des administrations publiques, des grandes surfaces, des infrastructures d'énergie et stations d'épuration et de distribution d'eau potable, des sites touristiques et établissements hôteliers… Les forces de l'ordre ( notamment les patrouilles du corps urbain, les éléments du Makhzen mobiles, et les PS…) devront, selon une source policière, s'exhiber sur le terrain par des dispositifs apparents afin de rassurer à la fois la population et dissuader au mieux tout acte terroriste. Autres directives importantes de la DGSN : lister les détenteurs de permis de port d'armes ayant omis de le renouveler, identifier et répertorier les points noirs et lieux à caractère sensible dans la compétence de chaque préfecture de police, contrôler le transport et l'acheminement des matières explosives, inflammables, ou à caractère nocifs, la surveillance assidue des points de vente d'articles de chasse et la sensibilisation des gérants aux menaces existantes, le contrôle rigoureux des puisatiers et du matériel engagé dans ce genre d'activités ( mines et explosifs entre autres), la surveillance régulière des cybercafés en coordination avec les propriétaires pour justement signaler tous cybernautes d'allure suspecte, sensibiliser le personnel chargé du gardiennage des grandes surfaces sur le risque des sacs piégés et autres objets suspects abandonnés, et enfin, redynamiser la mission des patrouilles équestres, aptes à atteindre des sentiers inaccessibles aux véhicules. En matière de renseignements généraux, la DGSN a également établi une nouvelle stratégie en termes de moyens en structures spécialisées, en compétences humaines et en budget de financement. Un dispositif qui converge vers un mot magique, objet de craintes et de fantasmes, de mystères et de mythes : le renseignement.
Le renseignement pour se prémunir, le renseignement pour prévenir, le renseignement pour anticiper, le renseignement pour contre-carrer; bref, le renseignement comme outil de sécurisation du territoire et de la population. Mais aussi le renseignement dans ses nouvelles dimensions économiques, scientifiques et technologiques; des dimensions qui rompent avec l'ancienne conception, exclusivement politique. Et sur ce registre, il a été décidé que toute information collectée par les services des RG du pays, doit être absolument transmise sans délai aux services concernés pour vérification, recoupement et exploitation ultérieure. L'émigration clandestine n'est pas en reste des préoccupations des forces de l'ordre qui doivent se mobiliser davantage dans leur lutte contre ce fléau susceptible d'être utilisé à d'autres escients par des nébuleuses terroristes. En clair, la feuille de route décidée en haut lieu au niveau du ministère de l'Intérieur, a bel et bien démontré son efficacité et son excellent rendement. Preuve en est le ratage flagrant du groupe de Hay El Farah, en mal de cause et de vie, qui s'est donné la mort le 10 avril dernier.
3 questions à Chakib Benmoussa, ministre de l'Intérieur
«Les services de sécurité sont en alerte générale»
LGM : Y a-t-il un lien entre les évènements du 11 mars et du 10 avril 2007 et l'arrestation d'un gros poisson comme Saâd Houssaïni, l'un des chefs militaires du GICM ?
Chakib Benmoussa : Pour nous, il n'y a aucun lien entre ces évènements et un tel cas. Par contre, ce qu'il faut savoir, c'est que les services de sécurité au Maroc sont en alerte et travaillent d'arrache-pied depuis le mois de février suite aux informations qui ont fait état de l'encadrement et de l'entraînement de plusieurs activistes marocains dans la région du Sahel.
Un avis de recherches international a été lancé concernant 43 individus dont pas moins de 20 individus vivent à l'étranger et huit toujours en fuite. D'un autre côté, depuis le 11 mars, nous avons procédé à l'arrestation de 31 individus. Il reste trois ou quatre suspects en fuite et nous sommes sur leurs traces.
Pensez-vous qu'il y a des liens avec les attentats en Algérie le 11 avril 2007 ?
Absolument pas. Nous sommes ici face à des groupes locaux qui agissent dans l'anarchie. Ni le timing, ni la logistique ni les moyens utilisés ne sont les mêmes pour les évènements à Casablanca et les attentats en Algérie. Au Maroc, c'est grâce à l'intervention des forces de sécurité que les kamikazes se sont donnés la mort. Nous avons devancé les projets des terroristes et nous les avons contraints à se manifester, ce qui n'est pas le cas en Algérie. D'un autre côté, il ne faut voir aucun symbole dans les dates du 11 mars 2007 et du 11 mars 2004 en Espagne. Encore une fois, ce sont nos services qui ont décidé du timing et non les terroristes.
Casablanca est-elle la seule ville visée au Maroc ?
Non, elle n'est pas la seule. Il y a d'autres villes qui font l'objet d'un travail de fond de la part des services de la police qui ont toujours une longueur d'avance sur les terroristes. Mais Casablanca demeure le centre vital du Royaume, et elle a toujours été au centre de nos préoccupations. Sans oublier que le 16 mai 2003, c'est la ville de Casablanca qui a été la cible.
3 questions à Charki Draïss, dG de le DGSN
«Nous sommes parés à toutes les éventualités»
LGM : Après le démantèlement de la cellule du 11 mars 2007 et les évènements du 10 avril, pensez-vous que le Maroc est à l'abri d'autres tentatives terroristes ?
Charki Draïss : On ne peut rien affirmer pour le moment surtout que nous sommes toujours derrière dix autres kamikazes qui sont toujours en fuite.
Mais ce qui est sûr pour nous, c'est que le travail fourni par les services de police et les investigations en cours nous ont permis à chaque fois d'être en avance par rapport aux terroristes.
Et comme vous pouvez le constater vous-même, ce sont toujours les interventions de la police qui ont déclenché ces actes désespérés. Nous n'avons jamais laissé le temps aux terroristes de passer à l'action.
Certaines sources étrangères parlent de relations avec d'autres groupuscules terroristes en Europe, qu'en dites-vous ?
Jusqu'à présent, le groupe du 11 mars et celui du 10 avril sont considérés comme des groupuscules locaux qui agissent par des moyens rudimentaire et un matériel artisanal. Selon nos investigations, rien ne nous permet à l'instant présent de faire le lien avec d'autres formations terroristes en action à l'étranger. Ceci dit, il est très tôt de parler de relations avec l'étranger. Il faut attendre la suite des investigations.
Quelles sont donc les mesures prises après ces deux évènements ceux du 11 mars 2007 et du 10 avril ?
Il y a une nouvelle feuille de route dans la lutte contre le terrorisme. Et nos services ont déjoué de nombreuses tentatives d'attentats grâce à une très bonne connaissance du dossier du terrorisme au Maroc. Il faut ajouter à cela que nous sommes conscients du danger et que nous sommes parés à toutes les éventualités.


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