Un tabou vient d'être brisé au Maroc. Les fondateurs d'une nouvelle formation politique, le Parti de la Société Démocratique (PSD), ont décidé de hisser une femme au poste de secrétaire générale : Zhor Chekkafi. C'est une première dans les annales politiques marocaines : une femme à la tête d'un parti politique marocain. Zhor Chekkafi, membre de la Chambre des représentants, élue sous les bannières du PPS en 2002, se retrouve à la tête du Parti de la Société Démocratique (PSD), une nouvelle formation politique dont la création est quasiment bouclée. «Lors de la deuxième semaine du mois d'avril, nous avons déposé notre dossier au ministère de l'Intérieur, et nous souhaitons recevoir bientôt notre récépissé définitif», a souligné Zhor Chekkafi, dans un entretien accordé à LGM. Zhor Chekkafi a expliqué que l'idée de créer ce nouveau parti est née en 2002. «Nous étions plusieurs camarades à développer cette idée de créer un parti politique», assure-t-elle. En fait, ces «camarades» ont estimé que les «actuels partis politiques, même les plus progressistes d'entre eux, manquent affreusement de transparence et de démocratie interne». Zhor Chekkafi tire à boulets rouges sur les dirigeants de ces formations classiques. «Il est navrant de voir des caciques qui tiennent à leurs sièges au sein des instances des partis, et ce, depuis des décennies», affirme Chekkafi. Avant de présenter les différentes étapes accomplies pour la concrétisation de ce projet, attardons nous sur l'élection de cette femme à la tête du parti. Tout d'abord, «notre parti n'est pas féministe, contrairement à ce qui a été annoncé par certains milieux», assure d'emblée Zhor Chekkafi. Elle en veut preuve sa composition : le parti compte déjà plus de 400 personnes. Parmi eux, il n'y a que quatre femmes seulement. Les membres fondateurs ont une vision particulière de la politique. Au moment où le Maroc connaît des avancées remarquables dans le domaine des droits de la femme (code de la famille, loi sur la nationalité…), les membres fondateurs ont voulu donner un signal fort à toute la classe politique en réservant le premier mandat du secrétaire général à une femme. «Mes camarades ont voulu briser un tabou», souligne Chakkafi. Le choix de cette dernière s'explique aisément. Elle jouit d'une forte expérience dans le domaine politique et associatif. «Notre parti sera démocratique et progressiste», ajoute la députée sahraouies de son père et tétouanie de sa mère. En 2005, l'idée s'est nettement développée. «Nous sommes devenus beaucoup plus nombreux que trois ans plus tôt», souligne-t-elle. Le noyau dur était représentatif de onze régions marocaines. Il y avait des professeurs universitaires, des médecins, des ingénieurs, des agriculteurs… Docteur en droit, Zhor Chekkafi compte à son actif une multitude de conférences et de recherches dans le domaine juridique. Elle a enseigné le droit en tant que professeur à la faculté des sciences juridiques économiques et sociales de l'université Mohammed Ier d'Oujda, puis celle de Hassan 1er de Settat et enfin à l'université Ibnou Toufaïl à Kenitra. Zhor Chekkafi est, entre autres, déléguée de la commission de l'agriculture, du développement rural et des eaux et forêts de la région d'El Gharb Chrarda Beni Hssen. Elle est aussi députée parlementaire, élue, alors qu'elle occupait la deuxième place dans la liste nationale du PPS. Une formation qu'elle quitte rapidement. C'est la première femme au sein de la Chambre des représentants, à avoir démissionné du parti avec lequel elle a été élue. «C'est un statut que je ne voulais pas avoir», ironise Chekkafi. Mais j'ai été farouchement combattue au sein du PPS. Toutes mes propositions, dont certaines étaient très pertinentes, étaient systématiquement rejetées. En attendant la constitution du parti, elle a rejoint le groupe Haraki. Néanmoins, son engagement dans la vie politique ne l'empêche pas d'être un membre très actif dans la vie associative. Ainsi, Zhor Chekkafi est présidente de la Fédération marocaine des associations d'aide à l'enfant à Sidi Kacem, présidente de l'association marocaine pour l'encouragement à la qualité et membre de plusieurs comités au sein de nombreuses associations. 3 questions à Zhor Chekkafi L.G.M : Les élections de septembre prochain font-elles partie de vos objectifs ? Z.C. : Effectivement. C'est un défi que nous avons décidé de relever. Tous les camarades du PSD ont convenu qu'en dépit de notre jeune âge, nous devions nous inscrire positivement dans les préparatifs des prochaines échéances électorales. Ceci dit, nous ne voulons pas faire de notre parti une boutique à distribuer des accréditations électorales. Nous préférons avoir une poignée de députés sérieux et travailleurs qu'une pléthore de parlementaires qui terniront l'image de marque de notre formation. Qu'est ce qui différenciera le PSD des autres formations déjà existantes ? A titre d'exemple, nous avons prévu un certain nombre de garde-fous afin d'assurer une place de choix à la jeunesse. Nous ne voulons pas que les jeunes fassent de la figuration, comme c'est le cas dans bon nombre de partis politiques marocains. Pour ce faire, nous avons un règlement intérieur et un statut extrêmement strict. Le but est de barrer la route aux opportunistes et aux arrivistes dans la politique. Nous espérons d'ailleurs que tous les partis fassent de même. Qu'en est-il des mandats, de leur nombre et des conditions d'éligibilité ? Tout d'abord, il est interdit qu'un cadre du parti cumule plus d'une présidence à la fois, qu'elle soit locale ou centrale. En d'autres termes, un secrétaire général ne peut être président d'une section locale. En parlant de secrétaire général, il ne peut assurer plus de deux mandats consécutifs. Je tiens à préciser que chaque mandat dure cinq ans