On a pu noter que notre politique nationale se modernise considérablement. On peut affirmer que cette modernisation est encore plus pointue qu'on ne le pense, et qu'elle permet de dépasser largement la démocratie des pays développés. La nôtre atteint le stade scientifique par la médicalisation. Chacun sait que notre démocratie intéresse trois partenaires, la classe politique, la société civile qui convergent toutes deux vers le corps électoral. Parmi les partis politiques deux retiennent l'attention. Il s'agit du parti de la justice et du développement, ainsi que du parti pour le progrès et le socialisme. Ces deux partis avaient envisagé un temps de s'allier, en vue des prochaines élections à l'époque -pas si lointaine- où les programmes n'étaient pas jugés d'une grande nécessité. Ce qui est frappant aujourd'hui, en dehors du fait que des programmes émergent, signe évident de modernité, c'est que chacune de ces organisations, compte parmi ses dirigeants, un psychiatre. Ce qui attire davantage l'attention c'est que la société civile a aussi le sien. Signe certain de modernité mais surtout d'avant-garde. Pour dissiper toute inquiétude que pourraient inspirer les 600.000 fous nationaux, il n'existe aucune preuve que cette tranche de la population soit répartie entre les organisations politiques. En revanche, ces handicapés mentaux se recrutent parmi les électeurs, partie intégrante de la société civile, explique probablement la présence au sein de celle-ci, d'un psychiatre, professeur de surcroît, pour lequel les plateaux de télévision n'ont aucun secret. Cet éminent praticien apolitique, de par son appartenance, qui ne lui donne pas qualité pour se présenter aux élections, s'implique malgré tout dans les débats de politique générale. Parfois, aussi des émissions spécifiques le sollicitent. Cela ne doit pas inquiéter, mais donne à réfléchir. Qu'on se souvienne. Les années de plomb étaient calées entre l'ouverture et l'alternance octroyées. La première ouverture avait été dévolue à l'un des dirigeants du défunt PLS, aujourd'hui PPS. On peut considérer que ce parti a été l'entame. Mais ce n'est pas le plus important. Ce qui est intéressant et a peut-être un sens, c'est que ce militant avait été recruté pour présider aux destinées de l'éducation Nationale. Est-il nécessaire de préciser que cet ancien ministre était et est toujours psychiatre et professeur, dont les qualités sont reconnues. Il faut ajouter qu'il était tout à fait sensé de confier à un psychiatre, l'éducation nationale qui est toujours un casse-tête. Toutefois, ce qui était une exception, est devenu non pas une règle, mais une banalité. L'interrogation est donc légitime, puisque la psychiatrie atteint deux partis politiques qui comptent, sans oublier la société civile. Les électeurs sont donc tous interpellés. Ce qu'on ne sait pas (il faudrait enquêter), c'est dans quelle mesure ce sont les partis qui ont choisi les psychiatres ou l'inverse, étant entendu que la société civile n'en peut plus. On ne sait pas non plus si chaque parti dispose d'une cellule psychologique. De tout cela, il ne faut pas tirer de conclusion outrancière et en inférer que les Marocains constituent un grand corps malade. L'exceptionnalité est notre meilleur bouclier, le Marocain étant par ailleurs «sui generis». Nous n'avons rien à voir avec un Salvador Dali qui disait : «La différence entre un fou et moi c'est que moi je suis fou.» Fou d'argent. Puisqu'il est question de psychiatrie, on ne sait pas si un calligraphe saurait dessiner sur le corps nu de Tzipi Livni des fragments de la Thorah en hébreu et à l'encre de Chine.