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DENOËL PUBLIE LES TROIS DERNIERS VOLUMES DES ŒUVRES COMPLÈTES DE BLAISE CENDRARS (1887-1961) : Cendrars du bout du monde
Publié dans La Gazette du Maroc le 31 - 07 - 2007

«Pourvu que ça soit bien vivant», écrivait Cendrars. Et la publication par Denoël des trois derniers volumes des œuvres complètes de Blaise Cendrars et la réédition de la biographie écrite par sa fille Miriam (Blaise Cendrars : la vie, le verbe, l'écriture), rend à la fois la vivacité de cet auteur hors pair doublé d'un légionnaire audacieux, poète et écrivain prolixe, un ogre de la vie, un Bourlingueur sur La Prose du Transsibérien.
Dans Bourlinguer, Blaise Cendrars (lisez aussi braises et Cendres), disait :
«Ecrire n'est pas mon ambition, mais vivre. J'ai vécu. Maintenant j'écris. Mais je ne suis pas un pharisien qui se bat la poitrine parce qu'il se met dans un livre. Je m'y mets avec les autres et au même titre que les autres. Un livre aussi c'est la vie. Je ne suis qu'un con. Et la vie continue. Et la vie recommence. Et la vie entraîne tout. Je voudrais savoir qui je suis?...». Il est vrai que la vie de Cendrars (de son vrai nom Frédéric Louis Sauser) est un trop plein de tout. Un excès, une orgie, une exaltation des sens, des mots, des amitiés, des rencontres, des perditions. Blaise Cendrars a vécu. Et foutrement. Les affres, la beauté, la privation, la connaissance, le voyage, une main emportée par un obus durant la grande guerre qui accouche d'un magnifique testament, «La main Coupée». Si ce n'est pas cela la vie, à quoi sert de l'écrire ?
Un homme foudroyé
C'est là le titre d'une œuvre majeure de l'écrivain. Il y reprend des pans de visages égrenés sur la longue route du partage. Une interminable marche qui l'aura mené au bout du monde et là aussi un autre roman vient sceller les liens entre un poète fou et sa vie : «Emmène moi au bout du monde», comme des dionysies où l'on croise une faune folle qui n'a de repères que celui du chemin qui reste à faire. Cendrars est le poète de la route, de la mer que l'on prend, des longues traversées, même assis sur le tabouret dans un bistrot, un verre de pinard à la main. Le jour où un journaliste lui pose une question sur son poème «La prose du Transsibérien»… pour savoir s'il est vraiment monté dans ce train, Cendrars répond : «Qu'est-ce que ça peut te foutre, puisque je te l'ai fait prendre!» Peu importe ce qu'il met dans ses mots, pourvu que cela soit vivace et que cela creuse au fond de nous des sillons de souvenirs, de rêves et d'espoirs. Foudroyée ou emportée dans un flot de brouillard gazeux, l'écriture de Cendrars est vive, vivante, vivifiante. Riche, généreuse, endiablée, tortueuse et simple à la fois. Il y est question souvent d'hommes en goguette, de femmes qui halètent, de voyages à faire, de retour de pèlerinage, de rencontres et de séparations.
Les filles du feu
On y boit beaucoup. On y mange beaucoup. Et comme chez son ami Henry Miller, les sens sont en éveil : sexe, désirs, jouissances, orgasmes, ratages et oublis.
A quelqu'un d'autre qui lui demandait si ses récits autobiographiques étaient vrais, il répondait: «Mais non, bien sûr et cela n'a d'ailleurs aucune importance. Il faut que tu comprennes que ce qui importe c'est... la locomotive. Je veux dire avancer. Ce que tu mets dans la machine importe peu, pourvu qu'elle marche et si possible, que dans ton ventre cela soit un feu d'enfer.»
C'est peut-être de là que provient ce nom auto-désigné de Blaise Cendrars. Le feu qui consume, ces flammes qui irradient et qui nourrissent leur auteur. Cendrars comme en ses premiers poèmes «Pâques à New York» et «Prose du Transsibérien» qui ont généré des braises éternelles et sonné le glas du symbolisme.
Le feu comme cette enfance douloureuse en Suisse, en Italie et en Allemagne où il a séjourné malgré lui, emporté par les pas des siens.
Puis cette adolescence ardente vécue avec la révolution de 1905 dans une Russie d'apocalypse, où il côtoie l'impossible et lui donne des attributs. Comme cet apprentissage d'homme et d'écrivain dans un milieu d'esthètes en Belgique, puis dans un Paris de misère qui l'ignore, sauf pour quelques irréductibles comme l'auteur des Tropiques et de la Crucifixion en rose. Et enfin dans le Nouveau Monde, ce New York qui revient souvent comme un paysage du ciel. Delà vont naître L'Or (1924), Moravagine (1926), Le Plan de l'aiguille et Les Confessions de Dan Yack (1929), c'étaient là les débuts d'un immense conteur. Et de 1944 à 1949, L'Homme foudroyé, La Main coupée, Bourlinguer où il met sa vie dans les lignes mais dans une orgie verbale qui fait pâlir le tonitruant Voyage au bout de la nuit de Céline.
Ecriture des espaces parcourus, littérature de grand chemin, chroniques de liberté, hymnes rituels à l'amitié des hommes et à la camaraderie, cette oeuvre est droit sortie de la cave d'un alchimiste qui, même en écrivant un corps éclaté dans les tranchées de la guerre, arrive à faire jaillir la lumière avec chaque lambeau de chair carbonisé. Et jamais la douleur et la souffrance humaines n'ont été transfigurées en de tels passages de beauté. Et même la mort atteint dans cette écriture son statut d'acte suprême de la vie.


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