La Conférence régionale sur la paix au Moyen-orient, prévue pour mi-novembre prochain et initiée par le Président américain, George Bush, est déjà confrontée à des difficultés majeures. Les réticences des participants arabes sont beaucoup plus importantes que prévues. Ce qui met sa réussite en doute. En dépit du forcing effectué par l'administration américaine pour mobiliser les Etats arabes modérés autour de la «Conférence d'automne», on est encore loin de garantir une forte participation. Tout simplement, parce que la majorité des dirigeants de ces pays n'est pas convaincue des résultats qui aboutiront à la paix souhaitée. Même l'invitation de la Syrie par Washington après une longue hésitation, ne changera rien de l'essentiel. Puisque l'Etat hébreu est apparemment déterminé à transformer cette conférence d'un accord de principe avec les Palestiniens et les Arabes à une conférence de communiqués. Lors de sa 6ème visite dans la région depuis le début de cette année, le secrétaire d'Etat américain montre qu'elle n'est pas venue pour exercer la moindre pression sur le gouvernement israélien, afin qu'il s'engage à faire des concessions aux Arabes lors de cette conférence d'automne. Bien au contraire, Condoleeza Rice a cautionné la décision de ce gouvernement qui considère que la bande de Gaza comme étant une «entité hostile» avec tout ce que cela comporte comme conséquences sur le plan international. Washington a ainsi donné le feu vert à Ehud Olmert et à son ministre de la Défense, Ehud Barak, à déclencher la guerre aussi bien militaire qu'économique sur Gaza. Dès son retour de Ramallah après avoir rencontré le président de l'Autorité nationale palestinienne, Mahmoud Abbas, Rice est retournée à Al-Qods pour discuter l'ordre du jour de la Conférence d'automne avec les responsables israéliens. Ces derniers qui lui ont fait savoir, dès le début, que leurs pays sont concernés uniquement par un «sommet de communiqués» et, qu'il n'est pas du tout concerné par des «accords de principes», comme l'avait annoncé le Président américain, en appelant à l'organisation de cet évènement. Cela dit, Tel-Aviv ne discutera pas le moment venu, des dossiers essentiels cités par Bush, à savoir, celui de l'avenir d'Al-Qods, des réfugiés et des frontières. De toute manière, les Israéliens ont essayé, avant l'arrivée de Rice, de réduire les espoirs qui pourraient émaner de cette conférence, en affirmant qu'ils pourraient accepter seulement une «Déclaration commune» avec les Palestiniens et les Arabes, et pas plus que cela. Son homologue israélien, Esbi livni, aurait, lui demandé l'aide des Etats-Unis pour avoir le soutien des pays arabes à ce sommet. La chef de la diplomatie israélienne est même allée jusqu'à répéter devant Rice, que son gouvernement ne pourra prendre aucun engagement de taille, tant que les Palestiniens ont un chef aussi faible, incapable d'honorer les accords qu'il signe. D'autant que la majorité des ministres de l'actuel gouvernement dirigé par Olmert, refuse, jusque-là, le plan proposé récemment par le vice-président, Haïm Ramon, concernant une solution pour Al-Qods. Ce projet, portant sur le retrait d'Israël des quartiers arabes de la ville sainte, et la mise en place d'une administration neutre de la zone autour de l'ancienne ville et son environnement. Quelques heures de la rencontre de Rice avec son homologue israélienne, la Maison-Blanche aurait appelé certains chefs d'Etats arabes, plus particulièrement ceux du Golfe, pour leur demander de soutenir le processus de paix, en normalisant leurs relations avec l'Etat hébreu. Ce qui a apparemment contrarié le roi Abdallah ben Abdel Aziz, qui a déclaré le lendemain, que la conférence de l'automne devra, avant tout, discuter de la solution du problème palestinien. En d'autres termes, Tel-Aviv devra s'engager à négocier avec les Palestiniens la création de leur futur Etat et les points essentiels concernant le statut final. Sinon, il serait difficile aux Arabes d'accepter de faire des concessions. Quelques heures après cette prise de position, le Président égyptien, Hosni Moubarak a pris le relais, en indiquant que son pays n'est pas du tout encouragé à participer à une conférence sur la paix au Moyen-Orient, alors que le principal Etat concerné, Israël, n'est pas prêt à discuter de l'essentiel. De ce fait, de sources proches de ces Etats arabes «modérés», amis et alliés des Etats-Unis, ont indiqué que les responsables ou leurs représentants à cette conférence, ne serreront pas les mains des participants israéliens ni ne prendront des photos avec eux. Comme cela s'est passé lors de la Conférence de Madrid en 1991. Pis encore, ces mêmes sources affirment que si les Etats arabes finissaient par participer à cette conférence pour ne pas contrarier l'administration américaine et son Président, ils insisteront, en revanche, sur un communiqué final qui confirmera les accords de paix précédents avec l'Etat hébreu, la feuille de route et l'initiative de paix votée à l'unanimité par le sommet arabe. Si Tel-Aviv acceptait officiellement ces grandes lignes, la conférence fixera six mois comme délai pour des négociations entre les délégations palestinienne et israélienne. Suite à cette étape, les Etats-Unis appelleront à la tenue d'une nouvelle conférence, pour annoncer la naissance de l'accord entre les deux parties. Sans l'acceptation de ces conditions, les Etats arabes ne participeront pas à cette conférence ou, dans le meilleur des cas, ils seront représentés par des responsables de 2ème rang. Dans ce contexte, le secrétaire général de La Ligue arabe, Amr Moussa, a indiqué à La Gazette du Maroc, mercredi soir, que l'administration américaine ne cesse de faire pression sur les Etats arabes afin de se rapprocher d'Israël, avant et lors de la tenue de la Conférence d'automne. Mais ces derniers estiment que le moment n'est pas opportun avant d'arriver à un accord de Package-deal. Par ailleurs, on apprend de sources concordantes au Caire, que pour atténuer l'ampleur des pressions grandissantes de Washington, certains pays du Golfe, tels que le Qatar et le Sultanat d'Oman, auraient proposé à Amr Moussa d'effectuer une «visite d'entente» en Israël. Surtout qu'il avait, par le passé, franchi ce pas lorsqu'il était ministre des Affaires étrangères de son pays, l'Egypte. Conviction zéro En marge des réunions des Nations Unies à New York, le chef de la diplomatie égyptienne, Ahmed Abou al-Gheith, a indiqué aux médias, que les Etats arabes discuteront avec les Israéliens lors de la prochaine conférence, de leurs points de vue. Mais ils doivent savoir d'emblée, que le Caire soutiendra les droits légitimes du peuple palestinien. En réponse à la question selon laquelle on lui demandait si l'Egypte assisterait à cet événement au cas où Israël tentait de manœuvrer pour se dérober des échéances fixées, le chef de la diplomatie égyptienne n'a pas maché ses mots, en soulignant que ce sont les Américains et non les Israéliens qui décident s'il fallait continuer ou non, cette conférence. Cela veut dire que les Etats arabes attendent les réponses adéquates sur leurs conditions. Quoi qu'il en soit, les Etats arabes les plus influents ne sont aucunement convaincus des résultats qui pourraient émaner de cette manifestation parrainée par le Président américain. Ce dernier, qui voulait, à tout prix marquer un grand point sur le tableau israélo-palestinien, qui, selon lui, se répercutera positivement sur tous les autres tableaux au Moyen-Orient, à commencer par l'Irak et en finissant par le Liban. De ce fait, certains responsables arabes, tel le Ministre saoudien, le Prince, Saoud-al-Fayçal, s'est interrogé sur le fait d'écarter l'Irak de l'ordre du jour, ce, alors que la situation devient intenable et la préparation de sa partition se profile à l'horizon. La conférence d'automne ne discutera pas du problème qui menace aujourd'hui la région. Celui de l'éventuelle guerre qui sera menée contre l'Iran. Sauf si Washington décidait de se contenter de menaces. D'autre part, dans les pays du Golfe, on n'arrive pas à connaître les raisons qui ont poussé Bush à la tenue de cette conférence internationale. Surtout que la partie la plus concernée pour sa réussite, c'est Israël, dont les dirigeants persistent et signent, en refusant toujours de faire la moindre concession qui encouragera les Arabes à effectuer le rapprochement souhaité par les Américains et l'opinion publique internationale. Quoi qu'il en soit, il y a aujourd'hui une quasi – unanimité chez les populations arabes, tous niveaux confondus, élites et médias compris, cette fois, que cette conférence n'est qu'une nouvelle carte jouée par l'administration Bush dans le temps perdu. Notamment, que le compte à rebours a commencé pour le chef de la Maison-Blanche. Dans un sondage effectué par le site Al-Jazeerah Net, 95% des participants ont douté des résultats de cet événement. Dans ce sondage auquel a participé plus de 16000 citoyens arabes, ces derniers ont affirmé qu'ils n'ont pas confiance dans les intentions de Bush et de l'intérêt de cette conférence. Tous les indices montrent que cette conférence n'a pas de fortes chances de réussir. A cet égard, Saoud al-Fayçal a mis en garde contre une conférence qui se soldera par une rencontre ou par la prise de photos souvenir. Le ministre de l'Etat hébreu a rejeté son initiative de paix appelant à une normalisation des relations contre un retrait global jusqu'aux frontières de 1967, y compris Al-Qods, et le retour des réfugiés, affirma que si cette conférence ne traitait pas des points essentiels, elle sera inutile et sans fin.