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LA VISITE SARKOZY EN ALGERIE : Les démons du passé ou les affaires ?
Publié dans La Gazette du Maroc le 08 - 12 - 2007

Décidément, le fameux «nif» algérien veille. Qu'il s'agisse d'une visite officielle ou d'un simple match de foot, la fausse fierté de l'écorché vif se réveille à chaque rendez-vous franco-algérien. Les Algériens de France sont majoritairement sceptiques quant aux retombées de la visite du Président Sarkozy dans leur pays d'origine. Dépit amoureux, sentiment de persécution, attraction-haine, haine de soi ou projection ? Reportage.
Kader n'en revient pas. La déclaration tonitruante de Mohamed Abbès, le ministre algérien des Moujahidines, qui plus est à quelques jours seulement du déplacement du président français à Alger est «tout simplement scandaleuse». «Plus scandaleux encore fut le coup de fil de Boutef à son homologue français. Comme si l'autorité avait définitivement abandonné le sommet de l'Etat algérien», affirme-t-il.
Aubervilliers, jeudi après-midi. Au fond de la salle du café «Tipaza», non loin de l'un des plus anciens foyers d'immigrés de l'Île-de-France, une dizaine de sexagénaires algériens jouent aux cartes. Autour des deux tables jointes où trônent deux théières et des verres désespérament vides, on commente le prochain périple sarkozien en Algérie. «Sarko se fout totalement de la guerre d'Algérie. Il sait qu'il y a cent milliards de dollars qui tombent fin décembre. Les trois quarts vont aller dans les poches des généraux business, le quart restant doit être partagé par les Russes, les Américains, les Français et les Espagnols. Il est allé prendre sa part du gâteau gazier. Point», dit l'un des joueurs. Son voisin renchérit?: «Sarko sait, en tous cas, que Boutef est fini et que les généraux qui l'ont placé et qui le tiennent doivent acheter le silence des occidentaux pour continuer à piller leur propre pays». Son vis-à-vis jette ses cartes et son indignation : «Même pour rafler des commandes, Sarkozy sera obligé de s'excuser pour les crimes commis par la France en Algérie !» Sur ce, celui qui paraît être le parrain du groupe de retraités hausse le ton d'un cran : «Ce n'est pas avec les excuses de Sarko qu'on va pouvoir offrir du boulot aux jeunes». Malgré les années passées à effectuer les tâches les plus dures, la communauté des retraités algériens rechigne à cracher dans la soupe. La majorité de ces derniers se refuse à finir ses jours en Algérie. «Là-bas, on ne peut compter ni sur l'administration, ni sur la société civile pour se soigner ou tout simplement terminer ses jours en paix», disent-ils en chœur. Combien sont-ils à préférer subir «la plus haute des solitudes» à une vie familiale, fut-ce au titre du regroupement familial ? En réalité, même sur le sol français, la population algérienne demeure déchirée entre ses kabyles et ses «arabes», ses chaouis et ses Andalous, ses ex-fellagas et ses harkis…etc. En France comme en Algérie, la nation n'est pas encore «remembrée». A dire que seule la lutte pour la libération du joug colonial semble tenir lieu de trame identitaire. Il n'est qu'à parcourir les sites kabyles pour se rendre compte de la fissure–hiatus, devrait-on dire–entre ceux qui revendiquent leur descendance ethnoculturelle de la Kahina et ceux qu'ils considèrent comme les envahisseurs. Les Touaregs jouent la même partition à leur manière. Ces fissures sont reproduites sur le sol hexagonal avec les mêmes préjugés, dans les mêmes formes, sous les mêmes coutures. Les collisions identitaires peuvent aller jusqu'à l'homicide. Le chanteur Matoub Lounès refusait toute appartenance autre que Kabyle. Il le paya de sa vie.
Le Maroc privilégié
Quartier Barbès, vendredi à la mi-journée. La mosquée de la rue Mira est bondée. La rue aussi, puisque fermée aux véhicules et aux simples passants. Les prieurs y ont allègrement étalé leurs tapis, nattes et autres morceaux de moquette. Depuis longtemps, Pasqua ou pas, avec ou sans Sarkozy, les forces de l'ordre n'y peuvent rien. Au terme de la prière, les langues se délient. Nicolas Sarkozy et…Mohamed Chérif Abbès sont sur toutes les lèvres. La référence aux origines juives du premier constitue, pour beaucoup, un signe de courage du second. «Qu'y a-t-il d'insultant dans les propos du ministre algérien des moujahidines ? Sarkozy a des origines juives ? C'est vrai. Il doit pour beaucoup son élection au lobby juif-français ? C'est aussi vrai. Le ministre algérien n'a fait que rappeler des faits avérés», dit un jeune barbu tout de blanc vêtu. Il est aussitôt apostrophé par un moustachu quinquagénaire : «Sois pudique, mon fils?! Tu l'as vu de tes propres yeux négocier avec le lobby juif de France ? Ca fait près d'un demi-siècle qu'on a foutu la France hors d'Algérie. Que cherchons-nous encore ? Qu'elle nous foute tous dehors??». L'homme se fit traiter aussitôt de «sale harki». Un vieux Marocain tente une médiation : «Maudissez Satan, mes frères ! Les flics sont parmi nous…» Le brouhaha s'installe, le Marocain se fond dans la foule. Des petits groupes se forment, les discussions s'enflamment. A l'intersection du boulevard Barbès, les esprits se calment au vu des CRS stationnés quelques mètres plus loin. Les évènements de Villiers-Le-Bel sont encore vivaces dans les esprits.
En vérité, les Algériens de France sont exaspérés par la personnalité même de Sarkozy. En lui, ils voient non seulement le Président français qui, tout au long de sa campagne électorale, a prohibé toute repentance de quelque nature que ce soit et envers qui que ce soit. Un politique qui refuse de reconnaître les crimes de la colonisation, alors qu'il a stigmatisé à Tanger les «crimes du Protectorat». Pour eux, il est surtout celui qui freine la délivrance de visas, les ayant ramené à 120.000 en 2006 contre 270.000 en 2001. Il est, enfin, celui qui a «osé» créer le ministère de l'immigration et de l'identité nationale. Mais le comble de l'«insolence» du personnage, à leurs yeux, est bien le fait d'avoir privilégié le Maroc comme interlocuteur principal de l'autre côté de la Méditerranée. Lundi 3 décembre. La nuit tombe sur le XVIème arrondissement de Paris. Le Président Sarkozy est arrivé à Alger depuis trois ou quatre heures. Le centre culturel algérien de la rue La Croix-Nivert est animé. Français et Algériens se bousculent pour un débat improvisé sur les relations franco-algériennes. Le ton est plus urbain. On se réjouit des 7.000 emplois qui seront créés grâce à la coopération entre les deux pays. On brandit les cinq milliards de dollars de contrats d'ores et déjà ficelés. On regrette l'annulation du déplacement d'Enrico Macias, tout en saluant celui d'Alexandre Arcady et de Costa-Gavras. On insiste sur le nombre impressionnant de chefs d'entreprises (150) qui accompagnent le Président et qu'encadrent pas moins de huit ministres. En ce lieu éminemment culturel, la culpabilité de la gauche caviar s'emboîte délicatement avec la junte «socioculturele» algérienne, bon-chic-bon-genre. L'essentiel est que Total et EDF auront leurs contrats. Sarkozy sacrifiera quelques gestes et les petites formules qui ne heurteront aucun électeur harki, juif ou rapatrié. Il se fera aider en cela par quelques «amis idéologiques» de l'Algérie tel Michel Vauzelle, le président (PS) de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Le Président français accomplira son «boulot» sans se faire violence outre mesure. Bouteflika lui psalmodiera durant trois jours, à en perdre ce qui lui reste de souffle, ses rengaines sur l'«autodétermination du peuple sahraoui», l'«hégémonisme marocain»…etc. Il écoutera. Il sera poli. Mais il sait que la mondialisation a, méthodiquement, depuis l'avènement de Gorbatchev, mis en pièces la guerre froide. «Les balivernes idéologiques ne peuvent résister indéfiniment au torrent de la modernité», se dira peut-être Nicolas Sarkozy dans l'avion qui le ramènera à Paris.


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