Plus de 300 Sahraouis, soit 55 familles, séquestrés dans les camps de Tindouf ont réussi à regagner la mère Patrie. Un exode massif des sahraouis qui continuent de répondre à l'appel royal «la Patrie est clémente et miséricordieuse». Les services de sécurité du Polisario, ainsi que les renseignements militaires algériens, sont sur le pied de guerre. Et pour cause, un état d'exception a été déclenché depuis que 300 sahraouis, séquestrés dans les camps de Tindouf, ont réussi à regagner la mère Patrie. Sur place, personne ne peut y accéder ni en sortir. Un blocus total a été imposé. Sur instructions des renseignements algériens, les liaisons téléphoniques ont également été suspendues entre les camps et le monde extérieur. L'heure est grave, et les mesures de sécurité sont au niveau maximal. Le retour de plus de 55 familles, en réponse à l'appel royal «la Patrie est clémente et miséricordieuse», représente, en effet, un échec douloureux de la propagande du Polisario et un sérieux revers au moral titubant des troupes séparatistes, au moment même où ils s'apprêtent à célébrer, ce 27 février, le 32ème anniversaire de la création, en 1976, de la république fantoche de la RASD. Un coup très dur, donné au bon moment, et là où il faut, à un mouvement qui connaît également des démissions massives au sein de sa direction. Plusieurs groupes de dissidents au sein du mouvement, se sont, en effet, réunis en Mauritanie, plus exactement à Gijijimat, non loin de Tifariti, pour préparer l'opération du ralliement de plusieurs centaines de séquestrés au pays. C'est que le voyage du retour, semé d'embûches, les 300 séquestrés le pensaient et le préparaient depuis plusieurs années. Exode massif Hommes, femmes, enfants, nourrissons…, ont opté pour un exode périlleux, soit en direction du mur de séparation, où l'armée les prend immédiatement en charge, soit via la Mauritanie où l'ambassade marocaine, à Nouakchott, se mobilise régulièrement pour le retour de ces ralliés. Au Maroc, les préparatifs vont également bon train. À Laâyoune, comme à Dakhla et Smara, des structures d'accueil, comme l'avait promis Khalli Henna Ould Rachid, lors du dernier congrès du CORCAS, organisé en décembre dernier à Smara, ont été mis en place pour réserver aux séquestrés le meilleur accueil possible au Maroc. Les autorités marocaines, comme toujours, s'apprêtent ainsi à accueillir l'un des mouvements de retour les plus importants de nos frères sahraouis en provenance des camps de Tindouf et de Lahmada. En attendant, les ralliés craignent toutefois que les militaires algériens et polisariens n'entament des représailles contre leurs proches restés dans les camps. L'état d'alerte imposé aux civils les inquiète encore plus. Portrait d'Abdellatif BEkhti Le financier de la cellule terroriste Belliraj Certains le donnaient mort après son évasion de la prison de Schrassig, au grand-duché de Luxembourg, en janvier 2003. D'autres le croyaient dans l'un des paradis fiscaux. L'homme de l'année 2003, en Belgique, grâce notamment à son escapade spectaculaire, a élu tout simplement domicile au Maroc, son pays d'origine. Il y est resté pendant cinq années sans que personne ne se doute de son passé de gangster. Il a même franchi, en toute quiétude, les postes frontaliers de Tanger, quelques jours juste après son évasion. C'est que l'homme était totalement inconnu des autorités judicaires marocaines. Jusqu'au jour de son arrestation, avec plusieurs autres suspects, pour une grosse affaire de terrorisme, dite «Belliraj», du nom du chef présumé du réseau, Abdelkader Belliraj. D'ailleurs, leur point commun, c'est qu'ils ont vécu tous les deux en Belgique. Un pays qui connaît une forte densité de la communauté marocaine établie à l'étranger. Son patronyme est Abdellatif Bekhti, son nom de guerre, lui, se résume à Abdellatif Saâd. L'enquête menée par la BNPJ le présente comme le numéro deux du réseau Belliraj. Selon les premiers éléments de l'enquête judiciaire, Bekhti serait un dangereux criminel, un professionnel du grand banditisme. Il est accusé par les autorités marocaines d'être derrière le blanchiment des fonds du groupe terroriste. Le gangster d'hier, terroriste d'aujourd'hui, selon la version officielle aurait été, d'après les mêmes sources, chargé de blanchir sa part ( estimée par les autorités luxembourgeoises à 2,5 millions d'euros sur les 17 millions volés au Luxembourg ) à des fins terroristes. L'argent dérobé a été blanchi dans des circuits légaux, échappant à tout contrôle réglementaire, comme l'immobilier, le foncier et des activités commerciales juteuses…, et ce, dans plusieurs villes du pays. «Il avait le comportement de quelqu'un qui a toujours vécu dans l'anonymat», se souvient encore Pierre Medinger, le chef de la section du grand banditisme de la police Grand-ducal. «Un type suspect, pas connu des services de la police en Belgique». Et Yann Hildwein, journaliste Belge qui avait suivi son procès devant la chambre criminelle, en janvier 2003, d'ajouter : «Il était plutôt insignifiant. Il me faisait penser au brave maçon marocain sans histoires, discret, pas du tout arrogant. Le type qui faisait tout pour éviter les ennuis. Il s'exprimait en bon français, certes avec un accent prononcé, mais correct. Il n'avait pas un look de gangster et encore moins de terroriste. Il parlait doucement, il s'est contenté de nier les faits sans plus d'explication. Il était sans doute serein et surtout certain que ses amis viendraient le chercher en prison». Promesse tenue, puisque deux mois après sa condamnation, Bekhti a réussi à prendre la poudre d'escampette. Sept malfrats cagoulés et armés jusqu'aux dents sont arrivés en camionnette devant la porte de la prison qu'ils ont défoncée avant de poser une grande échelle contre le mur d'enceinte qu'ils ont escaladé. Sans résistance, les gardiens n'étaient pas armés, les complices ont embarqué Bekhti et un autre braqueur du nom de David Sciutti, et depuis, le numéro deux de la cellule Belliraj est porté disparu. Condamné à 20 ans de réclusion par la Chambre criminelle du Luxembourg, pour le braquage de la société Brink's, l'homme a toujours nié, mais ses empreintes ont été retrouvées sur les restes du butin quelque part dans un bosquet en Belgique. « Nous avons à notre disposition trois expertises qui ont livré le même résultat. Les empreintes relevées sur les sacs retrouvés correspondaient à celles de Bakhti», assure le représentant du Parquet, Gilles Herman.