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«Se moquer de la philosophie, c'est vraiment philosopher»
Publié dans La Gazette du Maroc le 04 - 04 - 2008

L'époque actuelle est à la spécialisation et à la frontière entre les savoirs, chacun est confiné dans sa sphère de compétence et gare à celui qui ose en sortir, les «spécialistes» en tous genres sont là et veillent au grain. Avis contraire avec Pascal.
L'étendue des domaines d'intérêt et du génie de Pascal est impressionnante. Lecteurs, prenez votre souffle avant de lire les lignes qui suivent   : à 11 ans, notre bonhomme écrit un Traité des sons des corps vibrants, l'année suivante, à 12 ans, il commence à travailler seul sur la géométrie et découvre le premier que la somme des angles d'un triangle est égale à deux angles droits (souvenirs douloureux pour beaucoup d'entre nous…), à 16 ans, il publie un Traité de géométrie projective, deux ans plus tard; alors qu'il n'a pas encore 18 ans, il invente la machine à calculer manuelle, surnommée la «Pascaline». Notre philosophe contribuera également au développement de la théorie des probabilités, qui influencera fortement les théories économiques modernes et les sciences sociales. Pascal est aussi à l'origine de l'invention de la presse hydraulique, il s'intéresse au calcul infinitésimal, il écrit un Traité du triangle arithmétique… J'arrête ici la souffrance du lecteur ! Et pourtant ce n'est là qu'une partie du parcours, car très vite Pascal délaisse les mathématiques et la physique pour se consacrer à la réflexion philosophique et religieuse; avec un égal bonheur puisque les textes de notre auteur (surtout les Pensées) font partie des chefs-d'œuvre du patrimoine culturel de l'humanité. Tout cela pour en venir où ? A ceci : Pascal était aux antipodes de l'ère de la spécialisation qui régit actuellement nos sociétés. Aujourd'hui, chacun est confiné dans sa sphère de compétence, avec souvent une ignorance totale de ce qui ne relève pas de son domaine, cela produit une certaine sclérose intellectuelle dans les échanges et les débats. Demander à un informaticien de parler de peinture ? Vous rêvez… Qu'un comptable disserte sur des vers de Beaudelaire ? Encore moins. La spécialisation excessive investit tous les domaines, y compris le domaine familial et ménager, puisqu'il existe maintenant des émissions de télévision, animées par des «experts», et qui sont censées nous dire comment meubler nos maisons et comment éduquer nos enfants ! Cette culture de la spécialisation commence tôt, puisque dès l'école, l'élève est très vite orienté vers les disciplines où il s'en sort le mieux, chose on ne peut plus normale, ce qui l'est moins c'est que le reste des matières est ainsi délaissé assez précocement, et la culture générale passe aux oubliettes au profit de la… spécialisation.
1200ème anniversaire de la cité idrisside
Tout le monde n'est pas un touche à tout de génie comme Pascal certes, mais chacun a en son pouvoir de s'intéresser à autre chose qu'à ce qu'il fait, cela permet une hygiène intellectuelle vraiment profitable : «Puisqu'on ne peut être universel en sachant tout ce qui peut se savoir sur tout, il faut savoir peu de tout, car il est bien plus beau de savoir quelque chose de tout que de savoir tout d'une chose. Cette universalité est la plus belle». C'est dans cette perspective d'une ouverture des savoirs spécialisés au grand public que s'inscrit la 4ème édition des Rendez-vous de l'histoire, avec pour thème cette année «Orient-Occident». L'évènement a été organisé par l'Association marocaine pour la promotion de l'histoire, en collaboration avec le ministère marocain de l'éducation nationale et l'Ambassade de France au Maroc. Les débats, qui se sont déroulés du 26 au 29 mars à Rabat et à Fès, comprenaient deux volets : l'un scientifique, avec des rencontres et tables rondes autour de thèmes spécifiques : cette année Fès était à l'honneur en raison de la célébration du 1200ème anniversaire de la cité idrisside. Professeurs et spécialistes ont pu échanger sur l'histoire, le patrimoine, et l'évolution de la ville. L'autre aspect de l'évènement consistait en actions pédagogiques auprès de jeunes collégiens et lycées du Maroc, c'est là que consistait l'apport original de cette initiative. Il s'agissait d'aider les jeunes citoyens marocains à se réapproprier leur propre histoire, que beaucoup ignorent… Comme l'affirme Jamal Addin Baddou, président de l'Association marocaine de promotion de l'histoire, «La leçon d'histoire dévoile au futur citoyen les mystères du passé pour mieux comprendre le présent et appréhender l'avenir avec confiance». Placées sous le signe de l'histoire pour tous, ces actions pédagogiques se proposaient la diffusion de la connaissance historique auprès de la jeunesse scolaire et universitaire. L'objectif était de permettre aux chercheurs et conférenciers de partager leurs travaux et leurs approches avec un jeune public. Les thèmes soulevés concernaient de près la jeunesse marocaine : «Fès, temps des origines et temps de l'histoire», «Quand l'orient découvre l'occident», ou encore «Léon l'Africain : un oriental occidentalisé». Le professeur Daniel Rivet, qui travaille sur la colonisation et la décolonisation du Maroc, ainsi que sur les différentes pratiques de l'islam en méditerranée, a ainsi rencontré des jeunes d'un lycée de Rabat, une conférence a eu lieu sur le thème de l'orientalisme européen au 19ème siècle. Il était intéressant d'y découvrir comment le continent européen a forgé progressivement le concept d'«homme oriental» qui s'est transformé ensuite en concept d'«indigène»… Que d'autres rencontres de ce types aient lieu encore, sur des thèmes aussi variés que la bioéthique, les médias, ou encore l'environnement, c'est tout le mal que l'on souhaite à nos jeunes têtes ! Il ne s'agit bien entendu pas de se substituer à l'école, mais de faire que les différents savoirs soient accessibles au plus grand nombre, cette pluralité des genres permet une certaine distance et une hauteur de vue qui ne peut être que bénéfique, et qui est à l'opposé de l'esprit de sérieux, parfois lourd, qui régit les «spécialistes»  : «On ne s'imagine Platon et Aristote qu'avec de grandes robes de pédants. C'étaient des gens honnêtes et, comme les autres, riant avec leurs amis; et, quand ils se sont divertis avec leurs Lois et leur Politique, ils l'ont fait en se jouant». C'est là où veut en venir Pascal   : c'est que la culture et la diffusion des savoirs n'est pas synonyme de gravité et d'ennui, au contraire, la connaissance plurielle est une fête de l'esprit. C'est en ce sens qu'il faut comprendre la formule paradoxale «Se moquer de la philosophie, c'est vraiment philosopher»; Il ne s'agit pas là d'une affirmation gratuitement provocatrice, mais d'une suggestion à la légèreté (qui n'est pas la futilité); on s'imagine Platon et Aristote pédants et graves, erreur d'appréciation, ils écrivaient «en se jouant»… C'est bien dans cette perspective d'une ouverture joyeuse aux savoirs que s'inscrivaient les Rendez-vous de l'histoire, et c'est tant mieux car l'esprit de sérieux tend à devenir une valeur dans nos sociétés, comme si le degré d'instruction se mesurait à l'état de tristesse et de gravité d'une personne !


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