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Les Islamistes frappent à la porte du pouvoir
Publié dans La Gazette du Maroc le 30 - 12 - 2002

Parier sur le verdict des urnes tout en garantissant la participation des Islamistes n'est pas une sinécure.
C'est pour cela que la classe politique a opté pour le choix démocratique tout en mettant l'accent sur la légitimité historique.
Dans ce cadre, les discours politiques ont mis l'accent sur la reconstitution du consensus tel qu'il a été établi entre le Trône et les partis issus du mouvement national lors de la présentation du Manifeste de l'indépendance. Dans une allocution prononcée par Mohamed Elyazghi, premier secrétaire adjoint de l'USFP devant les membres du Comité central en novembre 1994, le renouvellement de ce contrat entre le Roi et les partis du mouvement national y est décrit comme étant une garantie sine qua non pour la mise à niveau du pays et son habilitation à intégrer le troisième millénaire. Et c'est dans ce sens que le référentiel historique a pris le dessus, notamment quand les partis du mouvement national ont commencé à ressusciter l'histoire tel que cela a été fait par Mohamed Bensaïd Aït Idder, ex-secrétaire général de l'OADP, lors d'un meeting commémorant le 39ème anniversaire de la présentation du Manifeste de l'indépendance. En effet, Mohamed Bensaïd devait dire : “ …Le mouvement national a pu aboutir à un consensus avec feu Mohammed V et aujourd'hui, nous sommes appelés à trouver le consensus avec Sa Majesté le Roi Hassan II… ”. D'ailleurs, cette même revendication est contenue dans l'appel lancé par les partis de la Koutla à cette occasion et intitulé “ le Manifeste pour la démocratie ”.
Or, le consensus au Maroc a été fortement influencé par l'expérience vécue en Tunisie après le 7 novembre 1987. En effet, le pouvoir tunisien n'avait pas toléré la participation des Islamistes aux élections, bien que ceux-ci, conduits par Rachid El Ghannouchi, aient créé un parti politique en l'occurrence le parti Annahda (Renaissance). Ce parti, comme chacun sait, a fortement modifié son discours et montré sa disposition à accepter les règles du jeu démocratique tout en se montrant plus ouvert, tolérant et modéré. Mais malgré cela, ce parti n'a pas été autorisé.
La leçon tunisienne était omniprésente au Maroc, puisque la Jamaâ Islamiya s'est empressée de changer d'appellation pour éviter d'être taxée de monopoliser l'Islam. En se muant en mouvement pour l'unicité et la réforme dans une tentative de copier l'exemple du mouvement islamiste tunisien, dans un premier temps, et en créant un parti politique en 1992 appelé parti du renouveau national, dans un deuxième temps, les fondateurs de la Jamaâ Islamiya n'ont pas été autorisés à exercer.
La confrontation
Depuis le début des années quatre-vingt-dix, l'espace universitaire a été complètement maîtrisé par le mouvement islamiste d'Al Adl Wal Ihsane. Ce courant a, en effet, contrôlé toutes les structures de représentativité y compris l'Union nationale des étudiants du Maroc (UNEM). Ce contrôle a démontré la faillite des partis politiques qui se sont empêtrés dans leurs propres contradictions. Cette crise latente les a incités à opter pour un large consensus avec le pouvoir. Pendant ce temps, l'espace universitaire a connu des confrontations douloureuses entre les islamistes et les autres composantes de la gauche marocaine. Cette confrontation devait connaître son paroxysme le 13 mars 1996, lorsque la direction de l'USFP a été empêchée, par les Islamistes, d'organiser une université de printemps à la faculté de droit de Casablanca au nom de l'indépendance et l'autonomie de l'université. Cet événement a scellé le contrôle total des Islamistes sur l'université et ouvert la voie à une véritable bataille idéologique. C'est alors que Noubir Amaoui, qui était membre du Bureau politique de l'USFP, devait déclarer devant les étudiants que la rupture avec les Islamistes est définitivement consommée. Cet événement a pris une grande dimension politique puisque les autorités ont commencé à transmettre des messages aux partis politiques et en particulier à l'USFP leur indiquant que le danger islamiste ne concerne pas uniquement le pouvoir, autant qu'il concerne en premier lieu les partis politiques. Ces derniers se sont rendu compte qu'ils ont perdu leurs bastions traditionnels et que seul un consensus avec le pouvoir devient, pour eux, salvateur.
Le consensus
La voie du consensus étant inaugurée, il était devenu nécessaire, tant pour le pouvoir que pour les partis, de désigner un ennemi commun. Celui-ci ne pouvait être que le mouvement islamiste. Une fois cette désignation faite, il était possible pour les partis de la Koutla, hormis l'OADP, de voter en faveur de la constitution du 13 septembre 1996. Or, ce vote a été expliqué de telle sorte qu'il signifiait, non pas l'adhésion aux dispositions constitutionnelles, mais surtout au processus qui sous-tend le consensus. C'était en quelque sorte un vote anti-islamiste. Cette nouvelle situation devait, par conséquent, poser une multitude d'interrogations quant à l'inauguration par l'Etat d'un processus d'ouverture contrôlée. Ces interrogations ont concerné également le rôle que pourrait jouer, éventuellement, le mouvement islamiste. Or, ce dernier autant qu'il devait influer sur le cours des événements ne pouvait qu'en subir, de son côté, les conséquences. Autrement dit, la question qui se pose est celle consistant à déterminer le rôle joué directement ou indirectement par les Islamistes dans le processus d'établissement du consensus entre le pouvoir et les partis politiques. Dans ce cadre, comment les Islamistes se sont-ils laissés influencer ? Quelle a été l'évolution de leurs prises de position ?.
Islamisme ou consensus forcé
Les Islamistes ont joué un rôle déterminant dans l'accélération du consensus entre le pouvoir et les partis de la Koutla. En effet, deux conditions majeures ont déterminé ce processus, incarnées par des données régionales et des données locales.
Données régionales. L'expérience du consensus au Maroc s'est appuyée au plan régional sur les leçons algérienne et tunisienne. Dans ce cadre, le pouvoir marocain a utilisé les événements algériens pour véhiculer un message alarmiste haut en teneur.
Tout d'abord, les Islamistes marocains ont commencé à être considérés comme un réel danger. Et c'est ainsi qu'Abdeslam Yassine a été placé en résidence surveillée en date du 30 décembre 1989. Dix jours plus tard, la Jamaâ d'Al Adl Wal Ihsane a été décrétée hors-la-loi et le 11 janvier 1990, la majorité des membres du conseil du mouvement ont été incarcérés. Le deuxième message consistait à vouloir imposer une nouvelle vision de la démocratie. Ainsi, la démocratie devait-elle être globale ou devait-elle se limiter aux forces qui respectent les règles du jeu ?
Or, le coup de force des militaires algériens contre le FIS s'est opéré selon le principe “défendre la démocratie contre les ennemis de la démocratie ”. Ce slogan est allé plus loin pour imposer la tutelle sur le peuple tout en mettant en exergue la légitimité historique. Et c'est dans ce cadre, que l'armée algérienne a fait appel à Mohamed Boudiaf et après lui à Ali Kafi. Ainsi, le Haut conseil d'Etat algérien a liquidé la légitimité démocratique et mis au placard le droit du peuple à choisir ses représentants.
Cette leçon a été bien assimilée au Maroc par le pouvoir et la classe politique qui l'ont conjuguée localement d'une autre manière.
Aussi, aujourd'hui, toute la classe politique reconnaît-elle la force que représente le mouvement islamiste marocain
Ouverture contrôlée et Islamisme ouvert
Le consensus forcé, qui a conduit à l'établissement d'un processus d'ouverture contrôlée, a nécessairement influé sur les prises de position des Islamistes. C'est ainsi qu'il est possible, maintenant, de parler d'un Islamisme ouvert, c'est-à-dire qui prône le dialogue et ne réfute pas l'action politique.
Adoption du principe du dialogue
Après avoir été taxés d'extrémistes et de non tolérants, les mouvements islamistes marocains ont commencé à appeler au dialogue et à l'ouverture. Cet islamisme ouvert a pris plusieurs aspects :
• Le premier aspect a consisté en l'adhésion de certaines organisations islamistes à un processus de coordination avec des composantes de la gauche dans le cadre d'un pôle démocratique. Cette initiative a été inaugurée par le Mouvement pour la Oumma et par Al Badil Al Hadari.
• Le deuxième aspect a consisté à commémorer la date de mise en résidence surveillée d'Abdeslam Yassine dans le cadre d'une journée nationale du dialogue. Ainsi Jamaâ Al Adl Wal Ihsane organise, depuis deux ans, des tables rondes auxquelles sont conviées toutes les sensibilités sociales et politiques sans distinction.
• Le troisième aspect est incarné par l'appel lancé par Al Adl Wal Ihsane à toutes les forces politiques nationales en vue d'amorcer un dialogue global tendant à élaborer une charte nationale sur les grands problèmes du pays notamment sur le régime politique, la question de la femme ou la question amazighe.
Par le passé, Al Adl Wal Ihsane appelait à un dialogue pour l'élaboration d'une charte islamique, mais vu l'opposition de certaines forces, et dans le cadre de l'ouverture, à présent l'appel a été lancé pour la concrétisation d'une charte nationale puisque tous les acteurs de la scène politique sont attachés à l'Islam et à ses principes. C'est ce qui ressort, d'ailleurs, du dernier communiqué de la deuxième session extraordinaire du Conseil national du cercle politique réuni le 14 décembre dernier.
• Le quatrième aspect a trait à la participation des organisations islamistes aux préparatifs des campagnes de solidarité avec les peuples palestinien et irakien.
Adoption de l'action partisane
L'Islamisme ouvert au Maroc s'exprime à présent à travers son adoption des principes de l'action partisane. A cet effet, le mouvement Attawhid Wal Islah avait essayé en 1992 de créer son propre parti sous l'appellation “parti du renouveau national ”. Cependant, les autorités n'ont pas autorisé ce parti, ce qui a incité les membres de la direction du mouvement à chercher à s'intégrer dans un autre parti. Ainsi, Attawhid Wal Islah a intégré le parti du docteur Abdelkrim Khatib, le mouvement populaire constitutionnel et démocratique (MPCD) qui s'est transformé en 1998 en parti de la justice et du développement (PJD).
Mais d'autres mouvements ont rejeté cette option tout en s'attachant au principe de création d'une structure partisane. Ainsi, et juste après la levée du siège imposé à Abdeslam Yassine, Al Adl Wal Ihsane a mis sur pied en l'an 2000, le cercle politique, exprimant l'adhésion de cette association aux principes de l'action partisane. D'ailleurs, Al Adl Wal Ihsane s'attend toujours à ce que les autorités accordent l'autorisation au cercle politique. Et toujours, dans le cadre de l'ouverture, le cercle politique d'Al Adl Wal Ihsane a décidé lors de son dernier conseil d'élever la représentativité de la femme au tiers.
L'adoption de l'action partisane a été aussi le fait du mouvement Al Badil Al Hadari qui a déposé ses statuts en juillet 2002 auprès des autorités et qui attend depuis sa légalisation. Il est à remarquer que ce parti se déclare en faveur de la suppression de toutes les entraves qui se dressent devant l'action politique au Maroc et qui freinent l'édification d'un Etat démocratique moderne. Signalons aussi que parmi les 15 membres du comité exécutif de ce parti se trouvent deux femmes.
Eu égard à ces nouvelles données, comment sera la réaction des autorités ? Autrement dit, l'Etat sera-t-il enclin à changer sa stratégie à l'égard des Islamistes ? En tout état de cause,
et puisque la démocratie signifie l'élargissement du champ de participation des citoyens, notamment en adoptant l'abaissement de l'âge de vote à 18 ans, il devient nécessaire d'autoriser les courants les plus représentatifs à s'exprimer et à contribuer à édifier une société démocratique.


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