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Le réveil de l'euro
Publié dans La Gazette du Maroc le 13 - 01 - 2003


Taux de change
Au terme de l'année 2002, l'euro s'est fortement apprécié face au dollar pour de multiples raisons.
Ce raffermissement de la monnaie unique européenne n'est pas sans conséquences
sur l'économie marocaine, l'Union européenne étant notre principal partenaire économique et commercial
L'euro vient de souffler sa première bougie en tant que monnaie concrète et fiduciaire, à la grande satisfaction des Européens de la zone euro. Comme on le sait, la monnaie unique européenne a été lancée le 1er janvier 1999 comme monnaie virtuelle et scripturale, le cours initial ayant été fixé à 1,17 $. Depuis cette date, elle n'a cessé de perdre du terrain face au billet vert. Dès la fin de l'année de son lancement, elle est passée sous la barre symbolique de 1 $, pour atteindre son cours le plus bas de sa jeune histoire en octobre 2000 à 0,8230 $, enregistrant ainsi une perte de 30 % de sa valeur. Même s'il s'est ressaisi par la suite, l'euro n'a pas réussi à se redresser de façon significative face à la devise américaine pendant les deux années suivantes. Son cours a continué de graviter autour de 0,90 $.
Il a fallu attendre 2002 pour voir l'euro entamer un redressement régulier face au billet vert pour terminer la première année de son existence comme monnaie fiduciaire à 1,045 $, soit un gain de 19 %. Le dollar, qui a fini ainsi l'année précédente à son cours plancher face à la monnaie unique européenne, a également perdu 9,6 % par rapport à l'ensemble des autres principales devises (livre sterling, yen, franc suisse…). Il a perdu de ce fait son statut de valeur refuge. Ce rôle est désormais joué par l'or, l'once ayant atteint jusqu'à 350 $ et continue d'être échangée à des prix proches de ce sommet.
Les causes de l'appréciation de l'euro
Les bonnes performances de l'euro au cours des derniers mois de 2002 et en ce début 2003 confortent les autorités monétaires européennes dans leur jugement. Elles avaient régulièrement affirmé que l'euro était sous-évalué et qu'il disposait d'un fort potentiel d'appréciation face aux principales monnaies internationales. Mais, paradoxalement, l'euro se raffermit face au dollar alors que les prévisions de croissance pour 2002 sont moins bonnes dans la zone euro qu'aux Etats-Unis, respectivement 1,8 % et 2,6 %. C'est probablement, dans un premier temps, l'essoufflement de l'économie américaine au cours du deuxième semestre 2002 (croissance de 1 % en rythme annuel) après un début d'année prometteur et la faiblesse de la Bourse américaine qui expliquent en partie cette bonne tenue de la monnaie unique européenne.
Mais, en fait, tous les analystes attribuent principalement le recul du dollar au cours de ces tout derniers mois à la menace d'une attaque américaine contre l'Irak. Tant que ces incertitudes persistent, tout redressement du billet vert semble exclu dans les prochains mois. En principe, ce risque géopolitique, en continuant de peser sur le dollar, profitera à l'euro, et ce d'autant plus qu'à ce risque s'ajoutent les incertitudes sur l'économie américaine. Pour empêcher la poursuite du ralentissement et éviter à l'économie de basculer dans la déflation, éventualité que beaucoup d'analystes n'écartent pas, l'Administration Bush vient de lancer un plan très ambitieux pour la croissance et l'emploi, étalé sur dix ans, d'un montant de 674 milliards de $ afin de redynamiser l'économie américaine, qu'il y ait guerre contre l'Irak ou pas.
La question est de savoir quel sera l'impact de ce plan. S'il s'avère efficace et parvient à donner des couleurs à la Bourse et au dollar, l'appréciation de l'euro sera stoppée. Dans le cas contraire, il serait difficile d'échapper à une crise de changes de grande ampleur qui risque de déstabiliser l'économie mondiale. En effet, une dépréciation massive de la devise américaine aurait des conséquences extrêmement graves. Elle pourrait provoquer une très forte surévaluation des principales devises, notamment celle de l'euro et du yen et aboutirait à l'étranglement des économies européennes et du Japon, grands pays exportateurs.
Bien entendu, il ne s'agit là que d'un scénario parmi d'autres, mais qui est pourtant pris au sérieux par bon nombre d'analystes et qui pourrait se réaliser dans le cas où les Américains se lançeraient dans une longue guerre contre l'Irak, coûteuse en argent et en vies humaines. Comme le pire n'est jamais sûr, l'hypothèse la plus réaliste semble être celle d'un affaiblissement progressif et contrôlé du dollar qui permettrait aux Etats-Unis de résorber une grande partie de leurs déficits commercial et courant. Dans ces conditions les autres devises continueraient leur appréciation face au dollar ou tout au moins se maintiendraient autour des parités actuelles.
Une telle perspective présente certes des avantages pour les pays de la zone euro, deuxième pole économique mondial. Un euro fort a un impact psychologique très important. Non seulement il constitue la preuve que l'intégration économique et monétaire européenne est en bonne voie, mais il rassure également les investisseurs et attire des capitaux dans la zone. Mais, d'un autre côté, il présente un inconvénient majeur, celui de pénaliser les exportations du fait de la diminution de la compétitivité des produits et services issus de la zone, devenus plus chers à l'importation.
Effets sur l'économie marocaine
En ce qui concerne le Maroc, les effets de l'appréciation de l'euro sont nombreux. L'Union européenne, en général, et la zone euro, en particulier, étant nos premiers partenaires économiques, toute fluctuation de la parité de l'euro a des répercussions directes sur les flux commerciaux et financiers. On se souvient, à l'automne 2000 lorsque la devise européenne était à son cours le plus bas, les exportateurs nationaux, notamment les opérateurs dans les secteurs textile-habillement et agroalimentaire, réclamaient à cor et à cri la dévaluation du dirham afin de compenser les réductions importantes de leurs marges et même parfois les pertes enregistrées par les entreprises les moins compétitives. Après la dévaluation de 5 % intervenue au mois d'avril 2001 et l'amorce du redressement de l'euro les exportations vers l'Europe se sont améliorées.
En revanche, l'appréciation de l'euro renchérit les importations facturées dans cette monnaie. Ce qui explique probablement l'apparition de certaines tensions inflationnistes en 2002 en comparaison avec l'année précédente. En outre, les importations des biens de production (demi-produits et biens d'équipement) en provenance de la zone euro sont pénalisées par le raffermissement de la monnaie unique. Mais le surcoût est atténué dans une certaine mesure par l'entrée en vigueur du démantèlement progressif des tarifs douaniers qui s'applique en particulier à cette catégorie de biens. Au niveau des recettes MRE et recettes voyages, il est difficile pour le moment d'évaluer l'impact exact de l'appréciation de l'euro sur ces deux sources de devises.
Par ailleurs, le fort redressement de l'euro face au dollar pose indirectement le problème du taux de change de la monnaie nationale. On peut s'interroger sur l'opportunité et la possibilité de geler, comme l'envisage le ministère des finances, la parité dirham/dollar à la valeur de septembre 2002, soit un dollar contre 10,6 dirhams alors que la devise américaine s'échangeait jeudi dernier au taux de 10,115 DH pour un dollar à l'achat. Mais une éventuelle reprise de l'économie américaine associée à un assouplissement de la politique monétaire de la Banque centrale européenne pour faire face à la dégradation de la conjoncture dans la zone euro (notamment en Allemagne) rendrait le gel des changes euro/dollar difficilement soutenable surtout pendant cette période de grandes incertitudes économiques et géopolitiques.
Enfin, il serait peut-être utile de rappeler qu'à l'époque où la monnaie unique européenne était au plus bas, certains n'avaient pas hésité à réclamer l'instauration d'une parité fixe dirham/euro. Autrement dit, l'arrimage de la monnaie nationale à l'euro leur semblait être la panacée pour dépasser une fois pour toutes les risques liés au taux de change flottant. Si une telle mesure avait été adoptée, et compte tenu de la nette appréciation de la monnaie unique européenne, le Maroc aurait subi le même sort que les pays du sud-est asiatique, qui avaient vécu une crise économique et financière profonde en 1997. Il serait peut-être dans une situation plus dramatique encore que l'Argentine actuellement. Tous ces pays avaient fortement arrimé leurs monnaies nationales au dollar. Après l'appréciation continue du billet vert, les exportations de ces pays avaient baissé de manière considérable par manque de compétitivité. Faute de devises, ces pays se sont trouvés confrontés à une grave crise économique et financière et ont dû se soumettre aux conditions draconiennes du FMI.


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