Distributeur de Méditel depuis deux ans, GSM Al-Maghrib est passé dans le giron de Maroc Telecom, en lui ouvrant son capital à hauteur de 35 %. L'opération de rachat sera complétée dans les prochains mois pour atteindre 51% du capital. D'ores et déjà, la future filiale de distribution de Maroc Telecom affiche ses ambitions. S'il y a un domaine où la concurrence entre les deux opérateurs est la plus visible sur le terrain, c'est bien au niveau de la distribution. Chacun d'eux a ainsi mis en place son réseau de distribution constitué par ses propres agences et ses distributeurs exclusifs franchisés (disposant de plusieurs points de ventes) qu'il essaye d'élargir pour booster ses ventes. Mais, dans ce contexte, les rapports entre opérateurs de téléphonie et distributeurs privés ne sont pas toujours exempts de dissensions. La dernière en date est celle qui a opposé Méditel à l'un de ses principaux distributeurs, GSM Al-Maghrib, qui ne s'est pas contenté de rejoindre les rangs de l'opérateur historique, mais est allé beaucoup plus loin. Car la société, qui s'occupait depuis deux ans de la distribution des produits Méditel, est tombée dans l'escarcelle de Maroc Telecom qui l'aurait rachetée pour la coquette somme de 25 millions de dirhams. En effet, le contrat de deux ans qui liait GSM Al-Maghrib, créé à parts égales par deux jeunes Marocains, Farid Amrouni et Mounir Majidi (désigné récemment pour diriger la holding royale Siger), est arrivé à terme depuis le 31 janvier dernier. Dès le lendemain, le distributeur est passé dans le giron de Maroc Telecom, ce qui s'est traduit par une opération de rachat de la part de l'opérateur historique. Comment en est-on arrivé là ? Selon Farid Amrouni, il a décidé de ne pas reconduire le contrat pour trois raisons principales, toutes liées à sa non-acceptation de certaines conditions contenues dans le contrat proposé par Méditel pour la reconduction du partenariat entre les deux parties. Parmi celles-ci, le patron de GSM Al-Maghrib a cité l'exigence de Méditel de reconduire le contrat sur quatre années, alors qu'il était basé sur deux ans. Autres conditions rejetées par le président de GSM Al-Maghrib, les clauses de sortie et de préemption. “Méditel proposait en effet d'inclure dans le nouveau contrat une clause permettant au second opérateur d'avoir un droit de préemption”. C'est-à-dire, explique-t-il, que “Méditel voulait détenir la priorité dans le rachat des parts des actionnaires au cas où ces derniers souhaiteraient se désengager du capital”. C'est ce refus qui aurait, en fait, amené Méditel à rompre le contrat. “Nous avons alors eu droit à une lettre de résiliation en octobre dernier, c'est-à-dire 90 jours avant l'expiration du contrat envoyé par les dirigeants de Méditel”, précise-t-il. Dans ce sens, un rapprochement fut engagé entre l'opérateur historique et l'ex-distributeur de Méditel. Interrogé sur la question de savoir qui est allé vers l'autre, le patron de GSM Al-Maghrib affirme que chaque partie a besoin de l'autre, ce qui naturellement facilite tout rapprochement. Quoi qu'il en soit, l'opération de rachat a porté sur 35% du capital de GSM Al-Maghrib. Elle sera suivie de l'acquisition par l'opérateur historique de 26% des parts, dans la perspective d'atteindre à terme 51% du capital de GSM Al-Maghrib dans les prochains mois. Avant de procéder à son rachat, Maroc Telecom a commandé un rapport d'audit et d'évaluation de la société GSM Al-Maghrib auprès d'un cabinet international dont l'identité n'a pas été révélée. Selon des sources non confirmées mais estimées “pas mauvaises” par Farid Amrouni, qui n'a pas voulu se prononcer officiellement sur cette question, ce cabinet international aurait estimé la société GSM Al-Maghrib à une valeur globale de 48 millions de dirhams. “C'est faible”, estiment les mêmes sources, qui affirment toutefois que cette valeur pourrait atteindre 70 millions de dirhams si l'on intègre la qualité des managers et des équipes qui ont veillé à son développement, ainsi que son fonds de commerce, constitué et renforcé au fil de cinq ans d'activité. Par cette opération, les responsables de GSM Al-Maghrib estiment que le directoire de Maroc Telecom voit là une jolie opération. Aujourd'hui, avec son passage sous les couleurs de l'opérateur historique, GSM Al-Maghrib affiche de nouvelles ambitions. Le distributeur compte faire passer ses points de ventes de 100 à 300 à travers les seize grandes villes du Royaume d'ici à la fin de l'année 2002. “Depuis le mois de mars, nous avons entamé notre programme qui consiste à ouvrir en moyenne un point de vente par semaine”, souligne Farid Amrouni, qui précise que le nombre de magasins atteindra 600 à fin 2003.