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Maroc - Sahel : Au-delà des alliances de circonstance... [INTEGRAL]
Publié dans L'opinion le 08 - 05 - 2025

Le Maroc a su gagner la confiance des Etats du Sahel, après un long parcours de rapprochement. Une alliance qui n'a rien à voir avec les rivalités régionales. Décryptage.
Le 28 avril dernier, au sein de la salle d'audience éclairée du Palais Royal, SM le Roi recevait les Chefs de diplomatie des trois pays de l'Alliance des Etats du Sahel. Le Souverain n'accorde que rarement des audiences aux ministres étrangers. La diplomatie Royale ne se met en branle que lorsqu'il y a quelque chose de concret. L'enjeu est de taille. Cette réunion est le couronnement d'un long parcours de rapprochement avec ces trois pays si importants pour le Royaume dans un échiquier régional en pleine reconfiguration.

Depuis l'audience Royale, les analyses fusent de toutes parts pour tenter d'élucider le mystère de cette symbiose entre Rabat et les trois mousquetaires du Sahel. «Les politiques, c'est comme les récoltes, il leur faut leur temps», disait feu Hassan II à un journaliste français au début des années 90. Une maxime que le Royaume applique à la lettre avec ses partenaires sahéliens qui lui font confiance. On s'en est aperçu lors de l'épisode des otages français que le régime burkinabè a libérés, en décembre dernier, grâce à l'entremise du Souverain.

Ce rapprochement est le fruit d'une vingtaine d'années de dialogue et de partenariat et s'est même raffermi davantage après l'arrivée des nouveaux régimes militaires en 2021 sur fond d'une convergence de vues sur l'avenir de la région. En pleine transition, les pays du Sahel sont en quête de nouveaux partenaires après avoir consommé définitivement leur divorce avec la France et rompu à la fois avec l'Algérie et la CEDEAO.

Loin des alliances de conjoncture

De Bamako à Niamey, en passant par Ouagadougou, le Maroc trouve grâce aux yeux des jeunes militaires au pouvoir. Le Royaume fait figure de partenaire crédible, digne de confiance qui leur propose des perspectives prometteuses. L'accès à l'Atlantique en est le parfait exemple. Les trois pays convoitent ce fameux corridor maritime qui servira à la fois de moyen de désenclavement et de débouché commercial. "Il ne s'agit ni d'un rapprochement de circonstance ni d'une alliance durable, mais d'une initiative inclusive qui, dans une vision stratégique à moyen et long termes, est articulée autour de l'intégration régionale et du développement partagé", explique Abdessalam Saâd Jaldi, spécialiste des Relations internationales au Policy Center for the New South, rappelant que le plan Royal vise à transformer la façade atlantique africaine en un espace de prospérité collective, en donnant aux pays sahéliens enclavés un accès à l'économie mondiale via les ports de Dakhla, Tanger Med et Casablanca.

"Contrairement aux alliances conjoncturelles ou à visée géopolitique, cette initiative promeut une coopération mutuellement bénéfique où chaque acteur trouve un intérêt concret, sans hiérarchie ni domination", poursuit notre interlocuteur. Selon lui, cette entente cordiale a vocation de stabiliser la région, minée par des années d'instabilité chronique et la succession infinie des mutineries.

Cette symbiose n'est pas fortuite. C'est le fruit d'une politique mûrement réfléchie et, surtout, d'une perception pragmatique de la mutation de l'Afrique. Le Royaume a pertinemment compris que les pays du Sahel cherchent des alliés, des partenaires et non des tuteurs. Après avoir chassé les Français et tourné résolument la page des tutelles étrangères, les trois pays aspirent plus que jamais à être traités en pays souverains.

Ils ont également apprécié l'attitude du Royaume, qui s'est tenu à l'écart des postures moralisatrices après les changements de régime, par respect à leur souveraineté. Le Maroc, à l'inverse de l'Europe et des pays encore prisonniers d'une vision archaïque de l'Afrique, a su parler aux Etats sahéliens et reconnaître leur soif d'être traités d'égal à égal. Le contraire de ce que fait l'Algérie, qui s'est fait éjecter de la région justement parce qu'elle se comportait comme en territoire conquis. Les généraux à Alger ont de tout temps cru que c'était leur "back yard", un jugement qui leur a finalement coûté cher.

Ça n'a rien à voir avec l'Algérie !

Pourtant, certains analystes étrangers ne peuvent s'empêcher de faire un lien avec l'Algérie, contre laquelle serait dirigée cette alliance en pleine gestation. La tentation est si forte ! Dès qu'il s'agit du Sahel, on ne peut, hélas, plus raisonner au-delà de la rivalité maroco-algérienne comme si ce rapprochement n'a d'autre dessein que d'isoler l'Algérie. Alors qu'elle l'est déjà.

Le régime algérien s'est isolé lui-même en se fâchant bêtement avec les trois pays avec qui le contact est rompu depuis le rappel des ambassadeurs suite à l'incident du drone malien abattu, en avril dernier, par l'Armée algérienne près de la frontière.

Ce ne fut que la goutte qui a débordé le vase pour Bamako qui se plaignait depuis longtemps de l'ingérence de l'Algérie, accusée de complicité avec les séparatistes touaregs. Par solidarité, Niamey et Ouagadougou ont coupé les liens. Alger erre dans son propre voisinage.

Les Algériens subissent donc le même sort que les Français qui, chose étrange, se sont vus reprocher la même attitude "paternaliste" que les pays africains révulsent plus que jamais. Le régime algérien considérait le Sahel comme une chasse gardée. C'est pour cela qu'il s'est fait chasser. Le Maroc n'y est pour rien.

"Le Maroc n'a pas conçu l'initiative atlantique dans le but d'isoler l'Algérie au Sahel", tranche Abdesslam Saâd Jaldi. "Le problème d'Alger réside dans le fait qu'il ne dispose pas des moyens nécessaires pour concrétiser ses ambitions économiques au Sahel et en Afrique subsaharienne", souligne l'expert, qui pense que les principaux projets africains portés par Alger, notamment les zones franches et le gazoduc avec le Nigeria, manquent de vision stratégique.

Une coquille vide !

La stratégie algérienne a échoué parce qu'elle n'avait d'autre but que de contrecarrer le Maroc. Selon M. Jaldi, l'Algérie n'a pas les moyens de ses ambitions. Son gazoduc transsaharien est freiné par des faiblesses structurelles puisqu'il vise principalement à approvisionner l'Europe, alors que le gazoduc Maroc-Nigeria ambitionne d'intégrer tous les pays d'Afrique de l'Ouest.

Aussi, poursuit M. Jaldi, l'économie algérienne est si centralisée qu'elle rend quasiment impossible l'implantation des entrepreneurs algériens hors de leur territoire. "D'autre part, les entreprises algériennes qui souhaitent s'implanter à l'étranger doivent d'abord obtenir l'accord de la Banque d'Algérie, détentrice exclusive des devises entrant dans le pays. Or, cet assentiment est rarement accordé, la Banque centrale n'autorisant les sorties de devises que pour financer des importations jugées indispensables", poursuit notre interlocuteur.

Le Maroc joue pleinement la carte de son soft power, d'autant plus qu'il reste un investisseur majeur dans les trois pays du Sahel dans les secteurs de la banque, la télécommunication, le BTP, les engrais, l'agroalimentaire et l'énergie. Avec 800 millions de dollars, le Royaume demeure le premier investisseur africain en Afrique subsaharienne, notamment à l'Ouest. Résultat d'une diplomatie économique déployée discrètement depuis plus de 25 ans.
Trois questions à Abdesslam Saâd Jaldi : "Les liens des pays du Sahel avec le Maroc ne sont ni nouveaux ni circonstanciels"
* Quels sont les principaux facteurs qui ont contribué à ce rapprochement entre le Maroc et ses partenaires du Sahel ?
Si les économies sahéliennes subissent aujourd'hui d'importantes pressions conjoncturelles, à l'instar de la dégradation des relations algéro-sahéliennes ou de l'ambiguïté des rapports entre la CEDEAO et l'AES, ces dynamiques ne doivent pas faire oublier qu'il y a des liens structurels profonds entre le Maroc et les pays du Sahel. Ces relations ne sont ni nouvelles ni circonstancielles : elles s'inscrivent dans une longue Histoire. Il y a trois dimensions à retenir. D'abord, la présence ancienne et toujours active de communautés marocaines dans plusieurs pays sahéliens. Ensuite, la connectivité aérienne croissante entre le Maroc et l'Afrique de l'Ouest, notamment grâce à la Royal Air Maroc, traduit une volonté d'ancrage dans cette région. Enfin, il y a les réseaux religieux, notamment ceux issus du soufisme et de la tradition malékite, largement diffusés au Sahel à partir du Maroc, continuent d'exercer une influence significative. N'oublions pas aussi que le Maroc reste le premier investisseur africain en Afrique de l'Ouest et le deuxième à l'échelle continentale. Cette présence économique qui a pour acteurs les agences d'investissement, la Fondation Mohammed VI et les opérateurs logistiques publics, s'appuie sur une vision économique cohérente et proactive, qui dépasse les simples intérêts commerciaux pour intégrer des enjeux de sécurité et de co-développement.

* Quelles seraient les implications de ce rapprochement dans la région ?

L'Initiative atlantique marocaine constitue une dynamique porteuse de transformations profondes pour la région, en ouvrant la voie à l'intégration économique. Elle se manifeste notamment par une volonté de stabilisation de la région sahélienne, aujourd'hui déstabilisée par des insurrections djihadistes qui redéfinissent les équilibres géopolitiques.

* La crise des relations algéro-nigériennes risque-t-elle de compromettre le projet du gazoduc transsaharien ?

Le Niger n'a pas renoncé au projet du gazoduc transsaharien. Si le Maroc s'est engagé dans une politique sahélienne pragmatique et multiforme, les relations entre le Niger et l'Algérie, tout comme celles entre l'Algérie et le Mali, restent marquées par une alternance de convergence stratégique et de méfiance réciproque. Cette dynamique se reflète dans les relations bilatérales entre Alger et Niamey, qui, malgré des tensions, ont connu un renforcement notable en 2025, notamment dans le domaine des hydrocarbures. Parmi les projets structurants, figure la construction d'une raffinerie et d'un complexe pétrochimique à Dosso, impliquant directement la Sonatrach. L'entreprise algérienne a également élargi ses investissements dans le champ pétrolier de Kafra, avec pour objectif de stimuler la production nationale nigérienne et de favoriser la diversification économique. Toutefois, cette coopération économique soutenue n'efface pas les tensions récurrentes, en particulier autour des expulsions d'exilés subsahariens depuis l'Algérie vers Assamaka.
Algérie : La descente aux enfers
Imbue de sa puissance imaginaire, l'Algérie a toujours considéré le Sahel comme une zone d'influence. Elle s'est auto-proclamée gendarme de la région et s'est attribué un droit de regard sur les conflits internes. Une prétention qui a vite tourné au fiasco, surtout au Mali où le nouveau régime d'Assimi Goïta a coupé les liens avec Alger. Les tensions ont surgi dès 2021 lorsque Bamako s'est lassé du double jeu des Algériens qui soutiennent les indépendantistes touaregs, ce qui leur fait perdre toute crédibilité en tant que médiateur entre le régime et les rebelles. Cela a valu aux Algériens d'être éjectés de l'accord de 2015 dont ils étaient, au départ, les garants. C'était une première claque pour le président Tebboune, qui s'enorgueillissait d'être le garant de la paix au Mali. "Aucune solution n'est envisageable sans nous au Mali", disait-il à ses médias à l'époque. Accusée d'ingérence et de soutien au séparatisme, l'Algérie a reçu un second revers quand la Russie, son allié traditionnel, déployait des milices Wagner au Mali. Alger assistait impuissant au fait accompli, en se contentant de maugréer de temps à autre. Le coup de grâce est tombé en avril 2024. L'Armée algérienne abat, le 1er avril, un «drone de reconnaissance armé» à proximité de Tin Zaouatine. Le Mali réagit sévèrement en dénonçant un acte d'agression, puisque, selon sa version des faits, le drone a été abattu dans son espace aérien. Le divorce est consommé. Le Mali et ses alliés ont retiré leurs ambassadeurs d'Alger. Acculé, le régime algérien réagit par réciprocité. C'est l'isolement.


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