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Autocars de fortune : Voyage sur une route meurtrière
Publié dans La Gazette du Maroc le 17 - 10 - 2008

De Casablanca à Béni Mellal, le voyage s'est terminé à Khouribga. Un journaliste et un photographe ont fait ce trajet aller-retour, jeudi 9 octobre. Le lendemain, un accident mortel s'est produit, faisant 5 morts sur un tronçon des plus dangereux de la route nationale n° 11
Le Maroc dispose d'un réseau routier d'environ 65.000 km. Mais le choix a été porté sur ce tronçon dit meurtrier, à quelque 100 km de Casablanca. Evidemment, il fallait commencer par le commencement. De la gare routière Ouled Ziane, il fallait passer par les guichets malgré les appels incessants des rabatteurs devant le portail de sortie des autocars. C'est difficile, quand on n'est pas un habitué des lieux. D'ailleurs, tout va à la va-vite. Les guichetiers se précipitent, les rabatteurs vous arrachent, les moteurs ronronnent, les voyageurs s'activent de peur de rater un autocar qui ne peut «décoller» sans feuille de route.
«Décoller», car la devise essentielle pour nombre de chauffeurs de cette catégorie de transport en commun, est d'effectuer le plus de rotations possibles en défonçant les portes des plages horaires. Ce n'est pas seulement pour faire plaisir à son employeur, mais surtout à sa propre bourse. Que dire de cette devise-enseigne d'un transporteur qui affiche sur les ailes de son engin «Transport de la flèche rapide» (Nakl Arromh Assariâ) ? Et au cas où quelqu'un ne comprendrait pas, un arc transpercé d'une flèche, est dessiné sur la carrosserie.
Défauts de conceptions
L'autocar quitte la gare routière à 11H 43mn au milieu d'un brouhaha interminable. Les engins chargés de voyageurs se mêlaient aux petites Honda et poussettes, chacun dans une direction différente pour se frayer un chemin vers la sortie. Et c'est à cet endroit que l'on comprend pourquoi les rabatteurs proposent des tickets à deux mètres des guichets. Hommes et femmes avec enfants sur le dos attendent et font appel aux chauffeurs, près de la sortie de la gare. L'explication est donnée par un professionnel du milieu : ce qui est comptabilisé est le nombre des voyageurs inscrit sur la feuille de route. Les places vides et «remplies» en dehors de la gare sont pour les bourses du chauffeur et de son graisseur. Le chauffeur s'arrête encore sur la rocade, vers le raccordement avec l'autoroute d'El Jadida. Un autre arrêt devant l'ISCAE où la chaussée est des plus défectueuses, surtout à hauteur de Sidi Massaoud. On quitte l'autoroute sans traverser Berrechid. On comprendra au retour, que ce chauffeur n'avait pas besoin d'effectuer ce trajet, parce que l'autocar était plein, davantage lorsque sur la nationale 11, il roulera à 130 km/h, alors que la vitesse est limitée à 80 km/h. De plus, les sièges étaient étroits et crasseux, les odeurs nauséabondes avec primeur aux œufs durs. Heureusement que personne n'osait fumer.
Mais comment ces engins peuvent-ils rouler ainsi ? D'abord, le nombre de rotations compte pour le chauffeur qui cherche toujours à faire plaisir au patron, ensuite, le réflexe de remplir les places vides avant le concurrent, car l'argent va dans sa poche. Il faut dire que pour ce genre de trajet, le chauffeur est payé 4.000 DH et le graisseur 1.500 DH/mois. Quant à la capacité de dépasser les 120 km/h, le machiniste rajoute tout simplement cinq litres d'essence en moyenne pour un plein de 200 litres de gasoil. Les engins deviennent des fusées. Pour les transporteurs de marchandises, cette astuce est autorisée par les patrons qui gagnent en temps beaucoup plus qu'ils ne perdent en réparation de certaines pièces du moteur. L'autocar prend sa vitesse de croisière et libre cours est donné aux discussions. La société de transport recevait toutes les louanges, la crise financière mondiale était débattue avec pour chef d'orchestre une vieille institutrice, la peste qui a frappé le bétail n'a pas été omise et toutes les recettes pour faire cuire la viande d'une bête contaminée, ont été étalées. Le capitalisme a trouvé une tombe dans la bouche d'une poignée de voyageurs à l'approche de la commune de N'Khaïla où la présence des gendarmes a obligé le chauffeur à réduire la vitesse. A partir de là, l'autocar roulait convenablement pour déposer occasionnellement des passagers à l'entrée de la ville : moins d'une heure et demie de route pour atteindre Khouribga.
Fusées pour route de campagne
Arrivés à la gare routière de la capitale des phosphates, l'équipement et l'infrastructure faisaient visiblement défaut. Des flaques d'eau remplissaient les allées du parking réservé aux autocars. Dès qu'un correspondant de presse a su que nous dégustions les goûts amers du secteur, il a attiré notre attention sur les charrettes qui assurent les déplacements de la population à l'intérieur de la ville moyennant deux à trois dirhams selon le trajet. Les tracteurs, eux, assurent les liaisons entre les douars, tirant des chariots et conduits par des novices qui reconnaissent à peine un panneau de stop.
Un accident survenu le lendemain, vendredi 10 octobre, a coûté la vie à cinq personnes à huit kilomètres de Khouribga. Ce même tronçon a fait beaucoup de victimes à hauteur de Ouled Azouz, à cause des virages et des barrages dressés la nuit par des pirates qui jettent pierres et troncs d'arbres pour couper la route aux usagers et les dépouiller une fois morts. Le retour, dans un semblant d'autocar en provenance de Béni Mellal, s'est soldé par une traversée de Berrechid où des dizaines d'arrêts ont été observés pour charger et décharger des passagers. Les meilleurs arrêts ont été ceux qui sont aux alentours de Sidi Massaoud et Marjane. L'autocar s'est transformé en petit taxi  : il prenait des gens en partance vers Ain Chock, Bournazel, la gare routière…C'est à ce niveau que les arrêts deviennent dangereux (cf. notre page cliché). Les voyageurs descendent et traversent les voies de la rocade pour reprendre d'autres moyens de transport circulant en sens inverse, au milieu d'autres véhicules roulant à un minimum de 80 km/h.
Chauffeurs ou chauffards ? Qui sont-ils ?
Pour des sociétés de transport qui «tiennent la route» avec un personnel et un matériel adéquats, les chauffeurs peuvent percevoir jusqu'à 15.000 DH/mois. Ils bénéficient de plusieurs avantages : frais d'hébergement sur les longues distances internationales, C.N.S.S. et mutuelle. Pour les longues distances nationales, le salaire atteint 9.000 DH avec les mêmes avantages sociaux. Pour d'autres sociétés, nous confie Abdeslam, 38 ans, tout dépend des distances. Les salaires mensuels varient entre 3.000 et 5.000 DH. Lorsqu'un chauffeur doit passer la nuit dans une autre ville, le propriétaire des autocars met à la disposition de son personnel un appartement modestement meublé pour y passer la nuit et donner le relais à une autre équipe.
Ce même chauffeur nous confie que les fins de mois sont arrondies avec les passagers pris sur la route, en dehors du nombre qui figure sur la feuille de route dressée par les contrôleurs des bureaux aux gares routières.


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