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“Le Maroc, parmi les pays qui souffriront le plus”
Publié dans La Gazette du Maroc le 27 - 01 - 2003

Francis Perrin, directeur de la rédaction de la revue Pétroles et Gaz arabes
Bush Jr est déterminé à avoir sa guerre du Golfe à l'instar de son père. Les raisons de cette catastrophe annoncée, ses retombées sur l'économie mondiale en général et sur le Maroc en particulier, sont au centre de l'entretien que nous a accordé Francis Perrin, directeur de la rédaction de la revue Pétroles et Gaz arabes. Pour cet expert et consultant en matières énérgétiques et minières, les motivations du locataire de la Maison Blanche vont au-delà du pétrole. Elles sont d'ordre politique et stratégique.
La Gazette du Maroc : tout le monde est convaincu que Gorge W. Bush à l'instar de son géniteur, veut et tient à sa guerre du Golfe. Quelles sont les véritables raisons qui se cachent derrière cette volonté d'en finir avec Saddam Hussein.?
Francis Perrin : pour beaucoup d'observateurs, le véritable motif de l'administration Bush est le pétrole. Personnellement, je n'en suis pas convaincu. Je vois plus le pétrole dans cette affaire comme un enjeu majeur de l'après-conflit mais pas comme la cause principale du probable conflit. Les motivations américaines sont surtout d'ordre politique et stratégique plus que strictement pétrolières et économiques. A la volonté de George W. Bush de "finir" la guerre du Golfe de 1991 face à un régime considéré à Washington comme le plus menaçant pour les intérêts et les alliés des Etats-Unis dans la région du Golfe, viennent s'ajouter les conséquences de l'après 11 septembre et du tournant que les attentats de New York et de Washington ont constitué dans la politique américaine. Même si le reste du monde n'a pas la même perception de la menace que représenterait l'Irak, l'administration Bush estime qu'il est possible à l'avenir qu'Al Qaïda obtienne des armes de destruction massive - et s'en serve - de la part d'un Etat qui disposerait de telles armes et ne veut pas prendre le risque qu'un tel scénario se produise.
Quelles seront les conséquences de cette guerre sur l'économie mondiale en général et les économies des pays pauvres en particulier, le cas du Maroc à titre d'illustration. La facture énergétique prend déjà un sacré coup avec la flambée des prix du baril. Pouvez-vous nous faire un petit rappel sur les conséquences des précédentes guerres du Golfe ?
Les conséquences économiques d'une possible nouvelle guerre du Golfe dépendent des scenarii retenus quant au déroulement de ce conflit: sa durée, l'ampleur des destructions, l'impact sur les installations pétrolières en Irak et dans la région, la réaction des marchés pétroliers, etc. Il y a en fait énormément de variables à prendre en compte et le degré d'incertitude est très élevé, comme toujours lorsqu'une action militaire est envisagée. Ce qui est clair, c'est qu'un éventuel conflit aurait des effets négatifs sur la croissance économique mondiale, à un moment où celle-ci n'est pas très vigoureuse, sur les investissements et la consommation dans le monde, car les investisseurs et les consommateurs seront très attentistes pendant un certain temps, et sur les prix du pétrole qui feraient un bond important, surtout au début du conflit et ensuite en cas de "dérapages" (destruction d'installations pétrolières, par exemple). Or, déjà aujourd'hui, les prix du pétrole dépassent 30 dollars le baril. Certains experts envisagent des prix de 60 $ ou de 80 $ par baril en fonction de scenarii plus ou moins "optimistes" ou "pessimistes".
Tous les pays importateurs de pétrole, qui subissent déjà la hausse des prix due à la crise au Venezuela et aux anticipations d'un futur conflit dans le Golfe, vont prendre de plein fouet cette très probable augmentation des prix. Celle-ci sera d'autant plus difficile à digérer que le pic en matière de prix sera maintenu plus longtemps: un prix de, par exemple, 40$/b n'a pas les mêmes conséquences économiques et sociales s'il demeure à ce niveau pendant deux semaines ou pendant six mois. Le Maroc figurera malheureusement parmi les pays qui souffriront le plus de cette situation car il importe la quasi-totalité de son pétrole et de son énergie. Or le prix du pétrole est un prix directeur, ce qui signifie que les prix de certaines autres énergies sont plus ou moins liés aux évolutions du prix du pétrole. Au cours des dernières années, la production d'énergie au Maroc n'a représenté que 3 à 4% des besoins du pays, ce qui constitue un degré de dépendance énergétique énorme vis-à-vis de l'étranger et, donc, vis-à-vis des fluctuations du prix du pétrole.
Ce n'est un secret pour personne que les Américains ne portent pas dans leur cœur le prince héritier saoudien l'Emir Abdallah,par conséquent peut-on dire que le royaume saoudien est dans l'oeil du Texan après l'Irak. En d'autres termes et sous divers prétextes,les Etats-Unis sont-ils en train de réactiver la politique coloniale de leurs ancêtres?
Il est clair que les relations entre les Etats-Unis et l'Arabie saoudite se sont sérieusement refroidies depuis le 11 septembre 2001 mais cela ne signifie pas que Washington entende régler ses problèmes de la même façon que vis-à-vis de l'Irak. Les responsables américains vont cependant, même s'ils ne le reconnaissent pas publiquement, accroître leurs pressions sur leurs homologues saoudiens pour que ceux-ci prennent des mesures qui aillent dans le sens des priorités américaines de l'après 11 septembre.
Lors de la première guerre du Golfe, une alliance internationale s 'était rangée du côté des Américains croyant pouvoir obtenir une part du gâteau, mais elle n'a ramassé que des miettes. Aujourd'hui, l'Europe donne l'impression d'être divisée, les Arabes aussi. La Turquie demande carrément sa part du pétrole irakien, les Russes jouent le double jeu.Comment voyez-vous la chose?
L'Europe est effectivement divisée sur la question irakienne, en particulier du fait de la position britannique, mais la majeure partie des gouvernements des pays membres de l'Union européenne ne veut pas la guerre. Cela ne signifie cependant pas que certains de ces gouvernements refuseront leur concours aux Etats-Unis sous des formes diverses et parfois discrètes s'ils sont persuadés que les Américains sont décidés à faire la guerre à l'Irak seuls, ils ont les moyens militaires de le faire. Certains pays européens, y compris la France, ne veulent pas laisser Washington gérer seul l'après-Saddam Hussein mais cela suppose ne pas être totalement absent de la phase militaire de l'opération.
Le monde arabe est également divisé mais les Etats arabes redoutent les conséquences d'une guerre sur l'équilibre régional et sur la stabilité de certains d'entre eux. Là encore, ils ne s'opposeront pas frontalement à Washington qui reste le garant de la sécurité de plusieurs pays de la région du Golfe mais multiplient les initiatives pour tenter de donner satisfaction aux Etats-Unis tout en évitant la guerre. Cela suppose le départ volontaire ou involontaire de Saddam Hussein, un objectif qui ne sera pas facile à atteindre. De son côté, la Turquie négocie très fermement avec les Américains qui sont conscients qu'ils devront offrir d'importantes compensations politiques et financières s'ils veulent obtenir un engagement fort de ce pays.
La Russie garde deux fers au feu. La signature récente de nouveaux contrats pétroliers avec Bagdad montre que la diplomatie russe fait le forcing pour défendre ses intérêts économiques et industriels dans la région mais Moscou n'est cependant pas prêt à sacrifier sa relation stratégique avec Washington. Les responsables américains ont déjà fait passer le message qu'un futur gouvernement irakien, soucieux de réintégrer la communauté internationale, prendrait en compte les intérêts de la Russie.
Quelles seraient les conséquences politiques sur les régimes arabes
Beaucoup de choses dépendront, si guerre il y a, de la façon dont celle-ci sera conduite par les militaires américains, de la durée du conflit, de la capacité de résistance des forces irakiennes et de la stratégie décidée par le chef de l'Etat irakien. Si les opérations militaires débouchent rapidement sur une victoire américaine sans trop de pertes civiles, les régimes arabes devraient réussir à gérer cette épreuve délicate. Par contre, si l'on retient des scenarii dans lesquels la guerre durerait plusieurs mois, les forces américaines se heurtant à une opposition déterminée et des pertes civiles très importantes, les critiques d'une partie des médias et de l'opinion arabes contre des gouvernements incapables de peser sur les événements et de manifester concrètement leur solidarité envers le peuple irakien, seraient très fortes. Mon opinion est que les régimes arabes survivraient à cette crise mais que la légitimité de certains d'entre eux en ressortirait encore plus affaiblie, ce qui posera de sérieux problèmes à moyen terme.
Comment expliquez-vous "la tiédeur américaine" face à la Corée du nord et le chèque en blanc accordé à Israël?.
Alors que la Corée du nord représente un grand danger en matière de prolifération des armes nucléaires, l'administration Bush continue effectivement de privilégier des solutions diplomatiques tout en agitant le bâton des sanctions économiques. Les responsables américains considèrent qu'à ce stade il n'y a pas de solution militaire car la Corée du nord a la capacité militaire d'infliger de très lourdes pertes à la Corée du Sud voisine, voire au Japon. Les Américains soulignent souvent que, si le président Bush a classé trois pays dans l'"axe du mal", cela ne signifie pas que les solutions soient les mêmes dans chacun de ces cas. Les relations entre les Etats-Unis et Israël sur les plans politique, stratégique et militaire sont très fortes et très étroites depuis des dizaines d'années et ce, quelle que soit l'administration qui occupe la Maison Blanche. De plus, au sein de l'administration Bush, ceux que la presse surnomme souvent les faucons - le vice-président Dick Cheney, le secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld, le numéro deux du Pentagone, Paul Wolfowitz et la conseillère pour les affaires de sécurité nationale, Condoleeza Rice - sont très proches d'Israël qu'ils considèrent comme la seule démocratie dans la région et le meilleur protecteur des intérêts américains et occidentaux. Le président Bush et son secrétaire d'Etat, Colin Powell, ont par ailleurs été très déçus par Yasser Arafat. Tout ceci fait que les responsables américains ont abandonné pour l'instant toute tentative sérieuse de faire pression sur Israël en vue de progresser vers l'objectif de la création à terme d'un Etat palestinien, objectif pourtant évoqué par George W. Bush lui-même à la tribune des Nations Unies.


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