Comme il fallait s'y attendre, la fin de la campagne électorale a pris fin sans pour autant marquer l'opinion publique, c'est presque un remake de la précédente campagne de 2004. Les autres candidats ont été unanimes pour dénoncer le bilan négatif de la décennie du président sortant, et néanmoins, candidat à sa propre succession. Des cinq candidats en course pour El Mouradia, on retiendra la hargne du président du F.N.A Moussa Touati, qui a tiré à boulets rouges sur le système, qui, dit-il «a échoué à faire de l'Algérie un Etat prospère malgré ses richesses» en se référant aux réalisations et progrès réalisés par les pays voisins qui ne disposent pourtant pas des mêmes richesses que l'Algérie. Il citera le projet Tanger-Med et le T.G.V entrepris par le Maroc. L'autre candidat Dahid Younsi, a tout simplement lancé un défi à Bouteflika, l'invitant à un face à face télévisé. Cependant, les critiques les plus acerbes sont venues du camp du boycott prôné par les deux leaders de la Kabylie. Le président du R.C.D et le premier secrétaire du F.F.S ont réussi à mobiliser toute la vallée de la Soummam, fief historique de la révolution algérienne. On connaissait depuis longtemps la position du parti d'Aït Ahmed, qui refuse tout compromis avec le pouvoir en place depuis l'indépendance. Le leader charismatique des forces socialistes reste fidèle à son principe «ni Etat policier ni Etat intégriste». Il qualifie l'un de «peste» l'autre de «choléra». Toutefois, c'est le R.C.D de Saïd Sadi qui vient de ravir la vedette à tous les autres acteurs de la scène politique. Le Dr Sadi ose s'attaquer au régime en lui lançant un grave défi. Afin de dénoncer cette «grande supercherie», le rassemblement pour la culture et la démocratie a décidé de hisser un étendard noir au niveau de ses représentations en signe de deuil et de répliquer à la campagne de dénigrement par une lettre ouverte au chef de l'Etat. Le leader du R.C.D estime qu'il ne faut pas répondre à la quincaillerie politique du pouvoir et s'adresse directement à Bouteflika en lui disant ouvertement «celui qui a endeuillé l'Algérie, ce n'est pas le R.C.D. c'est plutôt vous Mr Bouteflika et vos partisans» en ajoutant que «le R.C.D n'est pas une institution administrative, mais un parti politique et nous ne sommes pas obligés de hisser le drapeau national sur le fronton de notre siège» pour répliquer à ses détracteurs du courant nationaliste. Il ira plus loin en haussant le ton en déclarant «qu'un président de la république jouit d'une légitimité électorale, alors qu'un chef de l'Etat n'est que l'auteur de la confiscation physique de l'Etat» et c'est en cette qualité qu'il s'adresse à Bouteflika qu'il interpelle sur un ton plutôt orageux «vous avez grevé le budget de l'Etat dans une campagne hystérique qui relève du viol de la cité algérienne, vous avez confisqué les médias …». Selon Saïd Sadi, le candidat Bouteflika aurait dépensait 869 milliards de centimes au 11ème jour de sa campagne et ce, uniquement pour ses déplacements et affiches. Parlant toujours de la campagne, le chef de file du R.C.D s'en prend au Premier ministre Ouyahya. Ce dernier a qualifié les partisans de boycott de traîtres. Dans sa contre-attaque, Saïd Sadi lance une dernière estocade à l'U.G.T.A, le syndicat unique qui s'implique dans la politique, au lieu de défendre les droits des travailleurs. Rappelons que ce syndicat qui a toujours soutenu les candidats du pouvoir, a fait aujourd'hui face à de sérieux rivaux (SNAPAP ET CNAPEST) syndicats indépendants. Si le vote du 9 avril est sans surprise, il y a par contre une réelle volonté des principaux acteurs politiques de poursuivre le combat pour l'instauration d'un Etat de droit et surtout de la levée de l'état d'urgence instauré au lendemain de la victoire du F.I.S aux premières législatives sous le multipartisme. Les dernières mobilisations en Kabylie annoncent des lendemains difficiles et Bouteflika est loin d'ignorer ce que représente cette terre amazigh. L'Algérie ne peut se permettre un autre printemps noir, après le 9 avril, le pouvoir ne peut ignorer cette nouvelle donne politique, le 3ème mandat de Bouteflika sera celui de la transition ou de la rupture tout court. ■